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Monopole : la toute nouvelle buvette gastronomique du Vieux-Montréal
Crédit: Sophie Ginoux

Ils sont jeunes, ils sont amoureux et ils viennent de concrétiser leur rêve : ouvrir leur établissement. Gabriel Gallant, que l’on a vu œuvrer comme chef de rang au Toqué!, et comme sommelier au Accords et au Kitchen Gallerie, et sa promise Ngoc-An Trinh (Toqué!), en compagnie de leurs partenaires Daniel Alvarez, François Larose (Café Névé) et d'un investisseur financier, ont travaillé fort pour monter un concept sympathique en plein cœur de la Cité des médias. Café de qualité et assiettes tout aller le jour, buvette à compter de 15 h (et jusqu’à tard) et cuisine plus élaborée le soir.

Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux

Le Monopole n’est pas exubérant. Grands vitrages en avant donnant sur la rue Wellington, intérieur urbain et sobre misant sur le béton, le bois et des touches de fraîcheur apportés par une grande bibliothèque regorgeant de bouteilles, livres et produits, des banquettes recouvertes de tissu fleuri et des petits vases de fleurs sur les tables. C’est simple, sympathique, sans flafla. On peut choisir dans cet espace de 35 places, selon son humeur du moment, de s’asseoir sur une banquette ou à une table ronde, ou bien au bar pour voir évoluer les cuisiniers derrière le comptoir, ou encore de rester debout le long d’une table haute. Il est aussi prévu d’ajouter à cette offre une petite salle privée en arrière, dans laquelle les propriétaires comptent notamment offrir des dégustations lorsqu’ils recevront des viticulteurs.

Gabriel Gallant et Ngoc-An Trinh
Crédit photo Sophie Ginoux

L’objectif de Gabriel Gallant est d’offrir aux amoureux du café une option de qualité le jour, avec des baristas chevronnés et des options pour manger, et d’avoir une formule dès 15h qui permet, au choix, de prendre un verre, de grignoter quelque chose, de prendre un repas complet ou de fêter jusqu’au petit matin. Le terme « buvette » inscrit sur la porte du Monopole n’est pas anodin : « On veut recréer ici l’esprit de la buvette. Un esprit familial, festif dans un lieu accueillant, sans réservation, avec des prix accessibles, que ce soit pour la nourriture ou le vin. »

Effectivement, sur la carte des vins proposés, amenée à atteindre la centaine d’étiquettes, on ne voit essentiellement que des importations privées à prix très doux, y compris pour les grands crus. Et du côté du menu, volontairement court et constitué de petites assiettes, l’approche est la même avec des prix inférieurs à 20 dollars.
 

Crédit photo Sophie Ginoux

Assise au bar avec un petit verre de bulles en main, je regarde le chef Julien Coulombe (Toqué!, Mangiafoco), lui aussi tout jeune et de retour d’un séjour d’un an en Thaïlande. Pour accompagner le concept de café/bar à vins et s’adapter aux contraintes propres à une mini-cuisine ouverte, il a décidé de privilégier la fraîcheur des arrivages quotidiens, ce qui lui permet de changer régulièrement le menu, et de proposer des petites assiettes idéales à partager ou à marier avec un verre de vin.

Justement, alors que nous discutons, il est en train de travailler et de dresser, avec son cuisiner, plusieurs assiettes appétissantes avec des produits de saison : pot d’asperges sur sabayon au citron, guédille de homard réinventée, pâtes du jour avec une bolognaise au porc effiloché, tartare de cerf, saumon mi-cuit minute accompagné de verdure… Ça donne faim!
 

Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux

Je choisis donc pour commencer l’assiette la plus populaire du jour, constituée de pleurotes cultivées dans Hochelaga-Maisonneuve, légèrement poêlées et servies sur une sauce béchamel aux oignons, des petits flocons de poudre de lait frite dans du beurre noisette, ainsi que du lichen de Gaspésie. L’ensemble est surprenant (on se dirait en plein sous-bois!), mais intéressant en bouche, le croquant des pleurotes étant bien balancé avec la douceur de la béchamel et le côté gourmand de la poudre de lait frite. Le lichen, plus neutre, rappelle aussi le goût du champignon.
 

Crédit photo Sophie Ginoux

Toujours avec de bonnes bulles (autant se faire plaisir!), suit avec un verre de vin du foie gras cuit sous-vide, servi sous forme de pavé surmonté de rhubarbe préparée de plusieurs manières (compressée et sucrée, en gel et crue) et quelques petits oignons sûrs. La texture du foie est fondante (un brin trop, peut-être) et bien assaisonnée, et son mariage avec les différents éléments qui l’accompagnent est agréable. Néanmoins, la rhubarbe ayant beaucoup de caractère, elle a tendance à voler la vedette au foie gras, ce qui déséquilibre un peu à mon sens l’harmonie de l’assiette. Toutefois, cet avis est très subjectif, car certains adoreront sans doute ce mariage.
 

Crédit photo Sophie Ginoux

Je poursuis avec la PDJ, qui signifie généralement ailleurs « poisson du jour », mais qu’ici, on intitule plutôt « patate du jour ». C’est amusant! Et lorsqu’on m’annonce qu’aujourd’hui, elle sera mariée à du maquereau de Gaspésie, du cheddar vieilli de la Fromagerie Perron, de la crème sure fouettée, des pickles et une petite salade d’herbes, je ne peux résister. Et je fais bien, car les pommes de terre ratte fondantes, le côté salin du maquereau, le fromage fondu, l’onctuosité de la crème et la fraîcheur apportée par les pickles et les herbes forment un tout diablement cochon! Du vrai bonheur en bouche!
 

Crédit photo Sophie Ginoux

Un bonheur qui se poursuit au dessert (dommage qu’il n’y en ait qu’un à la carte pour l’instant), un financier à l’argousier et au miel de sarrasin, marié avec du gel d’argousier, un crumble d’amandes et un mélange de crème sure et fraiche fouettée. On retrouve bien le côté amandé et fondant du financier rehaussé par le crumble, mais l’argousier dans la préparation et sous forme de gel nous emmène ailleurs, avec une petite touche acidulée et fraîche qui est délicieuse. Un très bon dessert.
 

Crédit photo Sophie Ginoux

J’ai finalement passé une très bonne soirée à ce sympathique Monopole, qui réussit le pari de proposer une formule abordable, mais tout de même travaillée. Essayez-le!
 

Monopole
782, rue Wellington, Montréal
(514) 504-9996
 

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