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Chronique d’un échec annoncé ou quand j’ai essayé Tinder à Rome
Crédit: Johana Laurençon

Des fois, t’as beau être célibataire dans une des villes les plus romantiques du monde, si la vie ne veut point que tu fourres, la vie s’arrangera pour que tu ne fourres point.

Comme la fois où j’ai essayé Tinder à Rome.
 
Tout au long de mon voyage en Italie, j’étais dans un mood « je me remets d’une peine d’amour, laissez-moi en paix. » Jusqu’à ce samedi soir, avant-dernière nuit de mon voyage, où j’ai décidé (un peu pompette) d’ouvrir Tinder dans un élan de type attraversiamo! Tsé, après tout, ça pourrait être le fun une date avec un cutie italien, juste avant de repartir!

Sauf que faut savoir que la faune célibataire masculine romaine sur Tinder est particulière. En voici un échantillon récolté sur le terrain:

Ou ceci:

J’avais néanmoins commencé à chatter avec un Alessandro. Un vrai cute de chez cute, mais un peu insistant. Il tenait absolument à ce qu’on se rencontre le lendemain. Moi, en poltronne professionnelle, je la joue safe en lui promettant que je lui écrirai le lendemain en fin de journée pour confirmer.
 
Le lendemain, je me rends toute excitée au Palazzo Barberini, qui abrite la Galleria Nazionale d’Arte Antica, c’est-à-dire une collection époustouflante de toiles de la Renaissance. Je suis là à déambuler, émue aux larmes, dans ma petite robe en dentelle de coton écru quand, au détour d’une salle, je tombe face à face avec elle.

 
La Fornarina. De Raphaël. La petite boulangère. C’était sa blonde, à Raphaël. Je suis complètement hypnotisée par le portrait.
Par son regard, la délicatesse de ses traits, sa coiffure, le geste pour couvrir (ou découvrir) ses seins. Il se dégage de cette toile tellement de grâce, de caractère, de mystère. Cette œuvre me parle et je suis happée par tout ce qu’elle me dit. J’oublie la date, l’heure, où je me trouve, qui est président du Canada (Sarkozy?). Je suis ailleurs.
 
Tout à coup, je suis tirée brusquement de mon état de transe par une douleur aigüe dans mon abdomen. Une crampe, comme on dit. Une méchante grosse. Comme, comme quand je suis… MAIS NON! It can’t be! Viens-je de menstruer? De beauté? Expérience mystique-style? J’avais savamment calculé mes dates de voyage en fonction de mon cycle menstruel (voyager au féminin tsé). Je suis due la semaine prochaine! Je ne peux pas être menstr-OUCH! Ok, ok, pas de panique, je fais juste porter une robe écrue et des bobettes rose pâle, no big deal. Je suis juste à 25 minutes de marche de mon hôtel, rien là, vraiment. Je me réfugie dans les toilettes du musée pour vérifier si je suis bel et bien en shark week et… oui. Menstrue puissance chutes d’Iguazù. Fantastique. Super.
 
Je vous épargne la folle aventure consistant à trouver des tampons à Rome quand on a Matante Flo dans les bobettes. Che palle! Je finis par rentrer à l’hôtel en début de soirée, épuisée, où je prends une longue douche chaude avant de m’installer devant la télé en attendant le room service. C’est seulement à ce moment que j’ouvre mon téléphone et découvre le message Tinder d’Alessandro : « Bad girl! You never answer me ! You missed a great opportunity for sensual experience ! Don’t write me again! »
 
Euh, scuzi Alessandro, c’est pas moi la bad girl. C’est la Fornarina qui a provoqué ma paroi utérine! Pis ta sensual experience, tu te la feras tout seul! C'est pas de ma faute si les splendeurs de ta ville sont plus grandes que les tiennes, tsé. Basta.
 
Ceci dit, même si Rome m’a doublement cock-bloquée, ça reste un de mes plus beaux voyages à vie. ATTRAVERSIAMO!

Photos: Audrey P-M
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