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Artiste Anri Sala: jeux de lumières, sons et silences au Musée d’art contemporain

 

Jusqu’au 25 avril, le Musée d’art contemporain de Montréal vous invite au voyage avec son exposition vedette, une introduction à l’oeuvre de l’Albanais Anri Sala. Jeux de lumières, sons et silences, instruments autonomes et animés, l’antre tourbillonnant de cet artiste établi à Berlin attirera les curieux. La visite met les sens en éveil, le long d’un parcours balisé. C’est une grande première au Canada, et l’exposition la plus ambitieuse en Amérique du Nord, portant sur cette figure de proue de l’art contemporain.

 

 

Le son est au coeur de ces installations poétiques. Il emplit l’air ou brille par son absence. Le silence comme leitmotiv? «Dans After Three Minutes, la cymbale, c’est visuel», a confié Sala lors d’une rencontre avec le public, organisée par le MACM, le 3 février dernier. «Plusieurs personnes m’ont dit: ‘C’est étrange, tu as ôté le son, la première fois il
y en avait, et c’était bien!’ Mais ce n’est pas du non-son, c’est plutôt du son qui a été vidé.»
 
 
Au pays des aigles
Si le tambour est cher au célèbre écrivain albanais Ismail Kadare, chez son jeune compatriote, le bataillon des caisses claires se distingue. Récurrence d’un silence subtil avec Doldrums: les dix caisses claires, disposées à quelques mètres les unes des autres, martèlent le temps sans intervention humaine, des basses fréquences inaudibles déplaçant les baguettes. Quand une projection vidéo débute, les tambourinements
retentissent automatiquement, comme par magie. C’est le ciment des oeuvres entre elles.
 
 
Parmi les films programmés, soulignons le documentaire Dammi i colori – «Donne-moi les couleurs» en italien –, qui relate le travail novateur d’Edi Rama, artiste et ami d’Anri Sala. Maire de Tirana, la capitale albanaise, depuis dix ans, Rama a fait rénover les façades des édifices et barioler les murs, contrastant avec le délabrement de la chaussée, qui porte encore en elle les stigmates du passé. Ces immeubles peinturlurés rappellent le quartier de La Boca à Buenos Aires. Dammi i colori nous présente la vision d’un politique atypique qui a voulu redonner un sentiment d’appartenance à ses concitoyens.
 
 
Celui qui fut désigné Maire de l’année en 2004 par citymayors.com est un homme audacieux, selon Sala. «Edi affirme qu’être un élu, c’est le non-droit et le droit d’être aveugle. Prendre des risques pour les autres, mais moins calculés, pas comme dans un atelier, en face d’une page blanche. The right to try to fail.» 
 


Ivresse de l’agencement 
L’autre angle majeur choisi par le vidéaste: la spatialisation. En 2004, Sala présentait d’ailleurs au Musée d’art moderne de la ville de Paris Entre chien et loup. À cette occasion, il explorait une nouvelle piste: l’écrin de ses travaux aurait désormais autant d’importance que le contenu. Ses réalisations, toutes imbriquées les unes dans les autres, forment un assemblage redéfinissant l’espace. En parcourant l’expo de Sala au MACM, lorsqu’un film s’achève, un autre nous happe et nous entraîne dans son sillage. Sala a composé une oeuvre que l’on appréhende telle une épopée. Il renchérit d’ailleurs: «Ce qui m’intéresse dans une expo, c’est la transmission et le transfert entre les pièces.»
 
 
 
Anri Sala | Jusqu’au 25 avril | Musée d’art contemporain de Montréal
185, Ste-Catherine O. | macm.org