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Documentaire Piu Piu: Des petits beats montréalais qui résonnent de plus en plus fort
Crédit: Le Piu Piu Documentary, d'Aïsha C. Vertus et de Philippe Sawicky, sera le témoin d'un moment marquant pour la musique québécoise.

Le terme « Piu Piu » n’a rien à voir avec les couinements d’un oiseau. C’est un petit nom tendre que le producteur Vlooper (responsable des beats ingénieux d’Alaclair Ensemble) a utilisé pour décrire un set de beats improvisés qu’il venait de faire lors d’une soirée Artbeat. Cette dénomination à la fois évocatrice et mignonne a résonné fort dans la tête et dans le cœur d’Aïsha C. Vertus, qui était sur les lieux. Elle a réalisé que le Piu Piu était bien plus qu’un nickname : c’est un véritable mouvement musical et artistique qui se passe en ce moment à Montréal, et quelqu’un se doit de le documenter pour en laisser une trace dans l’histoire. D’où le Piu Piu Documentary.

Auto-qualifiée de « geek de musique », l'ancienne animatrice de 33mag Aïsha a embarqué son ami Philippe Sawicky dans l’aventure, histoire d’observer à la loupe une nouvelle génération d’artistes locaux (Alaclair Ensemble, Kenlo et Vlooper bien sûr, mais aussi Poirier, Kaytranada, Maxime Robin, Bueller et plusieurs autres) qui font une musique hip-hop instrumentale difficile à catégoriser. Quand on lui demande de décrire le style Piu Piu, Aïsha répond que c’est du « rap-électro-psychédélique-jazz-trap-whatever » d’ici découlant directement ou indirectement de feu et légendaire producteur J Dilla.


Aïsha Vertus / Crédit : Kae Roc

En dehors de la question musicale, le Piu Piu soulève son lot de problématiques importantes. C’est d’ailleurs Alexandrine Boudreault-Fournier, docteure en anthropologie du son de l’université d’Oxford, qui a encouragé Aïsha à faire son documentaire et co-produit le projet. « Le film parle du multiculturalisme, du multilinguisme, d’une musique assez fucked up dans un univers assez conservateur, explique Aïsha. J’ai beaucoup plus de shout-outs de L.A., de France ou d’Austin que du Québec. Le monde attend le film ailleurs. Eux, ils ont une plus grosse masse de gens de notre âge qui vont sur internet et qui ont un intérêt pour la musique émergente. C’est très difficile de se partir une carrière indie ici ».

Le Piu Piu Documentary, dont la deuxième partie reste à tourner, se penche d’abord sur le jeune producteur d’origine haïtienne Kaytranada, puisque son parcours fait écho à celui du Piu Piu. Il situera également Montréal dans son contexte socioculturel, et parlera de la soirée Artbeat, important lieu de rencontre et d’échange pour les producteurs hip-hop locaux, en plus de suivre plusieurs artistes et producteurs du mouvement. On peut encourager le projet en se procurant un des mixtapes ou des T-shirts Piu Piu.

Le but d’Aïsha est définitivement de partager le petit bijou sur lequel elle a mis le doigt, et d’échanger avec d’autres « cultures de beats » à travers le monde. Et peut-être aussi de donner au hip-hop québécois la couverture et la visibilité qu’il mérite. « J’ai appris en faisant le documentaire que le hip-hop est très dénigré au Québec, autant par les institutions que par le public. Tu parles de rap et la première chose que les gens pensent, c’est ‘bling-bling’ ». Peut-être Aïsha réussira-t-elle à faire du bling-bling quelque chose qui sonne plus comme Piu Piu… À suivre.

Introducing Piu Piu mouvement from Piu Piu Documentary on Vimeo.

Le documentaire sera présenté par Musicismysanctuary.com
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