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Damas: le meilleur de la Syrie
Crédit: Christine Plante

Difficile de vous parler de la Syrie sans penser au pire, ces jours-ci.    
 
La diffusion de ma critique resto sur le restaurant Damas, prévue depuis quelques semaines, ne pouvait tomber à un moment plus déconcertant pour vous parler des merveilles de la cuisine de ce pays déchiré, décimé, dépeuplé par un clusterfuck indémêlable, véritable noeud de tensions politiques, raciales, militaires, civiles et religieuses.
 
L’exil en masse des populations cause bien souvent le pire.
 
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du meilleur. 

Le Damas. 

Discrète institution de la cuisine moyen-orientale, le Damas avait fermé ses portes l’hiver dernier, un incendie l'ayant ravagé en plein mois de février. Très vite, la fidèle clientèle avait payé ses respects à cette petite adresse qui servait de la grande cuisine. Nous étions dans le deuil. Avec le printemps était venue la bonne nouvelle : l'établissement rouvrirait ses portes pas très loin du local original. C’est finalement au mois de juin que la magnifique terrasse du non moins éblouissant restaurant accueillait ses premiers clients.
 
Plus que jamais, le Damas est un restaurant des grands jours.
 
Dès que l’on passe la porte d'entrée, on a l’impression d’avoir franchi les frontières d’un pays digne des mille et une nuits – vous comprendrez que la Syrie d’aujourd’hui a besoin de cette romance poétique. Le décor est spectaculaire et le restaurant, deux fois plus faste et deux fois plus grand. Si l’exposition sur les merveilles de l’orientalisme vient de terminer au MBAM, c’est l’occasion de venir prolonger le plaisir d’admirer l’art musulman.


Les yeux sont donc charmés avant les papilles, et la cuisine ouverte d’où se répandent des arômes enveloppants ensorcelle quant à elle nos capteurs olfactifs.

Au menu, on nous propose différentes formules, mezze chauds ou froids, grillades et spécialités. L’agneau domine largement la catégorie des protéines, bien que les végétariens aient aussi largement de quoi se faire plaisir. Les prix sont élevés, voire très onéreux si vous avez envie de vous la jouer pacha, et de vous adonner aux joies du luxe et de la volupté. Le menu-dégustation est à 65$ la tête et vous transportera certainement comme sur un tapis volant aux confins du plaisir.
 
Pour ma part, j’ai choisi le vin au verre et le bonheur à la pièce. 
 
L’idylle débute modestement : les yalanji (feuilles de vignes farcies) étaient un peu trop pâteuses à mon goût. Je préfère quand il y a moins de farce, laissant ainsi plus de place aux saveurs et textures inusitées du feuillage mariné, mais les subtils parfums et la fraîcheur de ces petits chaussons exotiques font néanmoins une formidable entrée en matière pour un repas qui s’annonce mémorable.

Les kibbés, quant à eux, sont à des lieues de ce qu’on nous sert normalement à Montréal – nous sommes en voyage en contrée lointaine souvenez-vous. La sauce au yaourt vient merveilleusement bien compléter la richesse de la friture des beignets fourrés de viande d’agneau et de pignons grillés, avec ses saveurs acidulées.
 

L’assiette Kabab bil Karaz, de petites boulettes d’agneau servies avec griottes et pignons est elle aussi délicieuse. Servies sur une étoile de pitas de plus en plus imbibés des jus de viande et de fruits, on le mange en pointes, en souriant.

Pour finir, le dessert que je vous recommande ne requiert même pas d’appétit pour se laisser manger avec bonheur. Cette crème glacée au baklava, fine et délicate, fond doucement sur la langue en y laissant d’agréables parfums d’eau de rose et de pistaches.
 

Le Damas de Montréal est peut-être bien loin de la Syrie d’aujourd’hui, n’empêche, vous y ferez un merveilleux voyage.  
 
Damas
1201 Avenue Van Horne
(514) 439-5435

MAR – JEU : 17:30-22:00
VEN : 17:30-23:00
SAM : 16:00-23:00
DIM: 16:00-22:00

Crédit photos: Christine Plante
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