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Buck 65 @ FIJM: rap à mains nues

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Buck 65 @ FIJM: rap à mains nues

 

Ça s’annonçait un peu chenu. Richard Terfry seul devant un lutrin et des machines à la gauche de la scène, tout de blanc vêtu. Trames entièrement préenregistrées. Il a beau rapper avec vigueur «Superstars Don’t Love», on s’ennuie des gratouillis dynamiques du DJ Skratch Bastid, qui l’accompagnait sur scène à l’époque de l’album Situation. Débuts weird.

D’un autre côté, ça commence toujours weird avec Buck 65. Son timbre est aride, son rap est tout sauf funky. Mais il finit toujours par faire basculer l’auditeur dans son camp. Sa visite au Club Soda, dimanche, dans le cadre du Festival de jazz, n’a pas été une exception.

Après quelques titres plus électroïdes, durant lesquels ses fans féminins se réjouissent de ses petites gigues loufoques, le Néo-Écossais (maintenant installé en Colombie-Britannique) signale son incapacité à chanter. C’est le temps de recevoir Marie-Pierre Arthur pour entonner «Final Approach», qui figure sur son plus récent, 20 Odd Years. Un bien drôle de duo. Arthur ne cadre tellement pas avec l’univers de Buck 65 et la pièce est médiocre, mais la visite met un peu de piquant dans ce bal alors encore en première vitesse.

Elle marque aussi le début du pan plus pop de la soirée: on passe alors à travers les plus gros extraits de 20 Odd Years – ce recueil de collaborations renfermant les premiers vrais flirts de l’artiste avec des structures plus mélodiques: la fifities «Gee Whiz» (originalement en duo avec Nick Thorburn), la très accrocheuse «BCC» (originalement en duo avec John Southworth), la disco «Zombie Delight»… Une choriste (en béquilles) prend place à côté du rappeur durant cette portion pour remplacer les invités absents. Elle n’est pas toujours sur la note, elle est parfois maladroite, mais contrairement à Arthur, elle a sa place dans l’univers de l’oncle Buck, qui en profite pour faire un peu de théâtre avec elle. Ce qui n’exclut pas quelques moments de grâce, comme cette très belle reprise de «Who by Fire» de Leonard Cohen.

Le rappeur se fait aussi de plus en plus jasant: il parle de baseball souvent (pour le plus grand plaisir des fans des Expos dans la salle, dont Buck fait aussi partie), de Montréal, où il a habité… Un long laïus contre le restaurant L’Avenue résonne particulièrement auprès du public. Il n’y a pas à dire, il est un solide orateur, plein d’humour. Les interventions deviennent vite aussi appréciables que les morceaux.

Occasionnellement, il passe aux tables tournantes pour faire un peu de scratch. Ses capacités sont limitées, mais avec quelques effets, il ajoute des touches colorées, personnelles.

Il faut attendre le rappel pour retrouver le Buck 65 sombre, wicked and weird de Talkin Honky Blues ou de Secret House House Against the World. Les tempos ralentissent, les tons baissent et l’atmosphère devient plus enfumée, mais les morceaux sont aussi moins accrocheurs.

Plusieurs soulignent qu’on serait mieux servi avec de véritables musiciens sur scène, compte tenu de la nature souvent organique des trames. Mais au final, Buck 65 donne encore une fois un concert intime, diversifié et engageant. Vivant et bien cadencé malgré des moyens réduits. Il est clair que tout ce dont le personnage a vraiment besoin, c’est son verbe et sa voix râpeuse.

On en oubliait même qu’il lisait ses textes la moitié du temps.

 

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