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Potiche: le réalisateur François Ozon s’offre une satire kitsch sur fond de révolution sociale et de boules disco

Celui qu’on surnomme l’enfant terrible du cinéma français peut s’enorgueillir d’avoir tourné (et souvent même à plusieurs reprises) avec les plus grandes actrices du cinéma français: Charlotte Rampling, Ludivine Sagnier, Isabelle Huppert et Catherine Deneuve. Hyper prolifique, le jeune (relativement parlant) réalisateur François Ozon tourne sans relâche. Et fait preuve d’une maîtrise des genres carrément déconcertante, passant d’un huis clos bouleversant à un suspense à la Clue avec intermèdes musicaux complètement jouissifs.

Bien que ses films trônent rarement au sommet du box-office, plusieurs sont bien connus auprès de publics particuliers: Swimming Pool chez les Américains; Le Temps qui reste auprès des gais; Sous le sable pour les festivaliers; 8 Femmes pour le grand public. Après Le Refuge, sublime drame intimiste abordant la maternité, qui n’a jamais trouvé de distributeur au Québec, le non moins subversif Ozon revient à la charge avec Potiche, une comédie cinglante qui prend vite des airs de satire politique – une étiquette qu’on n’avait pu lui coller jusqu’à présent.

Inspiré d’un classique du théâtre de boulevard, c’est l’histoire de Suzanne Pujol (une Catherine Deneuve carrément délirante), femme bourgeoise des années 70 sans culture politique, soumise à son mari, qui se voit du jour au lendemain remettre les clés de l’entreprise de parapluies de son mari (Fabrice Luchini). Contre toute attente, Suzanne gère les opérations avec brio, modernise l’entreprise et règle les différends syndicaux avec l’aide de son ex, le député-maire communiste Maurice Babin (Gérard Depardieu). Condition féminine, pantalons à pattes d’éléphant, clins d’oeil aux Parapluies de Cherbourg Potiche est un retour aux comédies ayant marqué la jeunesse du réalisateur. NIGHTLIFE s’est entretenu avec un Ozon plein de mordant en septembre dernier à Toronto dans le cadre du TIFF.

 

Dans Potiche, Deneuve et Depardieu font preuve d’une complicité qui crève l’écran. Vous attendiez-vous à une telle chimie?
Lorsque vous travaillez avec des acteurs, vous ne vous dites pas: «Oh, j’ai deux légendes devant moi.» Non. Vous vous concentrez sur la scène, vous êtes dans le concret. C’est plus tard, en montage, que vous réalisez à quel point «wow, c’est formidable. J’ai Gérard Depardieu et Catherine Deneuve dans le même plan, et ils sont vachement bons!»

 

 
Catherine Deneuve

 

Que représentent les années 70 pour vous?
Ma jeunesse, alors ce sont des moments magiques pour moi. Mais quand je faisais mes recherches pour le film, à propos de la politique à l’époque, j’ai constaté que ce n’était pas si idyllique. Il y avait beaucoup de chômage en France, le contexte social était difficile, les gens se battaient beaucoup pour leurs droits.

 

Vous connaissez le célèbre slogan féministe «The personal is political»… Est-ce que le personnel est politique pour vous? Et dans Potiche?
Pour les Français, ce n’est pas comme ça; nous séparons les deux. Par exemple, lorsqu’il a été découvert que Mitterand avait une deuxième femme et plusieurs maîtresses, nous étions fiers en France que notre président puisse vivre tant d’aventures sexuelles. Je sais qu’en Amérique, ce ne serait pas possible. 

C’est marrant, votre question, parce que tout le monde veut discuter de politique à propos de mon film…qui n’était au départ qu’une comédie. Je réalise maintenant qu’aux yeux du public, le film se veut presque un drapeau pour la condition féminine. Et c’est une belle surprise.

 

Après vous être surtout consacré au drame ces derniers temps, étiez-vous heureux de renouer avec la comédie (8 Femmes, Sitcom)?
Absolument. On peut vraiment s’amuser à tourner un drame, mais de revenir à la comédie avec Potiche, j’ai réalisé à quel point c’est chouette de rendre les gens heureux. De les entendre rire!

 

 
Potiche | À l’affiche le 13 mai

 

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