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Victime de la porn: la diversité des corps
Crédit: Fabienne Legault

On se plaint toujours du manque de diversité corporelle à l’écran et dans les médias, mais concrètement, qu’est-ce qu’on fait pour que ça change?

C’est pour ça que j’admire autant la démarche de Julie Artacho. Déjà une super photographe, Julie a eu le cran de passer devant la caméra afin d’y exhiber sa shape ronde. Je respecte tellement ces gens qui ont l’attitude « Be the change you want to see in the world. » C’est le genre d’action qui manque et pourtant, c’est l’ultime façon de régler le problème.

On entend souvent que toutes les vedettes d’Hollywood ont des corps pareils, mais en fait, ils ne sont pas pareils, ils sont consensuels. La nuance est importante. On privilégie les corps qui risquent de déplaire au moins grand nombre de personnes. On met de l’avant ce qui sera le plus facile à vendre. Et c’est comme ça un peu partout.

À la radio, on choisit les tounes les plus catchy. « QUE DES HITS!! » À l’épicerie, on présente les produits les plus vendeurs. S’il y a une mode de gluten ou de kale, on va créer une section complète juste pour ça. La différence, c’est que l’estime de soi du kale, on s’en torche un peu. Avec les humains, ça peut provoquer des problèmes. Des problèmes qui reposent souvent sur des fausses impressions.

C’est un peu bizarre, mais on a de la misère à s’imaginer que quelqu’un puisse être attiré par des corps différents. Si tu trouves belle Taylor Swift, c’est que t’aimes les grandes minces. Si t’es aussi attirée par les formes de Nicki Minaj, ça devient un peu plus mêlant. On essaie de trouver les points en commun (la musique quétaine?) pour essayer de comprendre.

Pourtant, dans la bouffe, ce n’est jamais un problème.

  • Aimes-tu le homard ou la réglisse?
  • Les deux.
  • Hein?! Mais… *mal de tête*

Quand toutes les vedettes sont minces, on a tendance à croire que tout le monde n’aime QUE les corps minces. Pourtant, c’est complètement faux. Ce que ça veut dire, c’est que beaucoup de gens aiment les corps minces. C’est tout. Il y a un monde de différence entre avoir un corps moins consensuel et un corps moche.

Est-ce que les bands indie font de la moins bonne musique que les bands pop?

Pourtant, quand on ne reconnaît son corps nulle part à l’écran, c’est l’effet que ça nous fait. Et le pire, c’est qu’un corps qu’on ne voit nulle part, c’est comme un produit sur aucune tablette. Comment fait-on pour savoir s’il pourrait plaire? Comment fait-on pour lui donner de l’amour?

D’où l’importance de la démarche de Julie. Ça ne fera pas que les rondes vont devenir les corps les plus populaires dans les prochains mois (quoique…), mais l’idée n’est pas de remporter un concours de popularité ou de faire l’unanimité, c’est juste de se faire une métaphorique place sur la tablette. Se créer l'occasion d’exister juste assez pour se sentir normal et d’avoir la chance de rencontrer son public.

Juste ça.

Et ça tombe bien parce qu’on vit à une époque où tout le monde est en mesure de se mettre en vedette. Tout le monde traine un appareil photo (et sa solution) dans ses poches. Tout le monde peut se mettre en vitrine comme les meilleures hoes d’Amsterdam!

Bon, évidemment, offrir du moins conventionnel ou du moins consensuel, ça risque toujours d’amener quelques critiques, mais si on s’empêche d’exister à cause des commentaires déplaisants, on passe vraiment à côté de sa vie.

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