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TIFF 2012: 9 films qui nous donnent déjà envie de prévoir un road trip à Toronto
Le Festival international du film de Toronto (TIFF) dévoilait hier matin la première vague de programmation pour sa 37ème édition, qui sera présentée du 6 au 16 septembre prochain dans la Ville Reine. Comme c’est souvent le cas, le festival sort dès maintenant l’artillerie lourde en ploguant les plus grosses vedettes, les réalisateurs fétiches de l'industrie et les gros galas susceptibles d’attirer les paparazzi les plus indécents. Même si cette première annonce ne révèle pas les films les plus audacieux du lot, ces 62 titres nous aident à mesurer l’ampleur du buzz médiatique qui déferlera sur Toronto dans un peu plus d’un mois. Voici 9 films tirés des volets «Galas» et «Présentations Spéciales» qui attirent déjà notre attention.

 

1. Looper en film d’ouverture

Pour une fois, le TIFF semble avoir choisi un film à la hauteur du reste de sa programmation pour lancer le bail. Le réalisateur Rian Johnson, qui a fait ses preuves avec le très original Brick (2005) – un excellent suspense néo-noir dont l’intrigue se déroule dans une école secondaire, avec sa femme fatale, ses trafiquants de drogue et son dialecte original inspiré du monde interlope – revient à la charge avec un autre thriller cérébral pour lequel il fait encore une fois appel au très talentueux Joseph Gordon-Levitt (qu'on a d'ailleurs bien aimé dans le dernier volet de la trilogie Batman). Cette fois, au lieu de camper un détective ado à la recherche de sa petite amie disparue, Gordon-Levitt prête ses traits à Joe, un tueur à gages (ou «looper») en 2042 qui assassine des cibles envoyées du futur (2072) par une organisation criminelle. Jusqu’au jour où Joe, vivant la belle vie, se rend compte que ses patrons mafieux ont envoyé son propre double plus âgé (Bruce Willis) dans le passé pour l’achever.

Un film d’action qui fera fort probablement appel à notre intellect, et qui met également en vedette Emily Blunt, Paul Dano, Piper Perabo, Jeff Daniels et Noah Segan. Le film prendra ensuite l’affiche le 28 septembre.

 

2. Love, Marilyn, un documentaire attendu à propos de la mythique «bottled blonde»

Même si plusieurs cinéphiles n’ont pas encore vu le très bon My Week With Marilyn, notre fascination culturelle pour la sexe-symbole des années 50 ne date pas d’hier. La réalisatrice américaine Liz Garbus (Bobby Fischer Against the World) présente en première mondiale un documentaire novateur se penchant sur deux boîtes de ses écrits personnels qui furent découvertes chez son ancienne prof d’art dramatique, près de 50 ans après sa mort. Le film prétend révéler des facettes méconnues de cette star impénétrable, en substituant l’excellente Michelle Williams pour toute une panoplie de stars dans l’air du temps: Elizabeth Banks, Lindsay Lohan, Evan Rachel Wood, Ben Foster, Uma Thurman, Paul Giamatti, Viola Davis, Jeremy Piven, Ellen Burstyn, Adrien Brody, Marisa Tomei et Glenn Close. Voilà ce qu’on appelle un casting d’enfer.
 

 

3. Joss Whedon, fanboy émérite, plonge dans du Shakespeare

On ne devrait pas s'étonner de voir le réalisateur touche-à-tout des Avengers, des émissions cultes Buffy et Angel, de Toy Story et de The Cabin in the Woods, sauter tête première dans un projet d'adaptation contemporaine de Much Ado About Nothing en noir et blanc, produit avec un micro-budget, tourné en mode caméra à l’épaule dans sa propre demeure à Santa Monica, en 12 petits jours. Après tout, Whedon aime bien relever des défis inattendus.

Les programmateurs du TIFF décrivent le film comme offrant « un regard sombre, sexy et parfois absurde sur le jeu complexe qu’est l’amour ». On peut bien se demander à quoi ressemblera l’univers shakespearien vu à travers le prisme de l'ultime geek qu’est Whedon. Le film met en vedette deux visages récurrents de sa famille tissée serrée dans les rôles clés des amoureux en querelle: Amy Acker (The Cabin in the Woods, Dollhouse et Angel) et Alexis Denisof (Buffy the Vampire Slayer, The Avengers et Angel). Une chose est certaine: ça ne pourrait être pire que l’adaptation risible de Hamlet de Michael Almereyda (2000) dans laquelle un jeune Ethan Hawke portait sérieusement atteinte au mythe d’Hamlet, transposé en étudiant de cinéma fainéant à Manhattan…  

 

4. Gael García Bernal prend position, soutient le peuple chilien

Après avoir récolté des appuis de taille, des critiques dithyrambiques et de beaux prix à Cannes, le film No de Pablo Larraín aura droit à une première nord-américaine à Toronto. Le film, qui relate comment un jeune publicitaire (Gael García Bernal) a mené une brillante campagne pour empêcher le dictateur chilien Augusto Pinochet de prolonger son mandat de présidence en 1988, ne pourrait être plus d’actualité. Au Chili, de récentes manifestations ont tourné au vinaigre, alors qu’un film faisant l’éloge de cet ancien leader controversé a eu droit à une grande première à Santiago. Cet homme ravive toujours les passions au Chili et le film No nous rappelle comment des citoyens ordinaires ont redoublé d'efforts (pacifiques) afin de renverser son régime de la terreur.

