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Lomepal: le rappeur français s’offre Montréal à guichets fermés (ENTREVUE)
Crédit: Courtoisie

Il y a quelques années, Lomepal peinait à se faire un vrai nom dans le monde du rap en France. Puis, en 2017, il a sorti Flip, un album qui a redistribué les cartes. Désormais, le rap français ne jure que par lui. Sa sensibilité est encensée dans les médias, les ados en sont fans et le public craque devant ce beau parleur qui offre une musique à cheval entre le rap et la pop.

En décembre dernier, Antoine Valentinelli de son vrai nom, a présenté Jeanine son second album, qui porte le prénom de sa grand-mère. Encore plus personnel, plus intime, ce sont des bribes entières de sa vie et de la folie de sa grand-mère qu’il s’est donné pour mission de présenter avec ce nouvel opus, qu’il défendra sur la scène du MTelus à guichets fermés, le vendredi 8 mars. Je l'ai rencontré dans un café à Montréal pour en discuter avec lui.
 
Au début de ta carrière tu es arrivé en rappant « Appelez-moi Majesté », est-ce qu’aujourd’hui je dois t’appeler Majesté, Lomepal ou Antoine ?
(Il sourit) Non, juste Antoine !

Antoine, donc, ce n’est pas la première fois que tu viens à Montréal, est-ce que tu es content d’être de retour ?
Oui grave ! Je suis hyper content, j’adore Montréal ! Même si je la préfère un peu plus en juin…

Tu te souviens de ta toute première scène au Québec ? C’était quand, où et tu en gardes quel souvenir ?
Je suis venu pour la première fois à Montréal en septembre 2013. Un mec m’a fait venir pour un concert et c’était hyper dur pour moi, car il y avait genre 10 personnes dans la salle… Je suis revenu ensuite le janvier d’après et là j’ai fait un concert dans un appartement genre un showcase privé avec des potes qui organisaient ça. Puis je suis venu en juin (2017) pour un concert au Belmont et encore en juin l’année suivante avec des potes pour des vacances pendant le Festival Mural.
 

Courtoisie

Ah, j’y étais à ce concert au Belmont et j’en ai pas gardé un très bon souvenir. L’ambiance était cool, mais il y avait un petit problème de son et ça ne rendait pas justice ni à toi ni à ton rap.
Ah bon ? Moi j’avais trop kiffé ! J’avais pas d’ingénieur de son, j’étais tout seul, mais il y avait quand même une bonne émotion j’ai trouvé. J'me rappelle qu’il y avait eu que des galères !

Comment tu te sens à l’aube de t’offrir un MTelus sould out pour présenter un album déjà disque de platine (plus de 100 000 exemplaires vendus) ?
Ça me fait plaisir de fou, j’suis hyper content. J’aime jouer dans des salles pleines, comme tout le monde. La dernière fois que j’ai joué ici, c’était deux semaines avant que mon premier album ne sorte. Donc, je vais tout découvrir ici !

Est-ce que tu penses qu’il y a une différence entre un public québécois et un public français ?
Je n’ai pas d’a priori sur les publics… Y a pas de règles en fait, je m’y prépare comme pour n’importe quel concert. En général, ce que j’aime c’est me donner à fond, voir que le public se donne à fond aussi et ça crée un couple et ça donne lieu au concert !

C’est toi qui as tenu à revenir à Montréal pour présenter ce nouvel opus ?
Je voulais revenir en 2018, on avait voulu faire les Francofolies, mais ça ne s’est pas fait. Là quand on a voulu faire l’international pour Jeanine, on a choisi Londres, Québec et Montréal, au MTelus, ce qui est parfait ! Je suis assez content de le faire, car je vais pouvoir faire découvrir mes deux albums d’une traite, ce qu’on a raté l’année dernière.

Entre Flip et Jeanine, le public a pu sentir une vraie évolution. Qu’est-ce qui a changé pour toi pendant ce laps de temps ?
Flip parlait beaucoup de mon adolescence, c’est pas mal de morceaux que j’avais prévu de faire depuis longtemps (…) il y a des morceaux sur le skate, sur ma mère… Il était hyper mûr, j’avais juste à le sortir et Jeanine j’avais rien du tout. Je me suis retrouvé, je voulais faire quelque chose de différent de Flip. J’ai même fait le pire truc à faire, j’ai réécouté Flip et je me suis dit « Wow il est génial, je n’arriverai jamais à faire un truc pareil» et j’ai commencé à idéaliser mon disque d’avant et à penser que j’étais un incapable! À force de creuser, de gratter, j’ai fini par écrire des morceaux, à en jeter et j’ai fini par écrire Jeanine. C’était un peu dur, car j’ai vraiment voulu l’écrire dans l’urgence. Je voulais absolument qu’il sorte en fin d’année.

