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Victime de la porn: 36 questions pour tomber en amour
Crédit: Catherine Normandeau

Tant qu’à tester une méthode scientifique pour que deux personnes tombent en amour, aussi bien l’essayer avec une bombe hors de sa ligue, right?

***

Pour ma 250e chronique, j’avais envie de faire différent. L’idée m’est venue d’une chronique dans le NY Times où une fille racontait une expérience géniale. Une date concept basée sur une étude scientifique permettant de créer de l’intimité entre deux étrangers en 36 questions. Trois blocs rapides de 12 questions où ça devient de plus en plus intime. Tu trouves les questions intenses? Ce n’est rien comparé à la fin où il faut se regarder dans les yeux pour quatre minutes!

QUATRE!

Pour un gars timide comme moi, c’est particulièrement intimidant (et crissement awkward), mais comme je me plains toujours que le dating traditionnel est superficiel et fake, il fallait bien que je me greye d’un scrotum.

Tout ce qu’il me fallait pour tester tout ça, c’est une belle candidate inconnue. Étant zéro player et détestant l’hiver, l’idée d’aller cat-caller à -20° ne me plaisait pas pantoute. J’ai donc opté pour l’appel à tous via ma page Facebook.

Surpris par le nombre de candidatures tripantes, je finis par jeter mon dévolu sur une babe canon qui est non seulement hawt, mais qui a aussi l’air brillante. Après tout, si on est pour tomber en amour, aussi bien m’agrémenter la vie! On se donne rendez-vous dans un petit café tranquille. On aurait pu opter pour un bar avec de l’alcool, mais créer de l’intimité avec de l’alcool, c’est un peu de la triche. Et la triche, c’est pour les moumounes!

J’arrive au café et elle est encore plus belle que je pensais. C’est juste ridicule. Je me trouve drôle parce que si le questionnaire fonctionne pour vrai, je risque de me sentir semi-imposteur. Elle prend un latté alors qu’elle est lactose-intolérante, je prends un latté alors que je ne supporte pas la caféine. On a déjà notre premier point en commun : on fait des achats stupides.

On jase un peu et assez tôt, elle me demande si elle est la seule fille avec qui j’expérimente cette formule. C’est fou comme TOUTES les filles sont identiques dans leur désir d’être uniques! Mais ouais, c’est la seule. Je n’ai pas envie de tomber en amour avec 14 personnes.

Après un minimum de chit chat, on se lance enfin pour les 36 fameuses questions. C’est cool parce que le NY Times a développé une petite app exprès. Il suffit de charger l’adresse nytimes.com/36q sur son mobile ou sa tablette et ça part tout seul.

La première question demande avec qui on rêverait d’aller diner. Rien de compromettant, mais comme on ne se connaît pas du tout, tout semble déterminant. Comme moi, je réponds Dana White, alors j’ai l’impression de projeter l’image d’un total douchebag. Elle, elle répond un jeune acteur Hollywoodien que je ne connais pas, mais dont je devine avoir pas mal plus d’abdos que moi.

Hey, on est là pour être honnêtes, right?

On enchaine les questions et ça se passe plutôt bien. Ça reste difficile de savoir à quel point l’autre est authentique dans ses réponses et met son cœur sur la table. En même temps, c’est un peu ça le concept : tu mises ce que t’es prêt à mettre sur la table.

D’ailleurs, il est bon de savoir que chaque bloc de 12 questions est limité dans le temps. Après 15 minutes, l’app flushe les questions non-répondues et passe au bloc suivant. Avec deux grandes gueules comme nous autres, on a busté les trois fois!

Même si les questions ont clairement comme agenda de mettre l’accent sur ce qui nous unit, ça ne prend pas une grande équipe d’experts pour réaliser que nos personnalités sont assez différentes. En fait, elles contrastent de façon spectaculaire!

Elle tripe fort sur la mode, j’ai une totale absence de look. Elle est très consciente d’être belle, je suis très conscient d’être moyen. Je suis un grand romantique, elle est une fière Tinderaholic. Je suis sensible et vulnérable et elle, c’est un… tank. Bon, c’est le tank le plus cute que t’auras jamais vu, et ce n’est pas que j’aie envie de quelqu’un qui me ressemble, mais plus ça avance, plus je me demande ce que je peux bien apporter à un tank.

