Stereo Total: l’anamour

En mai, Stereo Total lâchait Baby Ouh!, son 10^e album. Le couple germano-français, qui balance son électro-pop underground depuis le début des années 90, ne dévie pas trop de ce qui fait son charme: textes ironiques sur l’amour, le sexe, et l’art posés sur une musique bricolée et lo-fi et deux tonnes d’attitude punk. Entretien avec Françoise Cactus.

Alors, Baby ouh!, c’est un disque de chansons d’amour?
C’est pas ma spécialité, c’est habituellement très ironique quand je parle d’amour, mais là, je me suis dit que pour changer je ferais un truc un peu classique, un peu triste, j’avais envie. Je sais pas si 2010 c’est la bonne époque pour ça, mais bon. On s’en fout un peu, non? C’est drôle que les francophones accrochent là-dessus parce qu’ici, en Allemagne, ils préfèrent les chansons rigolotes et érotiques. (Du Bist Gut Zu Vögeln, par exemple, signifie: tu es un bon coup)

Et la chanson sur Warhol («Andy Warhol»)? C’est pas un peu du pop art, votre approche de la musique?
C’est un peu ça, c’est vrai, mais c’est pas cet angle qui m’intéressait, en fait. Andy Warhol était peut-être trop cool… L’histoire avec Valérie Solanas (NDLR: auteure américaine qui a tenté d’assassiner Andy Warhol en 1968) est assez problématique. C’est vachement dur être une star; n’importe quel imbécile projette des trucs sur vous jusqu’à vous descendre. D’ailleurs, je suis en train de monter une espèce de music-hall qui se passe dans l’enfer du rock and roll, avec toutes les rock stars assassinées, suicidées, overdosées, etc. Je me suis tapé des tonnes de bios et c’est hallucinant toutes ces histoires. On va le monter à Berlin et le faire filmer, que vous puissiez le voir en DVD.

C’était important de reprendre sur ce disque des pièces québécoises («Larmes de métal» et «Illégal», tirées de Carte postale de Montréal) pour l’international?
On adore jouer au Québec; le public est très sympa et j’ai plein de copains maintenant, là-bas. Ça m’amusait de faire «Illégal» (Marjo) en imitant l’accent, même si j’avais un peu peur de la réaction. J’ai demandé à mon copain qui s’occupe de nos tournées au Québec si les gens seraient insultés et il m’a dit de le faire. Maintenant, je la chante à Paris avec mon faux accent et c’est un succès. Y’a des expressions là-dedans, je peux pas imaginer quelqu’un écrire quelque chose de pareil en France; tu me ronges l’épine dorsale, par exemple. C’est, disons, très imagé.

Vous êtes en tournée depuis quoi, 10 ans, non?
Plus que ça en fait. On est en tournée depuis 1994. On va partout, on aime bien voyager. D’ailleurs, on vient à peine de terminer la tournée européenne; on a fait l’Allemagne, l’Autriche, la France, la Suisse et les pays scandinaves et ça a franchement bien marché. Le public est très jeune, j’avais un peu l’impression d’être leur grand-mère, mais bon. C’est un peu fou quand même; le dernier concert était hier et demain matin, à 7h30, il faut qu’on aille en Colombie. J’y suis jamais allée, j’ai un peu la trouille. Je prendrai des gros body guards.

Stereo Total
27 août | Sala Rossa
4848, Saint-Laurent
www.stereototal.de