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Silver Flag projects: la zone d’exposition nouveau genre pratique l’art libre
Crédit: Patrice Lamoureux

 

«Se réveiller le matin et se promener à travers une exposition en pyjama, café à la main, est une situation assez magique. Et Silver Flag, c’est ça. C’est une autre façon d’aborder l’art.» C’est vrai qu’il y a quelque chose d’unique et de franchement inspirant dans le projet Silver Flag. Situé au coeur du convoité Mile-Ex – zone mi-résidentielle, mi-industrielle entre le Mile-End, la Petite Italie et Parc-Extension –, ce deuxième étage transformé par Iliana Antonova et David Armstrong Six est à la fois un appartement moderne et confortable à l’avant, et une galerie à l’arrière, ouverte deux jours par semaine quelques mois dans l’année.
 
La proposition audacieuse fait penser à «cette chambre à soi» perçue par Virginia Woolf comme essentielle et nécessaire pour tous ceux qui créent. Car pour Iliana et David, couple dans la vie, ce projet est une zone d’exploration pour soi et pour les autres, une sorte de cours de récréation hors norme. Les mois où Silver Flag projects fait relâche, l’espace aux murs blancs et au plancher de béton devient le lieu de travail de David Armstrong Six, lui-même artiste-sculpteur. «Ce n’était pas à la base la situation idéale, commente Iliana Antonova. Il s’agissait pour nous d’un choix pragmatique qui nous permettait d’avoir une galerie dans nos vies. Mais aujourd’hui, avec l’expérience des expositions à la maison, j’ai constaté que nous vivons quelque chose de très unique. Cette expérience a transformé ma vision, ma façon de voir l’exposition.»
 
 
 
Mise en liberté
Iliana, qui a laissé une pratique artistique personnelle pour s’intéresser à l’histoire de l’art, se questionne, depuis l’existence de Silver Flag, sur le rôle d’une galerie dans le parcours d’un artiste. Étrangement, elle ne perçoit pas son rôle ici comme celui d’un commissaire. «Silver Flag n’est pas une galerie traditionnelle. Nous ne recevons aucune subvention. Je travaille pour l’existence de ce projet. J’ai donc une liberté totale. Une fois que nous avons, David et moi, sélectionné un artiste, l’espace galerie devient son espace. Mon rôle devient alors minimal. Je suis là pour aider, pour accompagner, mais je ne m’implique pas dans l’accrochage, ni dans leur façon d’habiter les lieux. Si un artiste est ici, c’est que je lui fais complètement confiance. La preuve? Klaus Scherübelexpose dans quelques semaines, et je ne sais toujours pas ce qu’il prépare…»
 
 
Ce désir de faire autrement, ce sentiment de liberté, rayonne également sur les artistes qui fréquentent Silver Flag projects, preuve que l’espace a bel et bien son aura à lui. Jay Isaac a modifié son doigté figuratif habituel pour de nouveaux formats imposants et des gestes abstraits «non-ceptuel», des procédés qui façonnent encore ses créations actuelles. Même chose pour Kelly Mark, plutôt connue pour ses installations vidéo, qui présentait au mois de mars des oeuvres en «Letraset». Bien qu’intéressée par ces espaces qui influencent le processus de création, Iliana Antanova ne fait aucune promesse quant à l’avenir de Silver Flag projects tel qu’il existe aujourd’hui. Car vivre l’art de manière si intime, c’est aussi s’ouvrir sur l’inconnu.

 

 
 
 
 
Kelly Mark | LETRASET !@#$’S | Jusqu’au 12 avril


Klaus Scherübel | Le charme discret d’un espace alternatif | 15 avril au 7 mai


Silver Flag projects | 6803, Waverly | silverflag.org
 
 
 
 

 

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