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Critique de « Un paradis pour tous »: l’évasion fiscale pour les nuls expliquée par un guide vidéo
Crédit: Unparadispourtous.com
Le dernier film du cinéaste québécois Robert Morin traite du mauvais goût et pas n'importe lequel, celui des fameux paradis fiscaux, mais plus particulièrement sur l’être humain qui tente de détourner ses impôts au profit de son porte-monnaie. L’insolite réalisateur aborde la question sur tous les tons possibles, du clin d'œil leurré au cliché des plus grossiers.

Tourné en vidéo avec un minuscule budget de 120 000 $, Un Paradis Pour Tous est une petite production qui dure à peine 76 minutes mettant en vedette un seul acteur, ou presque, Stéphane Crête, qui incarne pas moins d’une vingtaine de personnages dans ce « one-man-show » totalement délirant (le générique de fin vous le confirmera !).

Injustement démis de ses fonctions pour avoir voulu coincer un criminel à cravate, Jean-Guy «Buster» Simard quitte le fisc avec une idée fixe en tête: se venger en tournant une vidéo, en trois chapitres, sur les conditions de l’évitement fiscal. Entre Montréal, Genève, Calgary et les îles Caïman, son enquête extravagante prend la forme d’une comédie dadaïste et irrévérencieuse, où il interprète tous les rôles à la fois, au fil d’un exposé où le pouvoir de l’argent le confronte peu à peu à ses propres démons.

L'art du mauvais goût 

Ce seizième long métrage de Robert Morin s’inscrit dans la lignée des thèmes abordés dans Papa à la chasse aux lagopèdes (2008), une œuvre qui relatait la fuite proéminente d’un banquier impliqué dans diverses opérations peccantes.

Le réalisateur de Requiem pour un beau sans-cœur (1992) et Le Nèg’ (2002) reste fidèle à ses principes et sa singularité qui lui a permis de se distinguer au sein du cinéma d’auteur québécois. C'est-à-dire qu’il dénonce par l’entremise d’une caméra subjective, une ramification immorale de la société par un discours délateur. Comme dans Yes Sir! Madame…(1994), il met en scène un protagoniste qui traverse une crise identitaire déroutante à la fois gênante et hilarante. En ce qui concerne l’humour acerbe du film, Morin rate parfois sa cible avec un humour douteux qui laisse le spectateur dans la confusion et le malaise. Néanmoins, le cinéaste touche un sujet complexe, pas toujours compris auprès du public, qu’il simplifie par l’intervention de divers raccourcis comme des clichés sur les homosexuels, les petits bandits, les juifs, les Arabes, les toxicomanes, les patrons qui font des orgies triviales et les banquiers alcooliques pour nommer que ceux-là; tous émaillés des particularités propres à leurs fonctions.  

Il est clair que l’esthétique peu conventionnelle de Robert Morin peut déranger plusieurs, et il ne sera évidemment pas pour tous les goûts. Peu importe si la satire sociale de ce dernier vous parle ou non, Un Paradis pour tous vaut le détour pour la performance effrénée de Stéphane Crête qui justifie son titre de maître du déguisement.

 

Un Paradis Pour Tous
En salles dès le 1er avril