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Nos 7 coups de coeur d’Osheaga 2016 + quelques irritants
Crédit: Claude Dufresne
Encore une fois cette année, le chaos contrôlé qu'est Osheaga nous en a mis plein les yeux et surtout, plein les oreilles. De la performance de deux heures de Radiohead dont nous nous remettons à peine, en passant par la nourriture pas toujours très santé dont nous nous sommes nourri tout le week-end, avec un détour vers le musclage de nos jambes via la marche et la danse – voici notre retour sur une édition très bien rodée.
Paul Kalkbrenner (crédit: Eva Blue)
1-) La scène Piknic
La programmation sur cette scène a rarement été aussi à l'écoute du pouls électronique global. Il y en avait pour tous les goûts et on aurait pu y passer tout le festival (c'est d'ailleurs ce qu'on a presque fait vendredi). Le son était parfaitement calibré, étrangement plus fort et satisfaisant que ce qu'on entend chaque dimanche sous le Calder. On y a entendu des formations sympathiques comme Rüfüs du Sol, Keys N Krates et Todd Terje and the Olsens, et des grosses pointures comme Boys Noize et Paul Kalkbrenner. Kaytranada y a été programmé samedi, mais il aurait clairement eu besoin d'une plus grosse scène.

Le plus gros bémol, cependant? Le dude qui arrosait la foule avec un jet d'eau soutenu, dans un contexte de non-canicule. À part compromettre le bon fonctionnement des téléphones mobiles et la bonne humeur des spectateurs, on comprend mal à quoi ça servait.

 
2-) La grande place accordée aux artistes locaux
Oui, il se fait de l'excellente musique partout sur la planète, mais Montréal est une métropole où la créativité est sans égal, et la représentation des artistes locaux était, cette année, très proportionnelle. Outre Wolf Parade, Kaytranada et Coeur de Pirate, on a aussi eu droit aux Foreign Diplomats, et au terme d'une énorme année pour le hip-hop, à Koriass et aux Dead Obies, qui n'avaient vraiment rien à envier aux Tory Lanez de ce monde.
Grimes (crédit: Claude Dufresne)
3-) Grimes
La vancouvéroise Claire Boucher, qu'on connaît mieux sous le nom de Grimes, nous a répété au moins dix fois pendant sa performance qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle était désolée d'être aussi statique sur scène. Toutefois, elle ne l'était clairement pas! Elle bondissait et dansait, jouait du clavier et des percussions, et haletait à chacune de ses interventions au micro. En 45 minutes avec le niveau d'énergie «dans le tapis», elle en a séduit plus d'un et nous a fait habilement (re)découvrir son répertoire de pop atypique et fort efficace.
 
4-) L'aspect «nostalgie»
Sans être aussi explicitement nostalgique que la programmation du Festival d'été de Québec ou du Amnesia Rockfest, il y avait dans le line-up d'Osheaga un indéniable rappel au passé, alors qu'on a eu droit au retour de Wolf Parade, ainsi qu'à des performances de Cypress Hill, Radiohead et Red Hot Chili Peppers. Il faut toujours, lorsqu'on programme un festival, balancer un savant dosage de valeurs sûres et de découvertes, et je crois qu'à cet égard, cette année, Osheaga a réussi haut la main. Il y avait suffisamment de «crowd pleasers» comme m83, Death Cab for Cutie ou Beirut, que d'artistes moins «évidents», habilement insérés un peu partout dans la programmation. Venez pour le confort, restez pour la découverte!
Frightened Rabbit (crédit: Pierre Bourgault)

5-) L'application Osheaga

Habituellement un prétexte marketing approximativement programmé, l'application mobile d'un festival laisse parfois à désirer. Par contre, celle de cette année était un outil essentiel qui facilitait la vie du festivalier, le laissant planifier son parcours et le prenant par la main avec des alertes ponctuelles 15 minutes avant chaque performance. On y a aussi appris avant tout le monde les annulations – certains ont chaudement pleuré l'absence de Disclosure – et les performances «pop up», notamment un spectacle accoustique de Frightened Rabbit samedi dans un contexte très intime à côté de la tente Fondation evenko. De l'excellent travail.
 
6-) Le Matos
Il fallait se lever tôt pour les atrapper dimanche, mais l'annulation de Synapson leur a permis de jouer à une heure un peu moins matinale et, ma foi, c'était tout ce que nous attendions et encore plus. Le duo montréalais, responsable entre autres de la trame sonore du film Turbo Kid, donne dans la synth pop rétro-futuriste, un style jubilatoire et cinématique qui introduisait parfaitement cette dernière journée passée dans le wasteland poussiéreux de l'île Ste-Hélène, à arpenter ce territoire sur-crowdé à la recherche de liquide.
 
7-) L'efficacité des kiosques
Accueillir des milliers et des milliers de spectateurs par jour, ça peut être assez difficile sur le moral d'un vendeur de hot dogs, spécialement quand on parle d'un public parfois passablement intoxiqué. Nous étions donc agréablement surpris de ne presque jamais faire la file très longtemps, et d'être constamment servis par des gens souriants et efficaces. La fréquence de passage des vendeurs de bière qui sillonnaient la foule était aussi pas mal appréciée par les gens assoiffés par le soleil plombant. Mourir de déshydratation? Pas cette année!
 
Ce que nous avons moins aimé
On comprend la nécessité d'éloigner certaines scènes à cause des contraintes sonores, mais la scène Verte semblait l'aboutissement d'un long pèlerinage piéton, mirage lointain et improbable où nous arrivions inévitablement au bout de nos rafraîchissements; en raison de l'horaire parfois contraignant des performances, nous avons dû mettre une croix sur certains artistes qui s'y produisaient, car s'y rendre était trop long.
Aussi, l'événement affichait complet au moins un mois avant sa tenue, et ça se sentait une fois sur place – il n'y avait littéralement AUCUN endroit sur le site où on pouvait échapper à la foule. Bien que le site soit immense, l'espace pour respirer paisiblement y est une denrée très rare.
Au final, nous sommes fort satisfaits et contentés de notre pèlerinage dans le microcosme d'Osheaga 2016, et bien sûr, aussi cliché que ça peut paraître, on a déjà hâte à l'an prochain!