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Frédéric Metz: ses goûts et ses dégoûts

On y croit à peine. Frédéric Metz annonçait ce printemps dernier la fin d’une époque, celle de ses années passées à enseigner et à diriger le programme de design graphique de l’École de design de l’UQÀM.

L’homme, connu pour son franc-parler, combattait une extinction de voix lors de son entretien avec NIGHTLIFE un virus qui n’était, selon ses dires, aucunement lié à son bien cuit animé par Marie-France Bazzo.

«J’ai été très sage, justement.» Bon, le mot «sage» ne semble pas tout à fait coller à Metz. Preuve à l’appui: les convives de cette soirée d’adieu étaient accueillis par des hommes aux fesses bien nues, shooters à la main.

À bas les identités

Ce qui distingue Metz des autres commu-nicateurs designers est sans aucun doute sa non-complaisance, une franchise que ses détracteurs décrivent comme de l’arrogance. Questionné sur la personnalité du design québécois, le sexagénaire, teenager dans l’âme, évite les lieux communs.

«Si on réunit sur un mur différentes créations ou emballages, on ne pourra pas dire qu’il y a un esprit, une constante québécoise typique. Et cela n’a pas que du mauvais. Puisqu’on est plus jeune, on est plus planétaire. On tente de mettre le produit en valeur avant de trouver une personnalité. Ça me laisse plutôt indifférent que l’on dise qu’il y a un design québécois ou pas.»

Pour un premier ministre designer

Il faut comprendre les trois essentielles de Metz. La fonction, l’utilité et ensuite, la beauté.

Il n’y a pas de place pour les crises identitaires dans cette vision rigoureuse du design.

«Ce qui manque le plus au design d’ici, ce sont des preneurs de décision, des politiciens qui ont été éduqués au design. L’idéal, ce serait un premier ministre designer, une chose utopique, et des présidents de compagnie qui sont des ex-designers. Des gens qui ne feraient pas l’erreur très répandue au Québec de changer l’identité d’une compagnie, l’image, les logos, dès qu’ils prennent le pouvoir. Tout ça, pour laisser une marque comme des chiens qui pissent au coin des bornes-fontaines. Ce sont eux qui font la merde visuelle que l’on voit, ce ne sont pas les designers.»

Chose certaine, l’homme que l’on retrouvera encore l’automne prochain à Bazzo.Tv n’a pas dit son dernier mot. Dans le merveilleux monde de Metz, l’ennui n’existe pas. «Je suis trop honnête et ne sais pas mentir. Je préfère dire la vérité en tout temps. Mais aujourd’hui, les nouveaux enfants qui arrivent à l’université à 21  ans n’ont pas la même attitude que lorsque j’ai débuté l’enseignement en 1977. Ils sont hyper couvés,
et acceptent difficilement la critique. J’étais donc là au bon moment.»