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TV Junkie: Degrassi, une question d’évolution

Chers mangeux de Nightlife,

Pour inaugurer cette nouvelle chronique hebdomadaire axée sur les émissions de télé, j’ai opté pour Degrassi. Et là, quelques clarifications s’imposent. Car oui, ça peut sembler niaiseux de chatter sur une émission pour ados, mais comprendre la progression de Degrassi demande quasiment une formation en biologie évolutive.

Commençons par le commencement. Les piliers du Degrassi qu’on connaît ont été mis en place dès 1979 avec l’émission pour enfants The Kids of Degrassi Street. Elle a ensuite mené à Degrassi Junior High et à sa continuation Degrassi High, qui a joué de 1987 à 1991.

À cette époque, Degrassi était synonyme de la grossesse surprise de Spike, du chapeau de Joey Jeremiah et des regrets vestimentaires d’une génération qui a abusé du fluo. Si vous êtes fan comme moi, vous avez pu revoir ces classiques sur Vrak.tv à l’époque du 25e anniversaire de la série.

Que de joie dans mon cœur quand je suis tombée là-dessus par hasard, juste assez déchirée pour profiter pleinement de ce bijou kitsch à la surabondance de denim délavé. Rien que pour vos beaux yeux, voici un magnifique montage très compliqué de leur style rayonnant:


Joey, Spike et Caitlin ont joué dans Degrassi tout comme dans sa version moderne.
Si vous ne spottez pas Joey dans The Next Generation, c’est le prof chauve à l’air méchant. 

Après Degrassi a suivi Degrassi: The Next Generation. Culotté, que je me disais à l’époque. Tenter d’égaler une série culte encensée par une telle nostalgie collective ne peut qu’inexorablement mener à la désintégration du magma de l’univers. 

Mais quelques épisodes écoutés en cachette sur une chaîne qui devrait être prohibited over 18 ont eu raison de moi. Après tout, le personnage de Craig Manning dégageait un p’tit quelque chose de cute (sa guitare I guess), et il y avait encore en masse de monde assez ordinaire pour qu’on puisse réellement s’identifier aux personnages. Voir: le couple de rêve Paige AKA Miss Piggy et son reluisant Spinner, photo à l’appui:

Ça, c’est sans compter le fabuleux générique, en français s.v.p, où l’on pouvait entendre toute l’école scander «Si je tiens bon, je sais que je vais réussiiir!».

Y en a même qui ont réussi à avoir une «vraie» carrière après! Genre Drake… D’ailleurs, je l’ai jamais compris celle-là. Passer du dude en chaise roulante au hangout buddy de Rihanna, fallait le faire. 

Mais là, pour ceux qui ont perdu la track quelque part en chemin, on repart à zéro. Degrassi: The Next Generation, c’est du passé! Maintenant, on en est à Re: Degrassi. Degrassi tout court.  Et si je me fie aux blogues d’adolescentes qui vivent par procuration télévisuelle, toute l’équipe de TNG s’est fait mettre dehors et/ou a claqué la porte, et c’est donc dramatique. Il y a même un groupe Facebook "I prefer the Old Cast of Degrassi:The Next Generation to the New Cast". Bon, faut bien avouer qu’il y a des groupes Facebook pour tout aussi.

Voici la promo MuchMusic de la nouvelle version de Degrassi, dont la «saison 11» (en réalité, la saison 2 de ce cast), promue sous l’expression Now or Never (ça promet!), débute ce lundi:

 

Et là mes p’tits moineaux, une question se pose: "Has Degrassi changed too much?", comme qu’ils diraient sur les forums…

D’un côté, le rôle de l’émission reste le même. Que ce soit à l’époque de Spike, de Miss Piggy ou des Yo de la nouvelle cast, on continue de mettre les problèmes des ados en valeur dans des mises en situation… un peu comme les vidéos éducatives du gouvernement canadien, mais avec du budget.  

Et quels problèmes! Des ados trash de même, hey j’te dis… on a eu droit à absolument TOUTES les issues possibles et imaginables. Et si je me fie au dernier trailer, on en est rendu à préméditer des meurtres et à se promener en glittery underwear. Bref, de quoi se faire ligaturer les trompes de Fallope pour ne pas perpétuer le sort de ces jeunes ados drogués et pervertis.

Mais certains éléments du nouveau Degrassi ont créé une vraie coupure avec ses ancêtres. Avant, on traitait les problèmes d’un ou deux personnages par épisode et on avait toujours droit à une morale à la fin, comme un p’tit biscuit chinois pour prépubères.

Maintenant, la trame est constituée à la manière d’un soap opera avec plein de personnages dont on ne se souvient plus le nom. Chaque épisode n’est plus une entité mais une continuité du dernier, et c’est peut-être le plus gros défaut de la nouvelle version, qui perd l’originalité du concept de base en copiant ses voisins Beverly Hills 90210 et Place Melrose. À savoir maintenant si la nouvelle formule saura teaser le TV Junkie en vous…

 
 
 
Degrassi: Now or Never
Dès ce soir sur MuchMusic (Canada) et TeenNick (USA) à raison de 4 épisodes par semaine | degrassi.tv

 

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