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Victime de la porn: essayer trop fort d’être ouvert
Crédit: Fabienne Legault

À peu près tout le monde s’est déjà laissé embarquer dans une relation parfaitement débalancée. L’autre fourre tout ce qui bouge, et toi, t’attends en tata que ça passe à l’autre étape.

« C’est correct, bébé. Prends ton temps. On sera exclusifs dans 3-4 ans. »

J’ai ce chummey qui date une fille encore accrochée à son ex. Pas « accrochée à son ex » dans le sens qu'elle a encore des sentiments pour lui ou qu’elle y rejase une fois de temps en temps. Nonon, elle couche avec. Et ça ne s’arrêtera pas. C’est juste comme ça. C’est à prendre ou à laisser.

Évidemment, mon chummey essaie d’encaisser sans trop casser le party. C'est poche de le voir souffrir. Et quelqu'un de pris là-dedans, c'est dur à raisonner.

« – T’as pas envie de te pogner quelqu’un d’autre?
 –  Mais je ne trip pas comme ça avec les autres! Et peut-être que ça va finir par se placer… »

Peut-être, bébé. Peut-être.

De toute façon, comme tout le monde dans sa situation, il sait déjà très bien que ce n’est pas le plan du siècle. Il n’est pas cave. Il est juste comme un de ces insectes passionnés beaucoup trop attirés par la lumière.

« But it’s so beauuuuutiful…………! » *BJJJJHZZZZ*
 

Comment fait-on pour en arriver là? C’est simple. Il suffit de ne rien avoir vécu de satisfaisant pendant assez longtemps. Assez longtemps pour se dire que ça n’arrivera peut-être plus jamais. Et là, quand tu finis par vivre des moments forts avec quelqu’un, tu ne veux plus lâcher.

Est-ce que c’est mieux de rester au chaud dans les bras de la pensée magique ou de retourner à la case départ du célibat? À court terme, la première option est plus tentante. Du coup, on se permet de glisser un ou deux doigts dans le doux tordeur étroit.

Et on essaie de se convaincre. Avec la popularité croissante des relations ouvertes et de tous leurs fans très militants, ce ne sont pas les arguments qui manquent.

« L’amour, c’est la liberté! If you love something, give it away! Peut-être que j’ai juste besoin d’un peu de pratique. Départager mon sexe de mon égo. Quelques séances de méditation pour rester zen. Quelques séances de visualisation pour… FUCK, NON! Enlevez-moi ces images de la tête! »

Plus que la relation avance, plus que ta souffrance augmente, et moins t’es game de t'en plaindre. De toute façon, tu t’en veux surtout à toi d’être aussi moumoune, et tu le sais que si tu demandes du changement, il y a des bonnes chances que ça se termine drette là. Et ça, ça ferait mal.

Si t’avais arrêté tout ça dès le départ, t’aurais été déprimé pour une semaine ou deux, mais maintenant, ça pourrait se calculer en mois. Et le pire, c'est que dans ces relations-là, tu te maganes souvent bien avant la fin. À chaque nouvelle histoire de couchette, ça te fait quelques paper cuts de plus sur ton cœur déjà au vif.

Mais bon, c’est peut-être ce que ça prend pour apprendre à se connaître. Après quelques essais, t'acceptes de mieux en mieux l'idée que même si t’aimerais être bad ass et te foutre que l’autre couche avec n’importe qui, t’es juste pas monté comme ça. Toi, t’as besoin d’autre chose.

De toute façon, le couple ouvert, ce n’est même pas ça. Il y a une grosse différence entre un pacte égalitaire entre deux personnes ouvertes et quelqu’un de pogné dans une relation de marde où son pouvoir de négo est à zéro.

Une relation ouverte pour expérimenter? Pourquoi pas. Une relation débalancée et parfaitement toxique? Pourquoi tu te ferais subir ça? Parce que c’est mieux que rien? Peut-être, bébé. Peut-être.

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