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Les 5 meilleurs films québécois de 2015
Crédit: Johana Laurençon

2015 fut une année faste pour le cinéma québécois de qualité: Corbo (Mathieu Denis), Le bruit des arbres (François Péloquin), The Forbidden Room (Guy Maddin et Evan Johnson), Scratch (Sébastien Godron) et Nouvelles, Nouvelles (Olivier Godin) font partie de cette pléiade de très beaux et braves films que nous n’avons pu inclure dans ce palmarès. Ce qui nous préoccupe, cependant, c’est la pénurie de salles montréalaises où un cinéphile risque de tomber sur la plupart des titres mentionnés dans ce texte. Même avant la fermeture d’Excentris, la situation avait déjà dépassé le seuil critique. Nous saluons donc tous les projets en cours pour assurer une pérennité au cinéma en salle (le Cinéma NDG, la Station Vu, le Théâtre de la Petite-Italie et la Kabane 77) et vous invitons, chers lecteurs, à les découvrir. Longue vie au cinéma!

5. Les Démons

La vie d’un enfant, ses troubles et ses angoisses. Philippe Lesage (Ce cœur qui bat) enchaîne esthétiquement les plans-séquences pour instaurer un climat de malveillance à son film. Un travail sonore surchargé de bruits pour composer ce qui finit par être des silences. Le jeune Félix au cœur d’une famille en décomposition, les sorties à la piscine, son amour pour Rebecca, le touche-pipi avec un ami, le quotidien de l’école. L’enfance à la dérive, mais qui garde son innocence. Le climat d’insécurité suite aux enlèvements de jeunes garçons. Le jeune Édouard Tremblay-Grenier assure avec sa nonchalance du haut de ses 10 ans. Thriller psychologique qui laisse le temps au récit de s'installer. Prendre le temps de ressentir son angoisse. Et tout le monde danse sur Pata Pata. (Dustin Segura-Suarez)
 
4. Pinocchio

Preuve qu’il ne faut parfois pas chercher très loin pour tomber sur les histoires les plus rocambolesques, la réalisatrice et directrice artistique André-Line Beauparlant (Le petit Jésus, Incendies, Guibord s'en va-t-en guerre) signe un docu-portrait inoubliable et empreint de tendresse à l’égard de son petit frère Éric, grand mythomane, globetrotteur et charmeur devant l’éternel. Cette émouvante enquête suit André-Line au fil de rencontres avec son frangin en Amérique du Sud et d’appels à l’ambassade canadienne pour bien saisir la nature des accusations qui pèsent contre lui. Elle s’y prendra de plusieurs moyens pour percer le mystère d’un être libre comme l’air, qu’elle aime de tout cœur. Accompagnée de son complice Robert Morin à la direction photo, André-Line prend le pouls de ce Pinocchio sans morale et sans remords, passé maître dans l'art de l'escroquerie, afin de démêler pour de bon le vrai du faux (un peu comme l’avait fait Sarah Polley dans Stories We Tell). Une saga familiale bouleversante, traitée avec sobriété, lucidité et humour. (Michael-Oliver Harding)
 
3. L’amour au temps de la guerre civile

Alex (Alexandre Landry) dépense sa vie à consommer des drogues dures et à se payer n’importe quel gars en échange d’un peu de cul. Pas d’argent dans les poches, mais toujours un moyen trouvé pour en arriver à ses fins. Après le percutant documentaire Hommes à louer, Rodrigue Jean retourne visiter un Montréal du Centre-Sud grugé par une misère intérieure. Une mise en scène composée de froideur submergée par la noirceur d’une lumière trop souvent absente. Un casting solide et surtout Alexandre Landry (Gabrielle), qui donne dans la perfection et compose un personnage déchirant de par son réalisme et sa sensibilité. Un film étouffant et lourd, comme un mal nécessaire. (DSS)
 
2. Chorus

Vivre avec la perte d’un enfant porté disparu. Dix années se sont écoulées. Le pédophile meurtrier confesse. Les restes de l’enfant repérés. Les parents, séparés depuis, se retrouvent. Revivre le passé qu’ils peuvent maintenant aborder au temps présent. François Delisle (Le Météore) réalise en noir et blanc le drame d’un deuil qui semble impossible à surmonter. Fanny Mallette et Sébastien Ricard expriment en finesse et en profondeur les marques d’une douleur que les années n’ont su effacer. Véritable poème filmique dont la beauté émerge par l’acceptation de la souffrance et de la vie qui continue. (DSS)
Lire notre entrevue avec François Delisle
 
1. Félix et Meira

Alors que les religions marquent particulièrement les esprits, engendrant des discours souvent plus xénophobes les uns que les autres, rien de mieux qu’une lueur d’espoir dans cette grande noirceur. C'est justement ce que nous propose ce récit d’un amour mile-endois a priori tabou entre un Québécois francophone célibataire (Martin Dubreuil) et une jeune mère juive hassidique (Hadas Yaron). Le fruit de recherches entreprises par Maxime Giroux (Jo pour Jonathan) auprès de Hassidim montréalais et d’ex-hassidiques américains, son très émouvant troisième film évite la condamnation de la religion, invoquant plutôt l’envie de l’autre, voire la mise en danger de soi, lorsqu'un Félix curieux aborde une femme timide dans une boulangerie cachère. Cette courageuse Meira entamera peu à peu un processus d’émancipation: jeans, ping pong, vinyles, regards croisés et sentiments jusqu’alors contrindiqués. De quoi mettre du baume aux cœurs…des membres de l’Académie des Oscars, on l’espère. (MOH)
Lire notre critique du film

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