Pourquoi ? C’est un défi que tu t’étais personnellement lancé ?
Je voulais juste avoir quelque chose à dire sur scène et je voulais vraiment remplir une tournée. Ces deux raisons-là ont donné de l’urgence au projet. Après Flip, je voulais vraiment parler de l’après-succès et de ma vraie vie. Il n’y a qu’une fois que mon disque est sorti, pas avant, que je me suis rendu compte qu’en fait il était super triste.

Il est super triste, en effet. Quand on écoute tes albums on a l’impression qu’écrire est pour toi une sorte d’exutoire.
Je parle tout le temps dans ma vie, je raconte tout à tout le monde. Je tiens ça de ma mère, je pense, ce ne sont pas des choses que je gardais pour moi. Tous mes proches connaissaient ma vie avant que je la dise dans Jeanine, c’est pour ça que ce n’est pas un exutoire, pas un « ah ça y est, voilà je le dis enfin ». Je suis hyper content de pouvoir rendre ça musical et touchant (…) Limite, que le public le sache, ça m’embête plus que ça ne me fait du bien. Je suis hyper content de toucher le public et c’est ça qui me fait du bien : c’est de réussir à écrire un morceau qui remplit les gens de plein d’émotion en l’écoutant.

Tes deux albums sont en effet très personnels, est-ce que tu vas continuer à creuser cette piste pour le futur ?
Non, je ne sais pas. Je ne vais pas écrire tout de suite. Pour la réédition oui, je vais écrire quelques morceaux, mais je ne pense pas faire un album avant un bon moment. Peut-être que ça va me démanger en 2020, mais là l’année 2019 est bien chargée ! J’ai encore pas mal de concerts et des projets parallèles sur lesquels j’aimerai me pencher.

Quel genre de projets ?
De la vidéo ! J’aimerais écrire pour le cinéma, un film ! Et j’ai plein d’autres projets encore un peu flous. Mais là, c’est le moment de laisser Jeanine vivre un peu ! Autant Flip il y avait une urgence pour moi d’écrire autre chose, autant là ce sont des propos qui collent encore à ce que je vis aujourd’hui et certainement à ce que je vivrai dans un an, donc j’ai moins d’urgences à sortir quelque chose de nouveau.

Est-ce que la notoriété que tu as acquise te dérange un peu ?
J’ai appris à vivre avec. De temps en temps on vient, on fait une photo, une petite blague, c’est un peu chiant et je ne prends pas vraiment du plaisir à faire ça, mais c’est rien comparé à la contrepartie que ça m’a apportée : vivre de ma passion, l’épanouissement personnel, la sécurité pour moi, pour ma famille, le fait de pouvoir avoir de l’argent pour faire mes projets parallèles. Puis les tournées, tout ça m’a apporté une famille. Aujourd’hui, j’ai une vraie famille musicale hyper soudée et ça, c’est la musique qui me l’a apportée.

Et le rap québécois, est-ce que tu en écoutes?
J’en écoute un peu, mais j’en écoutais plus avant pour être honnête. J’écoutais Koriass, Obia Le Chef…En fait la plupart des gars du World Up ! J’écoutais ça en 2012. Aujourd’hui, j’écoute plus trop spécialement de rap québécois, j’écoute encore ce que fait Obia le Chef parce qu’on se connait et Loud aussi.

Et si on te proposait de collaborer avec un rappeur Québ ?
Les collabs je les refuse toutes en bloc. J’ai pas envie de me transformer en bête à feat. Donc là, je pense que si on me proposait quelque chose au Québec, je refuserais, de la même manière que si c’était en France. J’ai vraiment envie de me concentrer sur autre chose !

Lomepal sera en concert le 7 mars à Québec, à l’Impérial, le 8 mars à Montréal au MTelus et il fera un Showcase privé le 9 mars à Montréal, également.

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