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Le détesteur: Jacques Villeneuve, les menaces de mort et les mensonges

J'avais peut-être 18 ans quand c'est arrivé. Je devais performer musicalement sur scène, mais j'ai dû me désister. Ma démarche artistique se voulait controversée pour l'époque et on ne me voulait pas dans cette salle-là précisément. On m'avait menacé pis j'ai choké. Menaces bénignes, rien de trop grave, du genre: «J'vais t'lancer des tomates pis j'te manquerai pas mon tabarnack». J'avais pourtant imaginé le pire, j'ai eu peur pis j'ai tout annulé.

Fallait donc expliquer ça aux promoteurs et au public, sans trop perdre la face. Penses-y, annuler un show pour des tomates, c'est pas très impressionnant.

C'est là que le mode panique s'est mis en branle, pis ce mode-là, il nous trouve ça rapidement des solutions, lui. Pourquoi pas prétendre avoir reçu des menaces de mort? Qui peut vraiment savoir, anyway? Idée de génie. Ce soir-là, j'ai annulé un spectacle parce qu'on m'avait menacé de mort. Du moins, c'est l'excuse que j'ai donnée. Qui pouvait m'en vouloir? LA MORT, ON NIAISE PAS AVEC ÇA.

Il existe trois méthodes de sortie de crise bien répandues chez les non-initiés en état de panique:

– L'invention d'une menace de mort pour s'attirer la sympathie.
– La création d'un fake account qui interagit avec trop d'émotion en la faveur du fautif.
– La comparaison d'une personne ou d'un mouvement avec Hitler lors d'une impasse en plein débat.

Jacques Villeneuve, tout comme moi, a décidé d'opter pour la première option après avoir balancé une connerie de trop au sujet du conflit étudiant. Alors qu'il est devenu le crétin de toute une province en seulement quelques heures, il a donc décidé de procéder au transfert de bourreau. ON L'A MENACÉ DE MORT. Il aurait pu traiter Sonia Benezra d'ostie de vieille chienne qu'il n'aurait pas mérité de telles menaces. Subitement, tous les torts sont désormais attribués au menaçant personnage anonyme qui veut TUER.

Et pourtant, tout porte à croire qu'il a tout inventé. Comme plusieurs l'ont évoqué; on trouve ça où, le courriel de Jacques Villeneuve? On le rejoint comment? Et pis quand un journaliste lui a demandé s'il comptait porter plainte, il aurait déclaré: «J’ai été victime de menaces de mort, mais bon, on passe à autre chose. On efface tout.» Évidemment. Et si c'était vrai? Si on voulait vraiment assassiner Jacques Villeneuve? Et si par malheur quelqu'un d'autre disait une connerie de trop dans les semaines à suivre, courra-t-il le même risque? Vient-on de laisser un éventuel meurtrier s'en tirer sans problème? C'est-tu ça que t'as fait, Jacques? J'pense pas, non.

Note ça sur ton iPad, Jacques. À partir de maintenant, et particulièrement depuis le début de la crise sociale, toutes menaces de mort non-screenshotées ou témoignages anonymes extraordinaires seront considérés comme des mensonges. Qu'on soit rouge ou vert. À un moment donné, y'a une câlisse de limite à notre crédulité.

Parlant de ça… Pas longtemps après, pour venir à la défense de Villeneuve, Richard Martineau nous a livré de belles confessions de personnalités publiques présumément en défaveur de la cause étudiante. En voici un exemple:

«Fais comme cette comédienne très connue qui m’a dit à l’oreille les pires choses que j’ai entendues sur les leaders étudiants, mais qui m’a fait promettre de ne jamais les répéter et de ne jamais dévoiler son nom.»

Bien sûr que t'as rien inventé pantoute, Richard. En tant que chroniqueur, je le sais à quel point il peut être tentant de créer des histoires pour appuyer un point et récolter l'attention/la sympathie. Si on se mettait tous à faire comme toi, Richard, ça ne finirait plus, tout le monde tricherait. C'est pourquoi nous devons y mettre un sacrament de frein. C'est facile, c'est cheap. T'as pas de source, ni nom? Tu fermes ta gueule en attendant d'avoir du solide, du vrai. J'te traite pas d'menteur, je dis seulement que tes témoignages sont invalides (pas vérifiables) lors d'une telle situation, alors que de l'autre côté les déclarations à visage découvert fusent de partout.

Et que dire de toutes ces entrevues anonymes avec des agents du SPVM? Et le policier qui aurait mangé un javelot artisanal à la tête? Il est où lui pour nous en parler? Même pas une seule photo dudit javelot?

On vous sort des centaines de photos et vidéos de brutalité policière à chaque semaine pis étonnamment, tous les méfaits dits «étudiants» ou «anti-loi 78» ne peuvent être filmés ni même pris en photos. La plupart des témoins sont sans nom, sans visage, parce que bien entendu, ils se feront juger de prendre position. Mais quelle belle tabarnack d'ironie que l'on pointe du doigt le port du masque avec comme argument que l'on devrait être en mesure d'afficher et assumer pleinement nos positions politiques, sans honte.

Maintenant, à votre tour d'ôter vos masques.

Je vous déteste.