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Le Berlinois Fabian Saul de la revue Flaneur décortique son processus créatif
Crédit: Michael-Oliver Harding

Il y a un peu plus d’un an, l’auteur et compositeur berlinois Fabian Saul atterrissait dans notre métropole en plein hiver impitoyable. Il partait à la découverte des commerçants, des résidents et des personnalités phares de la rue Bernard en compagnie de ses acolytes Ricarda Messner et Grashina Gabelmann.

Leur projet? Flaneur, un magazine biannuel évolutif et complètement inédit, composé d'une micro-équipe éditoriale qui déménage continuellement ses pénates le temps de quelques mois afin de s'immerger totalement dans l’artère urbaine de son choix. Artère qui lui sert de porte d’entrée pour découvrir l’histoire d’une ville, de ses gens et des liens parfois oubliés, inavoués ou même dissimulés qui contribuent à forger son identité.

Jusqu’à présent, Flaneur s’est arrêté sur Kantstrasse à Berlin, Georg-Schwarz Strasse à Leipzig, la rue Bernard à Montréal et Corso Vittorio Emanuele II à Rome.
 
Au fil des semaines passées à sonder les gens du quartier et à mettre en pratique leur approche très multidisciplinaire à la création, Saul et son équipe ont collaboré avec plus d’une vingtaine d’illustrateurs, de photographes et de rédacteurs de chez nous, pour nous livrer une collection fascinante, fragmentée et fort hétéroclite d’histoires émouvantes.

Il y a celle de Tammy, la fleuriste bien-aimée du coin; des roller derby girls de la boutique Neon Skate; l’histoire d’amour très mile-endoise d’un jeune Québécois et de son copain ex-Juif orthodoxe; celle d’une femme effectuant un retour craintif huit ans après avoir fui le quartier (et le pays) suite à une rupture éprouvante…
Sarah Mongeau Birkett pour Nightlife.ca

Saul, de retour dans la métropole depuis le mois d’août pour une résidence d’écriture parrainée par le Goethe-Institut Montréal, se dit joyeusement abasourdi par le succès de Flaneur. « Nous n'aurions pu imaginer, voire espérer une telle suite des choses. L’idée de départ était de faire éclater la logique très linéaire da la rue », se souvient-il.

« Notre approche est très subjective; nous ne cherchons jamais à raconter l’histoire d’une rue comme le ferait un guide touristique. Le concept a vraiment pris forme lorsqu’on s’est rendu compte que cette idée de flâner dans un milieu urbain donne lieu à des moments révélateurs, des échanges privilégiés et des rapports intimes avec la ville. »
 
Saul a passé le mois d’août à arpenter les rues de Montréal afin de nourrir la création d'un premier roman, dont il ne peut pour l’instant révéler grand-chose. Mais il a toutefois précisé pourquoi il avait choisi le 514 comme trame de fond pour son aventure littéraire. « Montréal a de nombreuses identités, chose qui m’a toujours fasciné de cette ville pluriculturelle. Cela sous-tend les passés multiples de ses résidents. »
Saul dédicace un exemplaire de la revue lors du lancement au Café Dépanneur à l'été 2014 (Crédit: Sarah Mongeau Birkett pour Nightlife.ca)

Ce soir, à la Librairie Drawn & Quarterly, Saul animera un atelier sur le processus créatif en lien avec les récits de « résistance politique, esthétique et spatiale » qui sont au cœur de l’approche prônée par Flaneur.

En terminant, Fabian, un petit scoop sur votre prochain numéro? On n’a heureusement pas eu à lui tordre le bras. La cinquième édition, portant sur une rue d’Athènes relativement à l’abri des chamboulements économiques et des péripéties politiques qui affligent le pays, sera lancée le 26 septembre prochain dans la capitale grecque. Saul nous avoue qu’Athènes figurait sur la wish list de l’équipe éditoriale depuis bien longtemps, et que l'écrasante crise que traverse le pays n’a aucunement influencé leur choix.

« Nous nous sommes arrêtés sur une rue où la tradition de transmettre des histoires oralement est toujours bien vivante », souligne-t-il.

« Ce que les gens ne comprennent pas forcément, c’est que la vie à Athènes se poursuit, et c’est un endroit très riche en mythologie et en storytelling. La plupart des gens passent complètement à côté de cette richesse, parce qu’ils font le tout-inclus dans les îles grecques ou le circuit touristique des trésors de la Grèce antique. À Athènes, tout se partage au quotidien. Tu mets la nourriture sur la table et tout est question de communication. Inutile de te dire qu'il s'agit là d'un contexte formidable pour raconter des histoires. »
 
Traces of Resistance: Flaneuring and Literary Perception
Conversation animée par Fabian Saul
Le 9 septembre à 19h  | Librairie Drawn & Quarterly | 211 rue Bernard (Gratuit)