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Oscars 2016: nos coups de cœur et prédictions!
Crédit: Spotlight

Amène les paillettes, le champagne, les plus belles robes, les moins belles, les costards et les dents blanches. Le cinéma se fait une fête pour la 88e cérémonie des Oscars. Les nominations tombées, la question se pose: De qui est composée l’élite qui souligne ou ignore le bassin cinématographique paru au cours de la dernière année? Des hommes. Principalement des hommes. À 76%. Une moyenne d’âge de 63 ans. Blancs à 94%. La diversité en prend un coup. Malgré la pluie de critiques plus qu’enthousiastes du presque parfait film de Todd Haynes, pas de Carol dans les catégories du meilleur film ou du meilleur réalisateur (on aurait tout donné à Carol). Rien pour les acteurs de Straight Outta Compton, ou encore pour Michael B. Jordan, ignoré pour son rôle dans Creed. Aucun Noir, un seul Latino (Alejandro González Inárritu), pas beaucoup de femmes. #OscarsSoWhite   

Pour l’amour du cinéma avant tout et le goût du glamour, nos yeux se porteront sur le petit écran le 28 février prochain. Chris Rock aux commandes de la soirée (wouhou!). En attendant le jour J, on se lance dans les prédictions. Et un nom sur toutes les lèvres: Leo.  

1. Meilleur film
Les nommés sont: The Big Short; Bridge of Spies; Brooklyn; Mad Max: Fury Road; The Martian; The Revenant; Room; Spotlight.
Va gagner: Spotlight
Devrait gagner: Mad Max : Fury Road

Les années l’ont montré, il est difficile de repartir avec la statuette dans cette catégorie sans avoir de mention dans celle du meilleur scénario (exceptions pour The Sound of Music et Titanic – R.I.P. Jack). The Revenant et Mad Max: Fury Road brillent par leur absence dans ladite catégorie. Spotlight de Tom McCarthy raconte de manière très académique le récit fascinant d’une petite équipe du Boston Globe qui va secouer bruyamment l’Église catholique. Une réalisation très clean, des montées dramatiques très bien orchestrées et un casting à hauteur de, pourraient justifier l’honneur. (En plus, l'histoire est vraie.) Mad Max: Fury Road de George Miller le mérite pour le grand spectacle époustouflant qui surligne l’importance du cinéma d’exister, en montrant les possibilités de son spectacle, images de synthèse en moins. 

2. Meilleur réalisateur 
Les nommés sont : Adam McKay (The Big Short); George Miller (Mad Max: Fury Road); Alejandro González Inárritu (The Revenant); Lenny Abrahamson (Room); Tom McCarthy (Spotlight).  
Va gagner : Alejandro González Inárritu, The Revenant
Devrait gagner : Alejandro González Inárritu, The Revenant

La mise en scène nordique inspirée de la légende du trappeur Hugh Glass et de sa folle aventure de survie dans un univers de violence. Une réalisation épique signée Inárritu. Du couper le souffle qui n’en finit plus de couper le souffle. Une beauté atteinte par l’utilisation unique de lumière naturelle et l'exploitation au maximum des paysages enneigés magnifiés. S'ajoutent une direction d'acteurs irréprochable (un Oscar pour l'interprétation d'Emmanuel Bilodeau) et un travail chorégraphique titanesque pour les scènes de combats. On oublie les animaux ajoutés malhabilement en effets spéciaux, The Revenant mériterait amplement la reconnaissance. À noter que si Mad Max: Fury Road s'en tire avec les honneurs, nous ne serons que plus heureux. 

3. Meilleure actrice
Les nommés sont : Cate Blanchett (Carol); Brie Larson (Room); Jennifer Lawrence (Joy); Charlotte Rampling (45 Years); Saoirse Ronan (Brooklyn). 
Va gagner : Brie Larson, Room
Devrait gagner : Cate Blanchett, Carol

Brie Larson peut bien repartir gagnante dans la prestigieuse catégorie. On n'aura pas la mauvaise impression de revivre la défaite de Blanchett, pour sa magnifique composition d'Elizabeth, devant une  fade Gwyneth Paltrow dans Shakespeare In Love. Larson joue dans le drame troublant d'une jeune fille séquestrée pendant plus de 7 ans, qui acceptera dans sa vie l'enfant né des nombreux viols de son bourreau. Récit d'une séquestrée libérée, l'actrice se glisse dans les tourments irréels d'émotions à vif qui s'enchaînent dans un cauchemar avec fin. Larson au naturel, en larmes, en cris et en joie. De son côté, Blanchett incarne avec sensibilité la sensualité de la femme amoureuse d'une passion brisée par les tabous d'une société à changer. 

