Aller au contenu
Sonia se fait du sang de cochon pour le Québec
Crédit: Johana Laurençon

Le Centre Culturel Islamique de Québec a reçu un bien drôle de cadeau tôt dimanche matin autour de l’heure de la Salat Al-Fajr. Une tête de porc emballée a été soigneusement déposée à l’entrée du lieu de culte. Une carte était épinglée au « cadeau » où l’on pouvait y lire « Bonne (sic) appétit ».
 
Bien qu’il ne s’agisse pas du premier épisode de ce genre, le président du Centre Culturel Islamique de Québec (CCIQ), Mohamed Yangui explique mal ce qui a pu motiver le(s) personne(s) à commettre un tel geste. Lui qui avec l’aide de communauté musulmane de la ville de Québec tente tant bien que mal de toujours donner une image du « bon musulman » aux Québécois, se désole de constater qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Déjà, il faut savoir que le porc est devenu depuis les dernières années, l’arme de prédilection des intolérants. De nombreuses mosquées ont été profanées autant ici qu’ailleurs : à Reims, à Montauban, à Dijon, alouette.
 
En 2013, la façade d’une mosquée dans la région de Saguenay avait été souillée par du sang de cochon. Une lettre aux propos haineux gisait sur les lieux. C’était à l’époque de la Charte des valeurs et du débat de société l'entourant, que le projet avait soulevé. Débat qui à mon humble avis a bien vite bifurqué en une chasse aux sorcières. Bref.
 
Jeter sur le seuil d’une porte une tête de cochon, pour revendiquer son droit à la liberté d’expression, n’est vraiment pas la solution. Une critique se bâtit avec des mots. Un argumentaire est porté par une réflexion et des faits. Un geste haineux comme celui-ci est tout simplement gratuit. Donc à toi qui voulais te faire entendre, je te suggère fortement d’utiliser ton temps libre intelligemment. Tiens, je t’invite sur ma galerie. On prendra un verre tout en discutant de ce qui te dérange chez moi, chez ma famille, chez ma communauté. Je te servirai même du bacon, pourquoi pas? Pas game!
 
Blague à part, nous sommes plusieurs « bons musulmans » à vivre en parfaite harmonie avec la société.  Pratiquants ou pas, voilées ou pas, nous vivons notre petite vie tranquille sans déranger personne. Au contraire, nous marchons même sur des œufs, de peur de nous faire traiter d’intégriste, de terroriste ou pire d’être la cible de violence physique.
 
Ce qui s’est passé, témoigne non seulement, d’une intolérance crasse qui sournoisement se fraye un chemin dans notre société, mais nourrie aussi cette sacrée crainte qui tranquillement pas vite grandie des deux côtés. Aujourd’hui, c’est une tête de cochon sur le perron, demain ça sera…?
 
Je n’écris pas ces lignes en tant que Marocaine. Je n’écris pas non plus en tant que musulmane. J’écris ces mots en tant que citoyenne, en tant qu’humaine qui a un peu peur pour l’avenir de sa société.
  
Nous sommes en plein mois du ramadan. Un mois sacré pour les musulmans où piété, charité et don de soi sont à l’honneur. Un mois où la reconnaissance, la tolérance et la gratitude rythment les journées de jeûne. Un mois où recueillement et famille sont au cœur des préoccupations des musulmans. Un mois d’introspection et de réflexion.

Ce serait bien que certains suivent cet exemple. Un petit time out avec soi-même ne serait pas de refus. Notre société s’en porterait peut-être mieux. 
 

Plus de contenu