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Charlotte Le Bon: la Miss Météo montréalaise vit sa vie à Paris

C’est jamais une bonne idée de boire au goulot une bouteille de vin blanc au complet…tout seul. Encore moins si c’est le trentième anniversaire d’une chanteuse populaire (un indice: «Je veux tout»), dans un loft tout blanc.

J’avais été invité là par un ami agent de photographes, à la fin du printemps 2009. Assis sur un banc trop bas, pas très loin de l’entrée, je regarde les gens s’éclater. Ce jeu est particulièrement amusant quand les invités de la soirée sont des, hum, gens du milieu. Le milieu? Celui qu’on appelle «artistique» à la télé. Pas vraiment mes amis. Je ne regarde pas la télé.

Une tape sur l’épaule. «Thomas? Ça va?» Oh, c’est Charlotte. Charlotte Le Bon. Je suis surpris de la voir ici. Charlotte, l’amie parfaite de mon bon ami Didier. Charlotte que j’ai déjà vue en sous-vêtements sur un panneau publicitaire sur Saint-Denis (pour une autre marque que Calvin Klein, celle qu’elle préfère). Charlotte l’intelligente, la sympathique. Assez pensé, je dois lui répondre. «Oui, je vais bien. Ça va toujours bien avec une bouteille de blanc.» 

Je ne me souviens pas du contenu de notre conversation (elle devait être presque sobre, moi pas). Mais je me rappelle de son naturel limpide et de sa vivacité. Elle me racontait qu’elle voulait partir en France, je crois.
 

 

LA PETITE HISTOIRE
Fast-forward à l’automne 2010. Le nom Charlotte Le Bon est sur toutes les lèvres depuis que la Montréalaise, qui a grandi sur le Plateau et dans les Laurentides, a été choisie par la chaîne française Canal+ pour annoncer la météo, chaque soir dans le studio du Grand Journal.
 
Dans l’Hexagone, le Grand Journal est une quotidienne à la Tout le monde en parle, où invités et chroniqueurs s’expriment avec humeur sur des sujets politiques, économiques et culturels. C’est au milieu de cette bouillabaisse que Charlotte officie en donnant la météo du lendemain avec un humour absurde qui se rapproche certains soirs de celui des populaires miss et messieurs météo de La Fin du monde est à 7 heures. Le sketch est créé et répété l’après-midi, puis joué en ondes le soir. Le lendemain, elle recommence.

Déménagée à Paris il y a quelques mois, cette mannequin a été repérée à grimacer dans les photos de son ami Raphaël Cioffi, qui est aujourd’hui son scripteur attitré. C’est avec lui qu’elle travaille ce ton qui semble plaire aux Français, dans des numéros où elle évite autant de jouer la Canadienne stéréotypée que de parler comme une Parisienne complexante. Elle se donne parfois des rôles impossibles – genre speakerine des années 60 – et reconnaît que les personnages les plus faciles à jouer sont ceux qui sont loin d’elle.

Au début, c’était la folie. Elle craignait d’aller sur Facebook et elle a plutôt mal pris une chronique de Nathalie Petrowski qui lui souhaitait simplement de s’améliorer.

 

RECETTE LE BON
Les Français font de la télé comme ils cuisinent: sans complexe, mais avec un goût un peu prononcé pour les recettes qu’on répète ad nauseam. Avant la brunette québécoise, deux blondes (Louise Bourgoin et Pauline Lefèvre) ont joué le jeu des Celsius déjantés à heure de grande écoute sur Canal+. Le propre du poste de Miss Météo au Grand Journal, c’est par contre de ne pas se répéter, d’être rafraîchissante tous les soirs. Une recette anti-recette pour donner la météo, fallait y penser. 

Depuis son baptême cathodique en août dernier, Charlotte a été enchantée par ses rencontres avec le comédien Laurent Deutsch (Tom dans Les Intrépides!), l’humoriste Gad Elmaleh et… Gérard Depardieu. Elle a aussi demandé à Justin Timberlake d’extirper un long arc-en-ciel en tissu de sa bouche. Xavier Dolan et Stéphane Rousseau sont les seuls Québécois qu’elle a croisés sur le plateau.

Rencontrée lors d’un passage éclair à Montréal, Charlotte fait les choses à sa façon, suivant les conseils de son ami et agent Alexandre De Bellefeuille. NIGHTLIFE et Infoman sont les seules entrevues à son horaire lors de son séjour. Ce mois-ci en France, elle fait aussi L’Officiel. Les médias people, licheux et complaisants, très peu pour elle.

 

 

LA VIE DE MANNEQUIN: THANKS, BUT NO THANKS
Elle admet d’emblée qu’elle était une vilaine mannequin, qui pouvait tout annuler le matin même d’un shooting photo. Elle a de la pitié pour les filles qui participent à des émissions comme Project Runway, mais c’est probablement parce que l’industrie est venue la chercher à l’adolescence, et pas l’inverse. Elle est sensible et parle des concurrents des émissions de télé-réalité comme de gens qui veulent simplement être aimés. Rafraîchissant pour une fille à qui la célébrité est arrivée par hasard.

Pourquoi Paris? «Pour donner une dernière claque au mannequinat», avant de passer à un autre appel. Ses plus grosses campagnes de pub sont venues de France: Zara, Escada, Lolita Lempicka. Elle a aussi tourné des messages télé pour les shampooings Garnier et les cafés Carte Noire. Mais tout ça, c’était avant de jouer une miss météo plus insolente qu’ingénue. Aujourd’hui, Charlotte admet qu’elle accepterait d’être le visage et la voix d’une marque uniquement si elle se reconnaissait dans ses produits et ses valeurs.

Elle aime les Beatles (beaucoup), le dernier d’Arcade Fire et la bande sonore du film Forrest Gump. Quand elle trouve le temps, elle dessine: elle crée des illustrations pour Spank, le magazine web de son ami Raphaël, celui «qui sait quels mots sonnent bien dans sa bouche». D’ailleurs, c’est l’illustration, plus que la mode, qui la branche réellement. Elle déteste le shopping. 

Mais a-t-elle des défauts, cette Charlotte au charme brouillon et bouillonnant? Elle serait paresseuse, négligente sur le ménage, lunatique (elle perd souvent son iPhone), impulsive, impatiente, parfois même agressive. Elle a mauvaise mémoire. Mais rien pour appeler un psy et faire trois ans de thérapie (à mon humble avis). Ses imperfections ne la rendent que plus sympathique.

Attablés à un restaurant du centre-ville, on finit par jaser de nos projets. On a le même âge, comme plusieurs lecteurs de NIGHTLIFE, d’ailleurs. À l’entendre me parler de cette vie un peu folle qu’elle mène entre son appartement du 11e arrondissement et les studios de Canal+ près de la Seine, je me dis qu’il faut encore croire aux hasards. Et parfois les provoquer.     

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