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Pixies: des zombies à la croisée des chemins

Il ne fait pas de doute que Frank Black et Kim Deal étaient les véritables forces dominantes derrière les légendes rock de Boston. Il serait cependant faux de prétendre que leurs deux camarades ne faisaient que de la figuration. Joey Santiago, guitariste au jeu minimaliste incisif, et David Lovering, batteur fourmillant aux motifs décalés, formaient une partie décisive de ce son encore souvent imité aujourd’hui.

Ayant eu la chance d’interviewer séparément les deux têtes fortes au tournant des années 2000, j’étais ravi de pouvoir cette fois m’entretenir avec Lovering. Comme on a pu le voir dans les documentaires Pixies ou le controversé loudQUIETloud, Lovering est la personnalité affable et sociable du groupe. Un tempérament qui a joué dans son choix de carrière post-Pixies: magicien!

Incongru
Lovering est également l’élément incongru du groupe de par ses racines musicales, ancrées dans le prog-rock de Rush et consorts. Il assure ne jamais s’être senti à part du reste de la bande à cause de cela. «J’adorais les chansons. Mais c’est vrai qu’avec le recul, j’y allais un peu fort dans la complexité rythmique. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus économe», commente-t-il, ajoutant préférer maintenant les chaînes de radio satellite soul à Rush.

Voilà maintenant deux ans que les Pixies trimballent la tournée 20anniversaire de l’album Doolittle. Pour beaucoup, l’opus demeure LE plus réussi des Pixies. Lovering hésite lorsque je lui demande s’il est d’accord. «C’est assurément là-haut dans la liste des meilleures choses que nous avons faites. Mais j’ai un faible pour Surfer Rosa.» Il hésite également lorsque je lui demande d’évoquer des souvenirs reliés à son enregistrement. «Voyons voir… C’était la période du Thanksgiving, au Connecticut. Nous étions impressionnés en arrivant au studio… C’était notre première expérience dans un endroit professionnel et on réalisait qu’on venait de franchir une étape importante. Autrement, ce fut un enregistrement sans histoire… Il n’y pas eu de drama, ni rien…»

Here Comes Your Band
Incidemment, c’est sur ce disque que figure la seule pièce des Pixies chantée par Lovering: la kitschissime «La La Love You». «Il a fallu que je boive beaucoup avant d’avoir le courage de prendre le micro!» se souvient-il. Autre épisode cocasse: le tournage du vidéoclip pour la pièce «Here Comes Your Man», qui n’est pas bizarroïde pour rien. «Nous étions particulièrement nerveux pendant que les techniciens s’installaient, alors j’ai sorti un joint de ma poche. Finalement, le vidéo, c’est juste nous qui déconnons, gelés comme des balles!»

Sept ans après leur réunion inattendue, les Pixies ont maintenant dépassé la longévité de leur «première» vie, et ce, sans avoir accouché de nouveau matériel. Je compare le groupe à un zombie et Lovering acquiesce. «Nous courons en ce moment le risque d’outrepasser notre bienvenue et j’imagine que nous en sommes à ce point crucial où nous devons décider si nous continuons pour vrai ou si nous disparaissons. Nous parlons d’un nouvel album depuis des années et il n’y a toujours pas de plan concret en ce sens. Je peux toutefois dire ceci: entre la présente tournée nord-américaine et la prochaine, il y a une petite fenêtre où nous avons une pause. Si on voulait faire quelque chose, ça serait un bon moment. Je ne sais pas si ça se fera, mais une chose est sûre: si ça arrive, il va falloir que ça soit vraiment bon.» En effet!

Pixies
13-14 avril | Métropolis
59, Ste-Catherine E.
avec Imaginary Cities
www.pixiesmusic.com