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Retour sur les choix du jury du 69e Festival de Cannes
Crédit: C. Duchêne / FDC
La 69e édition du Festival de Cannes s’est terminée hier. Juste la Fin du Monde a remporté le Grand Prix, l’équivalent d’une médaille d’argent aux Olympiques. Une première pour le cinéma québécois, qui n'avait encore atteint de si hautes distinctions. Retour sur le festival à l’année érotique:  
Le Jury

Les membres du jury ont été présidés par le réalisateur australien Georges Miller (où au même endroit l’année dernière il présentait son chef d’oeuvre explosif Mad Max : Fury Road). À ses côtés pour aider ou embrouiller ses décisions, le Canadien Donald Sutherland (père de l’autre ou président Snow pour les adeptes des Hunger Games), le réalisateur français Arnaud Desplechin (récompensé l’année dernière pour son Trois Souvenirs de ma Jeunesse par le prix Semaine de la Critique), l’Américaine Kirsten Dunst (Midnight Special, Melancholia, Marie Antoinette…), l’actrice-réalisatrice italienne Valeria Golino (Miele), l’acteur danois Mads Mikkelsen (Le Chasse, le méchant de Casino Royal), le réalisateur hongrois László Nemes (Le Fils de Saul, Grand Prix du Festival l’année dernière), la productrice iranienne Katayoon Shahabi et l’actrice-chanteuse Vanessa Paradis (La Fille sur le Pont, Joe le Taxi).

Les Verdicts 

Prix du scénario : Asghar Farhadi  – Forushande (Le Client

Le réalisateur du percutant Une Séparation, signe le scénario de Forushande en y adaptant par le même geste La mort d’un commis voyageur, pièce du dramaturge américain Arthur Miller. Histoire d’un quotidien ordinaire subitement transformé par la tragédie. La vengeance est un plat qui se mange froid. Une femme agressée, son mari mène l’enquête pour retrouver l’agresseur et lui faire payer le prix des douleurs qu’il lui a infligés. Au-delà de la vengeance, se dessine par son scénario une critique de la société iranienne, son rapport avec sa religion et une remise en question de la force dirigeante de l’homme chez les musulmans.

  

Prix d’interprétation féminine : Jaclyn Jose pour Ma’Rosa – Brillante Mendoza 
 

Jaclyn Rose y interprète une traffiquante de drogues. Après une descente de police dans sa demeure, elle se retrouve derrière les barreaux en compagnie de son mari. Une caution élevée devra être payée pour les libérer. L’argent devra être trouvé et une stratégie bien pensée et menée à exécution pour goûter de nouveau à la liberté. Dirigé par Brillante Mendoza, réalisateur qui va dans un cinéma souvent socialement engagé, usant de la réalité pour mettre en scène ses histoires (voir : John John, Kinatay).

Prix d’interpération masculine : Shahab Hosseini –  Forushande (Le client)

Shaba Hosseini interprète l’acteur de théâtre/metteur en scène qui cherche à rendre justice à sa femme.

Prix du Jury : American Honey – Andrea Arnold
 

Le nom d’Andrea Arnold s’est surtout fait entendre après son excellent Fish Tank qui explorait l’Angleterre trash en mettant en scène une jeune femme à en devenir, amateure de danse, qui tombe sous les charmes d’un Michael Fassbender qui n’aura jamais été autant magnifié sous l’oeil de la caméra. American Honey c’est un road trip à travers l’Amérique américaine des États-Unis. C’est un portrait de la nouvelle génération. Et tout le monde semble s’entendre pour dire que Shia LaBeouf  en hors la loi, n’aura jamais été aussi bon. 

Prix de la Mise en Scène (ex-aecquo) 

Bacalaureat – Cristian Mungiu

Connu avec son 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le réalisateur roumain arrive avec une histoire de graduation manipulée par un père souhaitant voir sa fille monter dans les rangs de la société. Mungiu fait dans ses mises en scènes froides, épurées. Les personnages se permettent d’exister dans ses cadres et la composition du rythme de ces récits fait transcender une réalité qui devient palpable et atteint droit au coeur.  

Personal Shopper – Olivier Assayas

Dans un style à l’opposé de Mungiu, Assayas se fait couronner du même prix. Personal Shopper, qui a reçu un accueil plutôt mitigé de la critique de par sa réception plus que froide lors de sa projection (les gens ont hués), se veut un thriller d’horreur mettant en scène Kristen Stewart qui rencontre des fantômes. Les images parlent d’elles-mêmes et on y voit un Assayas qui renoue avec le genre plus noir dans le style d’Irma Vep.

 

Grand Prix : Juste la Fin du Monde – Xavier Dolan
 

La suite de l’ascension Dolan. Il était difficile de prévoir le sort de Juste la Fin du Monde. Une presse américaine très difficile et une autre presse internationale prête à crier au chef d’oeuvre ou au flop du jeune réalisateur. Juste la Fin du Monde aura secoué et provoqué les débats. Au final, Xavier Dolan s’en sort avec une mention plus qu’honorable et livre un beau discours d’acceptation tout en larmes, dans un français à l’accent québécois bien étouffé. L’adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce aura valu le coup. On devra attendre le 21 septembre pour se prononcer.

Palme d’Or : I, Daniel Blake – Ken Loach
 

Les controversés choix cannois continuent avec au sommet, la Palme d’Or que personne ne voyait venir entre les mains du cinéaste anglais Ken Loach. Film qui s’est fait remarquer par son message social dans la représentation d’un regard nécessaire et obligé sur une classe ouvrière anglaise délaissée. Film qui ne s’est pas vraiment attiré les louanges par sa forme plutôt conventionnelle et un traitement par moment jugé trop manichéen. Histoire d’un vieil homme et un arrêt de travail obligé après des problèmes de santé.  Aucune compensation offerte par les programmes gouvernementaux, dans sa recherche de revenu, il croisera une mère de famille affligée par les mêmes maux. La misère du petit peuple comme point justificateur pour le réalisateur qui se voit recevoir pour la deuxième fois le prestigieux titre (en 2006 avec The Wind That Shakes the Barley).

En compétition dans la Catégorie Un Certain Regard et Caméra d’Or : 

Prix Un Certain Regard : Hymyilevä Mies – Juho Kuosmanen

 

Caméra d’Or : Divines – Houda Benyamina

En rafale – Les oubliés, mais remarqués :

Elle de Paul Verhoeven. Isabelle Huppert encore et toujours de feu.

Neon Demon. Nicolas Winding Refn (Drive) n’a pas fait l’unanimité dans son choix cauchemardesque d’une représentation sombre de la mode pompé au beat électro.

Ma loute. Une comédie signée Bruno Dumont (L'Humanité, P'tit Quinquin) : 

Rester Vertical. Après L’Inconnu du Lac, Alain Guiraudie présente une fable qui fleurte avec la comédie, dans ce que l’on appelle du grand cinéma.

Toni Erdmann. Le surprenant film de Maren Ade. 

Paterson. Le poème visuel de Jim Jarmush

 

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