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«Oslo» de J.T. Rogers au Théâtre Jean Duceppe : un thriller politique jazzy et ambitieux
Crédit: Caroline Laberge

25 ans après la tenue des rencontres secrètes à Oslo, destinées à négocier un accord de paix entre la Palestine et Israël, une traduction de David Laurin de la pièce de J.T. Rogers, qui a récolté une panoplie de prix à Broadway l’an dernier et qui s’intéresse de près à ces machinations, est présentée chez Duceppe.
 
Édith Patenaude, qui devient au fil du temps – et spécialement depuis sa version féminine et éclatée de Titus, ce printemps dernier au Prospero – une spécialiste des histoires compliquées avec une multitude de personnages, nous offre ici un ballet jazzy de longue durée, une mise en scène précise qui souligne tranquillement les différentes implications politiques et sociales de ce sommet secret.
 
Cette pièce est aussi, pour le théâtre Jean Duceppe, symbole de renouveau – les deux nouveaux directeurs artistiques, Jean-Simon Traversy et David Laurin, commencent leur règne en force avec ce spectacle actuel et sans compromis, qui s’intéresse avec un angle social et presque anthropologique à un moment important de l’histoire géopolitique du 20e siècle.

 
Le récit tourne autour des négociations organisées dans l’ombre par Terje Rod-Larsen (Emmanuel Bilodeau, la voix plus chevrotante que jamais) et sa conjointe Mona Juul (Isabelle Blais), dont le charme opère sur tous les personnages masculins qui croisent son chemin. On passe à travers les hauts et les bas de tout accord impliquant des enjeux aussi considérables, même si certains d’entre eux sont effleurés un peu rapidement – un choix éditorial louable, considérant toute la littérature disponible à ce sujet pour les spectateurs les plus curieux, et le fait que la pièce dure déjà 2h40.
 
Le texte de Rogers expose non seulement les machinations conduites derrière les portes closes de cet hôtel danois, mais aussi le danger auquel s’exposaient les instigateurs des pourparlers, et la finesse des manœuvres politiques qui ont été nécessaires afin de ne pas vendre la mèche et mener l’entreprise à terme.
 
L’amitié qui s’est développé entre Abou Ala (un Manuel Tadros en grande forme) et Uri Savir (Jean-Moïse Martin en mode hilarant) est explorée dans toute sa complexité, et devient passablement attachante. La présence de deux musiciens (Mathieu Désy et Kevin Warren) jazz sur scène bonifie l’expérience, et en fait un récit dynamique avec un petit parfum suranné, un thriller politique comme on n’ose pas en monter assez souvent, et un début de saison ambitieux pour ce théâtre du Quartier des Spectacles qui risque décidément de nous en mettre plein la vue cette année.
 
Oslo
Jusqu’au 13 octobre
Théâtre Jean Duceppe

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