 

5. Ryan Gosling fait la moue et braque des banques à bord d’une moto

Derek Cianfrance, qui a donné à Ryan Gosling un de ses rôles les plus nuancés et poignants jusqu’à présent (Blue Valentine), refait équipe avec le boudeur le plus en demande à Hollywood dans The Place Beyond the Pines. Le film raconte les déboires d’un motocycliste professionnel qui prend un virage criminel inattendu en volant des banques afin de subvenir aux besoins de son nouveau-né. Le thriller met aussi en vedette Bradley Cooper en jeune policier à ses trousses, ainsi que Rose Byrne, Ray Liotta et Eva Mendes. Prenez position avant qu’il ne soit trop tard : Team Gosling ou Team Cooper? 

 

6. Terrence Malick de retour à peine un an après Tree of Life!

Celui qui nous a habitué à le désirer cinq, voire souvent 10 ans entre chacun de ses projets refait surface avec son sixième long métrage…à peine un an après que The Tree of Life ait raflé la Palme d’Or à Cannes! On peut déjà prédire que To The Wonder, qui nous plonge dans les déboires amoureux auxquels font face le couple de Marina et Neil (Olga Kurylenko et Ben Affleck), n’aura rien d’un drame romantique convenu. Avec l’arrivée de Javier Bardem et Rachel McAdams dans le décor, l’harmonie du couple sera mise à rude épreuve dans cette exploration existentielle des aléas de l’amour. Y aura-t-il une voix off au ton légèrement philosophique pour nous guider à travers l’épopée? Ou encore quelques errances visuelles pour explorer les mythes fondateurs de l’humanité? La rumeur veut que le film soit encore plus expérimental que Tree of Life, alors ne vous étonnez pas qu’on vous réponde par l’affirmative à ces deux questions…

 

 

7. Laurent Cantet revendique à son tour le «girl power»

Le réalisateur français, qui nous a offert une sublime critique du milieu scolaire avec Entre les murs (Palme d’Or, 2008), nous propose ici une seconde adaptation cinématographique du best-seller Foxfire : Confessions Of A Girl Gang de l’auteure Joyce Carol Oates. Et comme ce fut le cas d’Entre les murs, Cantet a préféré retenir les services de jeunes actrices inconnues pour incarner les cinq collégiennes d’un quartier ouvrier de l’état de New York des années 1950. Même si une version de Foxfire mettant en vedette une Angelina Jolie en début de carrière a vu le jour en 1992, je reste convaincu que Cantet saura livrer un regard original et inédit sur cette bande d’amies qui fondent une société secrète – avec tatouages enflammés à l’épaule – afin de se venger de tous les crétins qui ont tenté de les faire taire à cause de leur statut de femmes et de moins bien nanties. Ça sent le «girl power» totalement assumé (Made in Dagenham, A League of Their Own), sans tomber dans le kitsch pénible (The Sisterhood of the Traveling Pants, Crossroads).

 

8. Deepa Mehta attire encore la controverse en portant un Salman Rushdie au grand écran

Mehta, la seule réalisatrice canadienne à avoir récolté une nomination aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film en langue étrangère (pour Water, en 2007), s’est donnée un défi de taille avec Midnight’s Children: porter au grand écran le roman éponyme de l’auteur Salman Rushdie, pour lequel ce dernier a remporté le prestigieux Booker Prize en 1981.

Ce drame postcolonial suit le parcours de deux jeunes Indiens dotés de pouvoirs magiques, qui naissent alors que leur pays obtient son indépendance de l’Angleterre, le 15 août 1947. Les deux vivront d’innombrables rebondissements qui font écho aux changements tumultueux auxquels l'Inde fera face. Rushdie s’est grandement impliqué dans le projet, en adaptant lui-même son livre massif pour en extraire un condensé de 130 pages. Ce film hyper attendu fait parler de lui depuis la pré-production, mais les producteurs ont heureusement réussi à limiter le battage médiatique lors du tournage, de peur qu’il y ait des représailles de groupes islamistes radicaux.

 

9. L’humour typiquement british de Monty Python en version animée

Pour n’importe quel fan de la troupe d’humoristes Monty Python et de leur humour décalé et absurde, le film animé A Liar’s Autobiography – The Untrue Story of Monty Python’s Graham Chapman est un must. Ce projet réunit les membres toujours vivants de Monty Python (John Cleese, Michael Palin, Terry Gilliam et Terry Jones) afin de prêter leur voix à cette version cinématographique de l’autobiographie que leur ami Chapman avait publiée (et enregistrée) avant sa mort en 1989.

La bande d’humoristes légendaires, qui parlent très convenablement de Chapman comme du «mort de Monty Python», rendent ici un hommage irrévérencieux à leur ancien pote fumeur de pipe. En faisant appel à 14 animateurs et 17 styles d’animation différents, le film relate ses études à Cambridge, ses compétences médicales, son parcours de Python (il incarna les rôles principaux dans Monty Python and the Holy Grail ainsi que Month Python’s Life of Brian), son homosexualité avouée, son faible pour l’alcool, ses dernières années à Los Angeles – toujours d'un angle comique frôlant le burlesque. Une des propositions les plus intéressantes du festival jusqu’à présent.

Festival international du film de Toronto
Du 6 au 16 septembre 2012 | tiff.net