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« Des promesses, des promesses » à La Licorne : une grande, GRANDE performance!
Crédit: Suzanne O'Neill

Rares sont les acteurs et les actrices capables de porter un solo de 100 minutes et de saisir l’attention des spectateurs dans le creux de leur main, en les guidant à travers les rires et l’horreur d’une histoire qu’on n’oubliera jamais, comme une promesse. Ils sont rares, mais parmi eux, figure Micheline Bernard.

Plusieurs membres de la génération Y ont grandi en regardant la comédienne interpréter l’un des rôles marquants de leur enfance : Jocelyne « Yo! les jeunes! », la psychologue aux expressions ô combien loufoques de Radio Enfer.

Plus de quinze ans plus tard, Micheline Bernard foudroie les amateurs de théâtre avec le même talent hors norme en prêtant ses traits à Miss Brodie, une enseignante retraitée qui fait de la suppléance dans une école primaire de Londres.

Amère, blessée par la vie, hautaine, difficile d’approche, les bras croisés, le menton volontaire, le corps raide comme une barre, elle est pourtant profondément humaine, parfaitement consciente de sa personne, de ses failles et de ses forces. L’un de ses talents étant de guider les petits bouts de vie qui s’assoient devant elle et de leur faire la promesse d’être là pour eux, de les guider, de les faire avancer et de les protéger.

Le jour où elle voit arriver dans sa classe une Somalienne du nom de Rosie, qui souffre de mutisme sélectif, Miss Brodie sent quelque chose vibrer : un écho qui résonne entre elle et la petite, comme un fil invisible qui tenterait de refermer les blessures de l’une et de l’autre.

Quand l’enseignante apprend qu’un membre de sa communauté viendra à l’école pour exorciser les démons de la fillette, ses instincts de lionne et de louve se réveillent, prêtent à la protéger. Peu importe les conséquences. Peu importe les plaies qu’elle rouvrira. Peu importe le mal qu’elle fera pour faire le bien. Elle tiendra promesse.

Seule sur scène, Micheline Bernard ne déçoit jamais. La force, la vulnérabilité, la lucidité, la drôlerie et l’extrême humanité qu’elle insuffle à son personnage forcent notre admiration. Sa capacité à moduler sa voix, son corps, ses intonations et son rythme pour évoquer les hommes et les femmes qui interagissent avec Miss Brodie est une leçon d’interprétation. Sa façon de rendre merveilleusement clair et intelligible un texte riche et dense est une bénédiction.

Coup de chapeau au metteur en scène Denis Bernard qui, avec une sobriété qui l’honore, dirige une actrice au sommet de son art, dans une pièce qu’on n’est pas prêt d’oublier. 

Crédit: Suzanne O'Neill
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