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Dans sa pièce «Croire au mal», Jérémie Niel met en scène du beau et du pas fin

Il suffit de jeter un oeil sur le teaser vidéo de Croire au mal pour comprendre que Jérémie Niel ne fait pas dans la barbe à papa. Le metteur en scène (Cendres d’Atiq Rahimi, JeneconnaispasClichymaisjem’ensuisfaitbeaucoup-declichés d’Emmanuel Schwartz), créateur de la pièce Tentatives et ancien directeur de production du Théâtre La Chapelle revient avec une pièce dans laquelle les bons sentiments sont mis de côté. Mettant en scène Francis La Haye, Karina Champoux, Simon-Xavier Lefebvre et Niel lui-même, Croire au mal sera présentée du 21 février au 3 mars prochain au Théâtre La Chapelle. Entretien. 

 

Quel a été le processus de création de la pièce?
On est partis du thème principal de la méchanceté, avec en parallèle le thème de la famille heureuse comme prétexte pour parler de tout ce qui peut se passer derrière l’illusion d’une famille idéale, utopique. On a beaucoup travaillé en collaboration avec les trois interprètes; on est partis d’images et d’émotions assez abstraites pour arriver à du concret.

Y a-t-il eu un élément déclencheur qui t’a amené à travailler sur les thèmes de la méchanceté, de la famille parfaite?
Non. Ce sont des sujets qui me préoccupent depuis longtemps. Toute la question du mal dont on ne parle jamais et que l’on cache à tout prix, c’est quelque chose que j’ai toujours traité dans mes spectacles. La question de la famille heureuse, c’est plutôt le constat d’une contradiction entre l’idée du bonheur parfait que l’on veut nous vendre à tout prix dans les médias, et la situation des familles d'aujourd’hui, qui se décomposent et recomposent.

Quelles sont les formes de mal les plus pernicieuses, selon toi?
La question n’est pas de citer les différentes formes de mal. Ce qui est intéressant, c’est de constater à quel point on essaie de les oublier, de les cacher. Selon moi, elles font partie de l’humanité. Et artistiquement, le mal a beaucoup plus de puissance que la gentillesse. En fait, mon travail est de tirer du jus de ces idées-là afin de créer quelque chose de beau.

Est-ce qu’il t’arrive de travailler avec le «bon», parfois?
Je ne me sens pas attiré par les bons sentiments pour créer. Je peux voir des films ou des pièces qui en contiennent et me plaisent, mais personnellement ils ne m’inspirent pas.

Croire au Mal mélange danse et théâtre. En quoi chaque forme d’expression enrichit-elle l’autre?
Je ne vois pas l’une forme comme un complément de l’autre. Je travaillais avec des danseurs au départ, je savais qu’il y aurait de la danse. Dans cette création, j’avais envie de mettre en scène des corps plus abstraits que ceux que j'utilise habituellement au théâtre, qui sont plus réalistes, dramatiques, clairs. Dans Croire au mal, on parle de quelque chose de plus profond, de plus difficile à définir concrètement.

 

Croire au mal
29 février au 3 mars
Théâtre La Chapelle | 3700, St-Dominique 
| lachapelle.org