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Le tandem Beach House, de retour ce week-end: un success-story pas ordinaire

Il n’y a pas à dire, le duo Beach House a fait du chemin depuis que son premier album homonyme a vu le jour en catimini, à l’automne 2006. Lors de son premier passage à Montréal, en novembre de la même année, on n’était pas plus de 20 dans l’antre du Zoobizarre. Gros, gros maximum.

Aux oreilles de l’auteur de ces lignes, le tandem de Baltimore a depuis nettement décliné. Jamais il n’a su égaler la charge émotive et la simplicité efficace de ce premier chapitre, hélas encore méconnu. Beach House n’est apparu sur les radars du plus grand nombre qu’en 2008, à la sortie de l’album Devotion, qui avait reçu la mention «best new music» du puissant site Pitchfork. Mais ni cet album, ni les deux opus subséquents, Teen Dream (2010) et le tout récent Bloom (mai 2012), n’arrivent vraiment à la cheville du fameux premier album.

Victoria Legrand (nièce du compositeur français Michel) et Alex Scally sont manifestement devenus depuis un «working band», forcé de continuer à créer pour assurer leur survie. Eux-mêmes contribuent à faire oublier le meilleur pan de leur carrière en omettant largement le contenu de leur meilleur album en concert…

Cela dit, on ne saurait se plaindre du succès croissant de Beach House. Celui-ci est bien réel: aux États-Unis seulement, Teen Dream s’est écoulé à plus de 100 000 copies. Et Bloom, qui s’est hissé plus haut sur les palmarès (il a atteint la septième position sur le Top-200 du Billboard cet été, et s’est écoulé à 41 000 copies durant sa première semaine de mise en vente) devrait normalement déjà avoir dépassé ce score. On n’a par ailleurs qu’à regarder où le duo se produira ce weekend à guichets fermés, après s’être arrêté à la Sala Rossa la dernière fois…

Avec son croisement de folk-pop funeste à la Nico, d’électro élémentaire et d’arrangements lo-fi, le duo ne ressemble à pas grand-monde et garde une distance avec les tendances indie en vogue. Ses chansons ne suivent pas les structures pop conventionnelles et sont éminemment insaisissables. En entrevue, Legrand et Scally le répètent: pas question pour eux de chanter à propos de quoi que ce soit de précis. Les pièces combinent les thèmes et les émotions de façon abstraite.

Voilà un rare cas où le public s’est rangé du côté de la couleur, de la personnalité et de la force évocatrice plutôt que d’une formule facile. Quoi qu’on pense du cheminement de Beach House, c’est un constat qui fait chaud au cœur.

Beach House
14 octobre | Club Soda
1225, St-Laurent
avec Poor Moon
beachhousebaltimore.com