4. Meilleur acteur
Les nommés sont : Bryan Cranston (Trumbo); Matt Damon (The Martian); Leonardo DiCaprio (The Revenant); Michael Fassbender (Steve Jobs); Eddie Redmayne (The Danish Girl).
Va gagner : Leonardo DiCaprio, The Revenant
Devrait gagner : Leo. Toujours Leo.

La consécration devrait finalement avoir lieu. On aurait pu dire que Leo se donne comme jamais pour son rôle d'Hugh Glass, mais Leo se donne toujours comme jamais. Et ce, depuis ses débuts dans Lassie en passant par Santa Barbara (touchant). Manif chaque soir, jusqu'à la victoire! le cas échéant.    

5. Meilleure actrice dans un second rôle
Les nommés sont : Jennifer Jason Leigh (The Hateful Eight); Rooney Mara (Carol); Rachel McAdams (Spotlight); Alicia Vikander (The Danish Girl); Kate Winslet (Steve Jobs).
Va gagner: Rooney Mara, Carol
Devrait gagner : Rooney Mara, Carol

L'amour du film Carol nous suit et on pourrait bien en arriver à une entente avec l'Académie. Sensible et suave, Mara offre la fragilité de ses émotions pour composer l'amour difficile d'un coup de foudre lesbien en plein dans les années 50 chez nos voisins américains. La mélancolie portée par la douceur de son regard, mêlée à une vivacité alimentée par l'invisible force de l'amour, l'amène à livrer le jeu d'une des plus belles chansons d'amour. 

6. Meilleur acteur dans un second rôle
Les nommés sont : Christian Bale (The Big Short); Tom Hardy (The Revenant); Mark Ruffalo (Spotlight); Mark Rylance (Bridge of Spies); Sylvester Stallone (Creed).
Va gagner : Sylvester Stallone, Creed
Devrait gagner : Tom Hardy, The Revenant

Tout comme son camarade d'écran pour The Revenant, Tom Hardy se lance dans les combats de glace, tête première et goutte au nez pour incarner le traitre John Fitzgerald. L'étincelle dans son regard en plus, nous forçant immanquablement à détester son personnage. L'Académie profitant souvent d'une occasion pour faire un clin d'oeil au passé, soulignera sans doute la performance de Rocky Balboa aka Sylvester Stallone, en retraité de retour sur le ring de boxe avec le jacket d'entraineur sur le dos. Rocky reste une légende aimée, donc ça pourrait réellement se passer pour l'acteur de Arrête ou ma mère va tirer!

7. Meilleur film étranger
Les nommés sont : Mustang (France); L'Étreinte du Serpent (Colombie); Le Fils de Saul (Hongrie); Theeb (Jordanie); A War (Danemark).
Va gagner : Le Fils de Saul (Hongrie)
Devrait gagner : Le Fils de Saul (Hongrie)

La délicate démarche de filmer la Seconde Guerre mondiale vue de l'intérieur par ses victimes. László Nemes laisse dans le paysage cinématographique une oeuvre marquante de par son ressenti. Une vision renfermée à hauteur d'homme pour traverser l'inimaginable des horreurs infligées. Défait d'une recherche des sensations par l'image, le réalisateur déroute par le défilé des actions-émotions en hors champ. Un tour de force. La dure histoire que l'on se doit de raconter. Le Fils de Saul bouleverse et réinvente un langage pour le cinéma de Deuxième Guerre.

8. Meilleur documentaire
Les nommés sont : Amy; Cartel Land; The Look of Silence; What Happened, Miss Simone?; Winter on Fire: Ukraine's Fight for Freedom. 
Va gagner : Amy
Devrait gagner : The Look of Silence

Les larmes ont coulé devant le portrait de celle qui est partie beaucoup trop vite, Amy Winehouse, dressé par le documentariste Asif Kapadia. Une histoire racontée par les mots de la chanteuse, dirigée par le pouls de ses chansons. Le travail d'archives, de témoignages et de musique plein les oreilles, redonne un instant de vie à Amy. Le documentaire nous laisse déchiré et frustré devant le portrait d'un père infidèle à l'amour de sa fille. D'un autre côté, The Look of Silence s'impose comme une pièce majeure dans le portrait du documentaire. Une démarche déjà entamée par The Act of Killing, nous amène à revivre les horreurs d'une dictature militaire qui a voulu effacer toute trace d'une Indonésie communiste par le génocide. Parcours au coeur même de l'horreur, le frère d'une victime regarde l'histoire se raconter par ses bourreaux. Acte violent et frontal, il reste déroutant de voir les meurtriers prendre la parole pour raconter nonchalamment leur passé aux mains couvertes de sang. Une réalisation sans artifice par Joshua Oppenheimer. Du grand documentaire. Plus grand qu'Amy, mais moins populaire.