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Class of 2010: Sébastien David, le charismatique
Affirmer que Sébastien David est enthousiaste serait un euphémisme. Il surgit au studio avec son chandail de loup, sort quelques morceaux de vêtements de son sac. Tout souriant, il hésite entre ça et une cravate. Cependant il a peur que la cravate fasse trop «gérant McDo». Le charme opère déjà. On prend place dans une petite salle: il voit un trampoline, saute dessus, s’assoit, se lève soudainement, fait sentir la résonnance de sa voix. Il manie les mots, les choisit avec soin. Adorable et intense, Sébastien David pourrait donner des cours de charisme 101.

Le jeune homme a de l’énergie à revendre et du talent aussi. Pas juste un en plus. Il est auteur, metteur en scène, comédien et co-fondateur de Douze à table et du collectif En attendant. Il se délecte du théâtre, «des mots, de ces corps dans l’espace qui ne bougent pas, des spots qu’on voit». Bref,  Sébastien est un gars de mots. Il l’a découvert à l’École nationale de théâtre où il a terminé en jeu en 2006. Il a mis en scène Portes, il a participé à Histoire de village, à La villa, la vie-là, au Doux parfum du vide. Et la dernière fois qu’il était sur une scène, il y était de la distribution de Chambre(s) où il partageait la scène – et l’affiche – avec son jumeau. On sent qu’il est de ceux qui aiment explorer la voix, son ampleur. Il m’apprend qu’on appelle ça la théâtralisation de la parole.

Acteur qui écrit, Sébastien David est un fan invétéré de l’auteur australien Daniel Keene qui écrit sans ponctuation. Mais contrairement à ce minimaliste, David est reconnu pour ses excès. Entre le comique et le drame, il se promène sur la ligne du pathétique. Entre  Kathleen et le bogue de l’an 2000, il nous sert un jeu immobile où le mouvement est créé par le souffle. Un décalage dans le jeu de ses personnages «qui ont peu de moyens et trop de mots. Les mots deviennent comme une pensée égarée, des mots qui cherchent le chemin de la sortie, mais sans succès». Il me parle de Lars Von Trier qu’il adore. Ce n’est pas le seul clin d’œil qu’il fera au cinéma puisqu’en 2007, il monte un solo dans le cadre du OFFTA sous le titre Bowling for Trois-Rivières. La retravaillant en ce moment, cette pièce sur une tuerie dans une école risque de renaître bientôt.

Mais avant, on le verra jouer dans En attendant Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen, présentés dans le cadre du OFFTA et au Théâtre d’Aujourd’hui en 2011. Gaudreault, c’est le nouveau Godot. Le Godot version joual. La spirale de l’absurde avec Monique, l’amoureuse enfermée, Dédé, le gars de la construction qui trippe sur Megadeth et William, le junkie qui ne peut pas croire que le Bon Dieu existe «parce que si le Bon Dieu existait, il aurait pas tué Marie-Soleil Tougas». Sébastien David nous promet «un vomi dans une orgie de mots». Miam.


En attendant Gaudreault, précédé de Ta Yeule Kathleen
2 et 3 juin
Théâtre d’Aujourd’hui | 3900, St-Denis

offta.com

 

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