Mais bon, j’essaie de ne pas trop me laisser distraire par mes insécurités parce qu’après tout, je passe un bon moment. J’apprends à connaître quelqu’un vraiment rapidement, et l’idée de créer un réel contact humain, j’adore ça. Quelque chose de vrai et authentique. J’aime aussi qu’on semble tous les deux patauger en dehors de nos patterns habituels. Je ne pense pas qu’on ne serait tombé dessus autrement qu’avec cette petite formule louche.

Il reste que quand elle me raconte qu’elle fantasme fort à l'idée d'un trip à trois avec deux gars, j’ai encore ce feeling d’être inadéquat. Et quand elle me confie être polygame, mon cerveau a beau essayer d’apprécier l'effort de sincérité, mon cœur a son quota.

Pas que je juge la polygamie. Si j’étais une jeune babe on top of the world qui peut se pogner à peu près n’importe qui n’importe quand, je serais sûrement polygame moi avec. C’est juste incompatible avec moi. Je ne suis juste pas fait pour ça. Alors même si j’apprécie la douce ironie d’être une fois de plus victime de la porn, j’ai un peu le cœur qui baboune.Finalement, j’avais beau faire le smatte en début de rencontre, c’est moi la princesse qui a besoin de se sentir unique! 

Mais je n’y peux rien. Je trip plus The One que couple ouvert.

En fait, je commence à me poser des questions sur toute l’affaire. Est-ce que cette fille-là s’est vraiment pointée avec l’idée d’essayer le grand amour, ou elle avait plutôt envie de jaser avec le chroniqueur de VDLP? Évidemment, un n’empêche pas l’autre, mais la deuxième option semble flasher un peu plus.

Mais bon, ça reste une fille tripante que j’aime apprendre à connaître. Surtout parce que derrière cette façade de femme invincible en mode représentation, j’ai cette impression qu’il y a quelque chose de plus qu’elle ne montre pas. Quelque chose de plus profond derrière ces anecdotes de sexe anal qui tournent mal.

(Ok, cette phrase sonne bizarre.)

Bref, on arrive au redoutable moment où l'on doit se regarder dans les yeux pendant 240 secondes, mais autant ça ne me tente pas, autant je suis curieux de ce que je vais y voir. Et on se lance.

1…
2…
3…
4….

Se scruter les yeux pendant une éternité et demie, c’est une expérience difficile à expliquer. Déjà, au niveau physique, ce n’est pas évident. T’as les yeux qui sèchent ou qui louchent ou les verres de contact qui décollent. J’ai même une paupière qui s’est mise à sauter! 

Mais au-delà de tout ça, ce que j'ai trouvé le plus bizarre, c’est de maintenir le regard avec quelqu’un dans un autre contexte que pré-french. D'ailleurs, par moment, mon cerveau oublie ce contexte, ce qui fait que mes yeux trichent une nanoseconde ou deux vers sa bouche. 

(Et quelle bouche.)

Dans la réalité, il y a une table entre nous, le hockey qui commence sur les écrans géants et l’ambiance du fixage est plus du genre « je te tiens par la barbichette » avec quelques fous rires désynchro. Si c’est à cette étape-là qu’on est censé remarquer un début de love complice, je ne le vois pas. En fait, je la sens plus en mode dare. Genre « Tu veux que je te fixe pour quatre minutes? Je vais te fixer pour quatre minutes! » Mais bon, je ne sais pas. Ma maitrise en lecture de yeux remonte à loin.

À la fin, vu qu’il nous restait un peu de temps, on est revenu sur les questions que l’app nous avait fait sauter. C'était un autre cool moment. On avait encore envie de se connaître un peu plus avant de devoir partir. Ça doit être bon signe, non?

Mais là, je sais ce que tu vas demander : « Pis? Allez-vous vous revoir? »

Eh bien, maintenant que je t'ai tout raconté, ton guess est aussi bon que le mien. Tu me diras ce que t’en penses question que je sache si je dois commencer tout de suite à poster les faireparts.

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