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Brie Neilson, l’intemporelle chanteuse des Unsettlers, prend son envol solo avec un premier album

«C’est comme tu dis… Différent». Voilà comment Brie Neilson décrit sa participation au sein du groupe The Unsettlers. Depuis six ans, Neilson est la présence rayonnante au sein du monstre montréalais à onze têtes, autrement beaucoup plus tourné vers le macabre. Tandis que ses camarades parlent de zombies dansants et de partys au cimetière, elle gazouille à propos de bottes d’hiver, de l’amour et de sa maman. «Le fait que je suis une fille et que mes chansons sont plus lumineuses vient ajouter de la variété et de l’équilibre aux Unsettlers… Je crois que c’est une bonne chose, commente-t-elle. Je peux moi aussi écrire des chansons tristes et lentes, mais les autres le font déjà assez bien… Autant apporter quelque chose d’autre!»

Bien que les Unsettlers demeurent une famille unie – c’est avec eux que la chanteuse a fait le saut de Vancouver à Montréal –, Neilson prend ses distances, ces derniers temps. Tout comme l’accordéoniste Santosh Lalonde l’a fait avec son projet Bad Uncle et le chanteur BW Brandes avec Deer Ashes, Dear, Brie prend du temps pour nourrir une carrière solo qui allait de soi. À la fin de l’été, elle lançait Picture Show, son premier album en son nom propre, via Bandcamp (et sur support physique à tirage limité en concert). Après l’avoir officiellement lancé d’abord dans son Vancouver natal, où elle a passé l’été (et retournera passer l’hiver), elle souligne la chose dans sa ville d’adoption cette semaine.

«Dans la dernière année, on a tous décidé qu’il était important que chacun puisse faire ses propres trucs en dehors du groupe, explique-t-elle. Les Unsettlers seront toujours là, mais c’est un si gros groupe… Garder tout le monde ensemble est très difficile. Il est important que tout le monde puisse aller et venir à sa guise. On espère alterner entre les moments d’activité et d’autres de calme. Tout le monde est OK avec ça.»

Les uns et les autres
Cela dit, «album solo» est vite dit… Neilson roule en fait avec ses Othermen, un assortiment d’amis masculins qui la secondent dans chaque décision… Sauf celles qui ont trait à la composition. «J’avais déjà fait un EP avec beaucoup de musiciens des Unsettlers (When we Learned to Dance, 2009), mais je voulais vraiment avoir un groupe différent. J’ai gardé Ram (Krishnan, bassiste) parce qu’il est merveilleux – pas que les autres ne le sont pas. J’ai chanté avec David Simard (guitariste et artiste solo accompli) et nous allons si bien ensemble que je lui ai demandé de joindre le groupe. Puis Declan (O’Donovan, pianiste), parce que c’est le meilleur pianiste que je connaisse et enfin Tim (Van de Ven, batteur)… Je les ai sélectionnés au fil du temps, mais ça a été pas mal organique», raconte-t-elle.

Pareil, pas pareil
Si Picture Show ressemble à la suite logique de ce que Neilson fait avec les Unsettlers, c’est parce que ça l’est. Jusqu’à un certain point. «J’ai gagné toute mon expérience avec les Unsettlers! Certains d’entre eux comptent parmi mes plus grandes inspirations et certains musiciens sont les mêmes… Naturellement, ça laisse des traces!» souligne la chanteuse. «Mais le feeling est différent de chez les Unsettlers. Ne serait-ce qu’à cause du nombre réduit de musiciens… Les chansons, aussi, sont aussi plus sensibles et personnelles, je crois. Mais c’est surtout une question de feeling… Les Unsettlers, c’est un trip de gang. Je cherchais à ce que mon matériel solo soit un peu plus sophistiqué, à ce qu’on y sente bien l’empreinte du groupe masculin entourant une voix féminine… En ce sens, c’est très différent pour moi.»

Sur disque comme sur scène, Neilson irradie les bonnes vibes et l’amour de la musique, comme quelqu’un qui aurait baigné dans les enseignements des maîtres toute sa vie. Sans surprise, Neilson nous apprend que c’est un peu le cas. «C’est drôle, quand j’étais petite, je n’avais pas tant de musique autour de moi. J’ai toujours chanté dans des chœurs et joué dans des comédies musicales, mais je n’ai pas d’histoire cool à raconter sur la musique à laquelle mes parents m’ont exposé», raconte la chanteuse en riant. Elle dit avoir été très gênée jusqu’au moment de découvrir la scène. «Les grandes découvertes sont surtout survenues au secondaire. Un professeur de chant m’a fait découvrir Ella Fitzgerald, Cole Porter, Patsy Cline… Toute cette musique vintage intéressante…»

Mais même si sa musique et sa personne nous transportent hors du temps, Brien Neilson garde bel et bien un lien avec la modernité. «J’écoute aussi de la musique d’aujourd’hui. J’ai eu une grosse phase techno. Je n’ai jamais trouvé de place pour ça dans ma propre musique, mais j’aime assurément ce qui se passe en électro», précise-t-elle.

«Je crois que ma musique est encore au stade du mûrissement. Cet album représente les choses qui m’ont influencée en premier, mais ma musique risque d’évoluer en fonction de mes intérêts. Je suis fière de cet album, mais il ne représente pas une fin en soi. Je suis ouverte à faire évoluer ma musique.»

Brie Neilson and Her Othermen: lancement montréalais de Picture Show
4 octobre | Sala Rossa
4848, Saint-Laurent
avec The Sin & the Swoon
brieneilson.bandcamp.com

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