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Sylvain Raymond: le jeune auteur montréalais va à la confesse avec Yupster

Sylvain Raymond part en mission. Conquérir l’île… On pensera au reste après. Quand son for intérieur a fait se rencontrer Frédéric Beigbeder et Jerry Maguire, cet autoproclamé «yupster» s’est lancé dans l’écriture d’une satire «so 2008» du monde des hipsters. Bonne idée. Après tout, on n’en avait pas de ça, un sauveur des âmes urbaines. Entrevue sans complaisance avec le nouveau Jésus de Montréal.



Pourquoi as-tu ressenti le besoin de critiquer un milieu auquel tu t’identifiais?

Il y a une expression qui dit «choose your poison». Ce monde, c’est celui que j’ai choisi. Le yupster est conscient de la game, mais il veut vivre ce style de vie même si ça le ronge par en dedans.

 


Qui essaies-tu de séduire le plus avec ton roman? Un public masculin, féminin, jeune, hipster, yupster, alt, métrosexuel, homosexuel?

Un public de jeunes Montréalais de 18 à 35 ans qui vivent dans le cercle que je définis souvent par les rues Jarry, St-Antoine et Molson. Après, le voyeurisme peut mener loin. J’aimerais ça qu’une coiffeuse de Blainville s’imagine que c’est comme ça à Montréal.


Dans ton livre, tu parles de tes ambivalences sexuelles, tu dis avoir mis du GHB dans le verre d’une fille, tu avoues même avoir craché sur une itinérante. Est-ce une forme de purgatoire assumé ou un étalage de détails mi-croustillants, mi-vicieux?

Je dirais que c’est un heureux mélange des deux! Je n’ai pas peur de penser quoi que ce soit; j’exprime mes idées. C’est différent que de poser un geste de la sorte.


Dans ce cas, à quel point ton roman est-il fictif?

Je ne révélerai jamais ce qui est vrai ou faux, même s’il y a plus de faux-semblants que d’éléments complètement fictifs.


Tu déballes beaucoup de noms dans ton livre. N’as-tu pas peur de te faire des ennemis?

On verra. Ça ne me dérange pas. C’est un jeu de la représentation.Moi, je me mets complètement à nu et j’ose croire que les gens ont saisi ma démarche. S’il y en a que ça dérange, désolé, mais je ne retirerai pas leur nom.


Pourquoi es-tu aussi intime dans ton roman? Est-ce que ça ne confirme pas la tendance actuelle des jeunes à faire étalage de leur vie personnelle, au nom de Facebook,Personal Branding et du «paraître»?

Oui, ça s’inscrit dans cette tendance. Mais c’est aussi à cause de mon exploration de la masculinité. L’homme est vu comme fort et immuable. Je rêve d’une masculinité québécoise plus subtile et plus sophistiquée, mais j’assume que c’est impossible. Il y a un mal masculin en ce moment, et les hommes d’ici n’ont pas de couilles et ne savent pas s’exprimer.


Le sexe occupe une place prépondérante dans ton histoire: simple conséquence d’un trop-plein de masculinité, voyeurisme, ou coup de pub?

J’aime le sexe. J’ai même déjà été porn addict. La quête de mon personnage est de vivre quelque chose de vraiment intense, et la porno est de plus en plus hard.


Avec le recul, te considères-tu toujours comme un yupster?
Oui, je travaille comme un malade, je sors beaucoup, je suis toujours guest list… Tout est trop: trop de travail, trop de sexe… J’en suis même épuisé, comme le yupster devrait l’être. Je suis encore un yupster, absolument.

 

Yupster
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