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Le Détesteur: «t’as pas pensé que peut-être certaines filles pourraient faire de faux témoignages?»
Crédit: Fabienne Legault

«Je m'excuse, mais moi j'embarque pas là-dedans, t'as pas pensé que peut-être certaines filles pourraient faire de faux témoignages?» — «Désolé mais les hommes aussi se font violer…»

Hey. Depuis le temps qu'on les entend, celles-là. Depuis le temps qu'encore trop d'hommes cherchent à invalider des témoignages d'agression sexuelle prétextant qu'eux aussi de leur bord connaissent leurs petites misères. Comme s'il fallait choisir: parce que des hommes vivent des injustices aussi et qu'on les souligne moins, il nous faudrait lever le nez sur celles décriées par les femmes. ÇA VA DE SOI. Quel raisonnement fallacieux, égoïste. Absurde. Combien de fois les ai-je lues, ces inepties? J'ai cessé de recenser à 3000, je crois.

Parce que des hommes, parfois eux-mêmes opprimés au sein du sexe privilégié, choisissent de punir toutes les femmes en faisant la sourde oreille comme de véritables bébés gâtés. Comme si la victime d'une dépression, indignée qu'on s'attarde un peu moins à son état de santé, par vengeance décidait de balancer des commentaires injurieux, moqueurs et moralisateurs à un groupe de femmes aux prises avec un cancer du sein. Arracher des mains de l'infirmière le pot de médicaments qui soulagent les douleurs de l'autre parce qu'elle n'est pas passée à notre chambre en premier; fermer la porte aux malheurs des autres parce que le nôtre n'est pas, pour le moment, à l'ordre du jour, c'est juvénile en crisse.

Un an après l'initiative #AgressionNonDénoncée, c'est la campagne #OnVousCroit qui s'active sur les médias sociaux. Mais pour croire, il faut d'abord prendre le temps d'écouter pour vrai et ce dont sont atteints encore trop de gens aujourd'hui c'est justement d'une très mauvaise écoute.

Mais qu’y a-t-il donc de si compromettant dans le fait d'écouter vraiment et dans sa tête, le temps d'une lecture, donner le bénéfice sans d'emblée porter de jugements? J'ai l'impression, à lire les commentaires, que les hommes ont peur de tomber dans un quelconque panneau, de manquer de vigilance en acceptant de croire à une anecdote qui pourrait au final s'avérer fausse.

Et même quand l'anonymat du présumé agresseur (comme celui de la présumée victime) a été préservé (c'est souvent le cas) et qu'il n'est pas question de lui faire un procès sur la place publique, les sceptiques se font encore malgré tout sévèrement méfiants, comme si le sort de quelqu'un était en jeu. Comme s'il fallait absolument chercher à défendre l'honneur de ce pauvre violeur sans identité qui, je répète, ne court pratiquement aucun risque. Mais pourquoi?

Les gars, si vraiment c'est juste ça le problème et pour que vous cessiez de vous accaparer toutes les freaking discussions qui appartiennent aux survivantes: oui, des hommes sont également victimes d'agression sexuelle et personne n'a cherché à le nier. Jamais. Oui, il est probable que de faux témoignages sortent du lot ici et là, personne non plus n'a tenté de prétendre le contraire. On est tu cool, maintenant? Avez-vous fini de bouder? On peut avancer? Merci.

Ceci étant dit, de toutes les allégations qu'on a déposées dans mon inbox, je vois très mal comment l'une de ces survivantes aurait pu tirer quelconque avantage d'un hypothétique faux témoignage alors qu'aucun de ces cas n'a par la suite été médiatisé ni ne s'est retrouvé sur la place publique. Personne ne gagne véritablement à me livrer une confession inventée de toute pièce alors que je ne fais rien d'autre que me rendre pour elles disponible et à l'écoute.

C'est pourquoi j'y crois encore plus fort. Je ne suis qu'un prêtre dans l'isoloir qui ferme sa gueule et ouvre grand les oreilles. Me mentir serait futile. 

Pour la suite, parce qu'elles sont mieux outillées que moi, je redirige les survivantes vers mes amies de chez Je suis indestructible qui ont su faire beaucoup de bien depuis le début de leurs activités.

Dans le cadre de la campagne d'amour #MotsDouxPourIndestructibles, je dédie cette chronique à toutes les Indestructibles qui ont ou qui vont briser le silence. Je vous crois. #OnVousCroit

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