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Victime de la porn : controverse de lubrifiant
Crédit: Fabienne Legault

Une fois quand j’étais ado, on est allé rejoindre le père d’un ami sur une terrasse virile du centre-ville. (Du centre-ville d’Amos, on s’entend.) Une terrasse de vrais mâles où ça buvait de la grosse bière au gros soleil et que ça parlait de… sexe. Oh oui! Le père de mon ami, clairement l’alpha de la meute (et trop scrap pour être conscient qu’on était là), racontait qu’il s’était obstiné à la pharmacie pour avoir des condoms SANS lubrifiant.
 
« Un gars qui a besoin de lube sur ses capotes, c’est signe qu’il fait pas assez mouiller la fille! Moé, j’ai pas besoin de t’ça! »
 
C’est la petite commis du Jean Coutu qui devait être impressionnée. En tout cas, moi je l’étais. (Même si c’était weird de voir le père d’un ami montrer sa technique de cunni.) Il reste qu’à ce moment-là de ma vie, je ne m’étais jamais posé de question sur la lubrification. Étant déjà un volcan à precum, j’imaginais que les filles étaient pareilles. Pour les condoms, j’avais un peu la mentalité d’un buveur de Coors Light : j’optais pour le modèle avec le plus de gadgets superflus. Lubrifiant inclus.
 
C’est cette anecdote de terrasse qui m’est revenue en tête la semaine passée lorsque Ronda Rousey s’est mise dans le trouble en prétendant que si t’as besoin de lubrifiant, t’es paresseux.

« If you need the lube, you're not the dude. » #lubegate
 
Même si dans toute sa candeur, Ronda espérait sauver quelques filles mal culbutées, elle s’est plutôt fait accuser de lube-shaming. (Oh oui, that’s a thing.). Et même si Ronda Rousey est une de mes idoles (malgré sa mauvaise soirée au boulot samedi passé) et que je suis all-in pour dénoncer les amants paresseux, il faut avouer que faire un lien entre paresse et lubrifiant, c’est un peu douteux.
 
Le lubrifiant, c’est là pour compenser des autres liquides, mais ça ne veut pas nécessairement dire que la performance n’est pas au rendez-vous. Par exemple, dans le cas des préservatifs, il faut vraiment aimer souffrir (ou être allergique au lubrifiant) pour acheter ses capotes sèches. Déjà, le latex est souvent irritant et en plus, ça bloque toute la précieuse contribution du gars. Sans precum en renfort, c'est encore plus sec et rares sont les gens qui se mettent à lubrifier plus lorsqu'ils se font pénétrer par du papier sablé.
 
Ronda a raison quand elle défend que deux humains à leur top n’ont pas besoin de lubrifiant. Quand deux lovers débordent de mouille, le lubrifiant est inutile. L’affaire, c’est que les humains sont loin de toujours fourrer dans des conditions optimales. En fait, s’ils attendaient toujours des conditions parfaites, la population mondiale se compterait dans les six chiffres.
 
Mais il y a des occasions où ta tête est un peu plus willing que ton corps. D’autres baises où l’appétit vient en mangeant. Ou bien t’as juste le temps d’une quickie et le lube s’avère un bon raccourci. Ça arrive à tout le monde d’être moins dans le mood. Le problème, c’est quand ça devient la norme.
 
Dans la porn, avec les studios froids et les schlong d'un demi-pied de large, ils ont souvent recours au lubrifiant, mais à moins de faire un spécial Big Wet quelque-chose, on s’arrange pour le cacher en essuyant les bouts de peau luisants. On remarque quand même les filles se remettre constamment de la salive entre les jambes avant chaque pénétration pour éviter de se faire graine-cutter. (Il paraît que c’est pire qu’un paper-cut.)
 
Comme quoi, le naturel, c’est efficace, économique et toujours à portée de doigts, mais avoir d’autres options, c’est peut être pratique. Comme pour le buttsex ou pour les branlettes espagnoles. Après tout, personne ne mouille de l’entreboule. Et ça peut être plus galant lors d’une première date.
 
« Hey bébé, tu préfères du lube ou je te crache dessus? »
 
Tout le monde a ses préférences. Il faut savoir lire la salle! Mais un truc qui est assez constant chez la plupart des gens, c’est que très peu apprécient les va-et-vient rugueux qui font mal. Le sexe, c’est beaucoup de la gestion de frottement. Et le sexe visqueux, c’est toujours mieux.
 
PS : Dans l'image du texte, on a mis du lube K-Y, mais selon mon expérience, c’est à peu près la pire marque. On dirait de la mélasse de Purel! Sans être un expert (ou commandité), la marque Astroglide est 100 fois mieux. Celle à base d’eau qui ne fait pas fondre le latex, évidemment.