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Victime de la porn: préjuge-moi fort

Je crois que j’étais en secondaire 1.

On était quelques gars et quelques filles, et on jasait pénis. En fait, les filles jouaient à essayer de deviner quel genre de pénis on pouvait avoir dans nos pantalons.

PAS le plus cool jeu à jouer AVANT ta puberté.

Alors qu’on passait chaque gars tour à tour, le pattern n’a pas mis de temps à se faire comprendre. Mon chummey grand et mince: il devait avoir un pénis long et mince. Mon chummey plus petit et baquet: il devait avoir un pénis court, mais large. Avec ma shape de 4'8" au sud des 100 lbs, je suis intervenu (avec ma voix qui n’a clairement pas encore muée).

«Pas sûr que j’aime où on s’en va avec ce jeu-là…!»

Autodérision, éclats de rire (le mien d’un beau jaune franc), grandes déductions de la vie:

 1. Je ne suis pas le seul perv à essayer de deviner les gens sexuellement.

 2. C’est beaucoup plus l’fun d’avoir des préjugés sur les autres que de les subir.

On a beau devenir des adultes (avec du poil et tout), ça reste pas mal toujours la même game. On juge les gens sur leur shape, leur job, leur linge ou un paquet d’autres trucs plus ou moins ridicules.

«Ceux qui dansent bien fourrent bien.» Je peux voir un lien, et en même temps, je peux voir combien c’est ridicule.

On fait toujours un gros plat pour dire que c’est mal d’avoir des préjugés, mais je ne suis pas d’accord. Déjà, en partant, c’est impossible de ne PAS avoir de préjugés. Ça se fait tout seul. Je vois une fille dans un food court appuyer fort sur une pompe à ketchup et j’évalue combien elle doit être forte on top.

Je n’y peux rien. Je vois la vie en sexe.

En fait, les préjugés deviennent surtout un problème lorsqu’on s’y arrête. C’est pour ça qu’on devrait régulièrement expérimenter pour confronter nos préjugés, question de ne pas trop s’emmurer dans nos jugements hâtifs.

Ça permet de constater à quel point on est souvent dans le champ. Par exemple:

 – Les tripeuses de yoga ne sont pas FORCÉMENT vaginales (ou même souples).

 – Les grosses ne sont pas vraiment plus (ou moins) cochonnes. (Mais c’est vrai qu’elles sont plus pesantes.)

 – Une fille qui est fière de te dire qu’elle est «comme un gars» n’a pas nécessairement un clitoris de deux pouces et demi.

En plus, quand on a moins d’attentes, on augmente nos chances d’être agréablement surpris.

Mais bon, même en étant soi-même full ouvert et en expérimentant souvent pour contrer nos vilains préjugés, ça n’empêche pas les autres de nous évaluer comme ça leur tente. Et c'est frustrant parce que c'est à peu près impossible de projeter la fourrabilité qu'on souhaiterait. Est-ce que je suis doué pour le sexe si j’en parle toujours? Ou au contraire, ce sont ceux qui en parlent le plus qui en ont le moins? 

Parfois, essayer d’avoir l’air hot rend ça pire. Peut-être que dans la tête d'une fille, quand un gars se vante de tougher longtemps, elle entend un gars avec qui ça n'aboutit jamais. Moi, chaque fois qu’une fille me vante ses fellations, je me dis qu’elle compense pour son désintérêt vis-à-vis la pénétration. 

Ouf… C’est compliqué, hein?

Des fois, j’envie les chiens qui font juste se snifer un peu pour voir si ça fitte.

Snif, snif, grimpe, grimpe. La belle vie!