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Victime de la porn: permis de fourrage

Chaque fois que je pense aux tests de dépistage de bibittes sexuelles, je me rappelle l’excellente série western Deadwood qui se passe dans les années 1870 et où l’on voit le doc dans un bordel relever la robe de chaque prostituée pour checker si ç'a encore du bon sens du côté génital. Pas full scientifique.

«Bah, t’es encore bonne! Ça dégoutte presque pas…»

Évidemment, ça s’est perfectionné avec le temps. Dans la porn moderne et respectable (deux immigrantes illégales dans un conteneur et une webcam Dell, ça compte pas), les pornstars ont des tests de dépistage de bibittes réguliers, obligatoires et sérieux. C’est comme ça qu’ils arrivent à baiser tout le monde avec pas d’capote sans mourir d’une triple chlamydia chaque semaine.

Malheureusement, les baiseurs amateurs n’ont pas ce luxe. On doit se protéger ET se faire tester une fois de temps en temps. Ça suce, mais comme j’ai une réputation de perv de terrain à maintenir, j’ai joint l’utile au désagréable en me bookant un rendez-vous.

Constat assez rapide: ce ne sera pas un trip aussi cool que le tâtage de fausses boules aux danseuses.

J’arrive dans le line-up et déjà, c'est clair que tout le monde se juge. Pendant que je me dis que la fille en avant de moi doit en être à son quatrième avortement de l’année, la fille derrière se dit que j’ai probablement pogné l’herpès en étant le bottom d’un gros bear violent.

C’est fair. On est dans un line-up de dépistage. On a le droit.

Rendu à mon tour, on me refile un formulaire que je vais remplir dans la salle d’attente. Pas super plaisant. C’est comme un bilan imposé sur ta vie sexuelle. À chaque question, t’as envie de crier ton insatisfaction ou d’expliquer le contexte.

«Combien de conquêtes dans les 12 derniers mois?»

«Est-ce que tu t’es piqué dans une ruelle?»

«Est-ce que t’as eu du buttsex sans capote?»

Tout ce que j’ai retenu, c’est que ma vie a été beaucoup trop tranquille dans les 12 derniers mois.

Et ensuite, t’attends que le doc vienne te chercher. Et pendant que t’attends, tout est disposé de façon à te faire peur, ou te faire filer cheap. T’as 1000 brochures et des écrans qui te rappellent toutes les maladies du monde, dont le fameux VPH.

(D’ailleurs, parenthèse sur le VPH.)

On s’entend-tu que si on se fie à la pub, le VPH est la pire ITS de tous les temps? Si t’as des symptômes, t’as le VPH. Si t’as pas de symptômes, t’as quand même le VPH. Le VPH, tu ne peux pas te protéger contre ça, bébé. Personne ne peut gagner contre le VPH! Ça passe à travers le linge et les murs. T’as beau utiliser des condoms en métal, fais ton deuil tout de suite, parce que tôt ou tard, le VPH va t’arracher la graine et tu vas mourir dans une marre de pus qui va contaminer tous les gens que t’aimes.

(Fin de la parenthèse sur le VPH.)

Mais bon, juste avant de te lever devant la télé pour lui dire «Arrête d’en mettre, criss, je suis dans votre salle d’attente! Je capitule DÉJÀ!!», ton doc vient te chercher pour la fameuse inspection.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais note positive: le Q-tip dans l’urètre, c’est de l’histoire ancienne. Honnêtement, je ne dirais pas que c’est agréable, mais c’est assez tranquille. Quelques questions sur les réponses du formulaire, prise de sang, taponnage de testicules. Même pas besoin de tousser en même temps.

Tout ce que j’avais à chialer, en fait, c’est que mon doc était un genre de marmonneux pas clair qui avait l’air plus gêné que moi. Non seulement ça donne une ambiance weird quand t’es là pour jaser de buttsex, mais quand c’est lui qui t’explique les étapes et le parcours à suivre pour le test d’urine, ça donne un gars perdu qui aborde (beaucoup) trop d’intervenants avec son petit pipi dans les mains pour savoir où aller.

Mais bon, j’ai survécu. (Et j’ai lavé mes mains.)  

J’aurais bien aimé raconter combien c’est le fun d’avoir un comportement responsable et tout, mais honnêtement, c’est un peu comme avec les condoms: c’est un mal nécessaire. Mais au moins, avec la capote, t’es pas tout seul. D’ailleurs, c’est en plein la réflexion que j’ai eu en sortant: tout ce que j’ai trouvé poche et déplaisant ici, ç’aurait été hilarant avec un chummey ou une chummette. Ce sera donc ma suggestion: allez-y à plusieurs.

Vous pouvez vous créer un event sur Facebook et inviter votre monde. Genre «Party de saucisses à L’Actuel ou «SPECULUM PARTY!» Ça peut juste être un évènement fertile en anecdotes. Ensuite, bien sûr, il reste à se taper les trois semaines angoissantes avant d’obtenir les résultats, mais bon, c’est un bien petit prix à payer pour être à l’aise de se sexe-oraler.