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Le Détesteur: un long week-end riche en catcalling

Quelqu'un me faisait remarquer qu'au courant du long week-end dernier les témoignages de femmes aux prises avec un catcaller intrusif et acharné s'étaient manifestés largement plus qu'à l'habitude, sur les médias sociaux. J'ai d'ailleurs moi-même relaté comment cet inconnu s'est permis de pourchasser ma copine à partir d'un coin de rue allant jusqu'à lui faire l'honneur de sa présence, malgré un clair refus, dans la section légumes de l'épicerie.

C'est l'été, ça parait, qu'elle m'avait dit, quelques jours avant l'histoire du harceleur à l'épicerie. Je me suis fait saluer par trois hommes déjà et il n'est même pas 4PM, c'est fou c'que ça fait aux hommes, une paire de cuisses pis des épaules à découvert.

C'est très l'été, peut-être même trop. Le phénomène n'a rien de nouveau qu'un dude me dira, il y aura toujours des petits gars allumés pour aller trop loin avec les petites filles en tenue légère, alors pourquoi s'en indigner maintenant si l'on sait pourtant que la même chose se perpétue à chaque année? Ah. Bin oui, j'aurais dû y penser. Il aurait fallu éradiquer le problème la toute première fois qu'une femme s'est plainte du harcèlement de rue; après ça, comme le problème n'est plus nouveau, il est par conséquent beaucoup trop tard pour agir. C'est dans nos moeurs, tsé. Ça me semble parfaitement logique.

Mais en tout cas, oui, les témoignages. J'en ai lus plusieurs à l'intérieur d'un même week-end et aucun d'entre eux ne laissait croire qu'il s'agissait d'un banal sourire échangé dans un café. Ils avaient tous en commun un homme, très insistant, qui imposait sa présence. Un homme agressif dont l'égo n'accorde aucun refus. Un homme se permettant l'initiative de forcer une bulle personnelle avec en sa poche la carte colère qu'il n'hésiterait pas à employer s'il advenait qu'on lui demande de quitter.

Et bon, pour ajouter à tout ça, on cherche à le défendre, cet homme-là, sur les médias sociaux. Des gars, évidemment. Parce que les femmes comprennent très bien combien il est pénible d'être confronté à des creeps comme celui-là. Et là on nous rappelle la froideur de notre époque et comment tout le monde a toujours le nez dans son téléphone à ne plus chercher à interagir avec des inconnus. On fait fi des précisions alors qu'il est pourtant mentionné que l'homme s'obstine à rester malgré qu'on lui ait signifié vouloir la paix. On tend également à banaliser parce que «ça toujours été comme ça!».

Disposant moi-même d'une incommensurable bulle personnelle, ça m'enrage de lire tout ça, d'entendre dire qu'il faut parfois choisir stratégiquement endroit, heure et vêtements pour s'assurer un moment de solitude sans interruption désagréable ou qui fait craindre pour la sécurité. Ça m'attriste de penser qu'à cause des envahisseurs et de ceux qui se bouchent les oreilles, les femmes ne partagent pas tout à fait le même enthousiasme que moi pour les marches en solitaire au beau milieu de la nuit.

Comme le soulignaient quelques dudes sous une de mes récentes publications, il arrive en tant que gars de se retrouver à marcher, tard le soir, derrière une femme et d'avoir le réflexe de changer de côté de trottoir pour éviter qu'elle se fasse des scénarios dans la tête. Il arrive aussi qu'on discute de ces choses et qu'on admette se sentir si impuissants de savoir que des hommes peuvent arriver à rendre si pénibles la vie et déplacements des femmes. On se confie toutes les fois où on a dû enfiler des vêtements en vitesse pour aller rejoindre la copine qui n'arrivait pas à se débarrasser d'un imbécile qui ne comprenait rien à rien.

Des fois même on se demande à la blague si on ne serait pas en train de jouer les freaking white knights comme le prétendent nos détracteurs mais on se ravise généralement rapidement en rappelant que ce sont tous les autres qui auraient avantage à ouvrir les yeux, ou mieux, à ne pas se comporter comme de véritables animaux. 

Dans le doute, parlez-en aux femmes. Vous verrez.

Je vous déteste.

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