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Le réalisateur Pierre Morel («The Gunman», «Taken») nous parle du film d’action, son registre préféré
Crédit: Sean Penn et Idris Elba dans «The Gunman»

Après le succès planétaire de Taken, cette course contre la montre d’un père assoiffé de vengeance (Liam Neeson), prêt à tout (TOUT!) pour retrouver sa fille enlevée à Paris, le réalisateur français Pierre Morel aurait pu se consacrer à la franchise (d’autres l’ont fait avec Taken 2 et Taken 3) et prendre une retraite très hâtive. Mais Morel, qui s’est d’abord fait connaître avec Banlieue 13 et pour son travail de directeur photo sur plusieurs films de Luc Besson, aime trop relever les paris de taille pour disparaître dans le no-man’s land du sequel hollywoodien.
 
Pour The Gunman, son plus récent film prenant l’affiche le 20 mars, Morel a convaincu nul autre que Sean Penn de se prêter au jeu du film d’action, terrain pratiquement inexploré pour cet acteur oscarisé. Dans cette adaptation du roman La Position du tireur couché de Jean-Patrick Manchette, Penn prête ses traits à un ex-tueur à gages faisant l’objet d’une traque sans merci de la part de son ex-employeur. Le film, qui met également en vedette Idris Elba, Javier Bardem et Ray Winstone, zigzague entre Barcelone, Londres et les jungles d’Afrique alors que cet ex-tueur, un gars difficilement sympathique, tente d’assumer ce qu’il a fait et d’obtenir un brin de rédemption. Nightlife.ca a rencontré Morel lorsqu’il était de passage à Montréal pour jaser de films d’action nuancés, de plateaux de tournage internationaux et des défis très physiques d'une bonne scène de combat. Voici ce que nous avons retenu :
 
1. Fait rare, Sean Penn s’est laissé séduire par un film d’action.
« Je pense que Sean voulait essayer. Des acteurs de ce niveau-là sont intéressés par de nouveaux défis. Sean n’avait jamais fait de film d’action pur et dur. Mais pour avoir des acteurs de ce calibre, il ne faut pas que ce soit juste de l’action. Il faut une profondeur dans les personnages et une histoire qui va au-delà de l’action. C’est ce qui m’intéresse moi aussi : d’avoir à la fois des personnages avec de la profondeur et que l’histoire de ces personnages-là amène à des séquences d’action. »
 
2. Morel aime raconter des histoires avec des enjeux géopolitiques en toile de fond.
« C’est pas un film à message politique, mais je trouve que c’est toujours plus intéressant de situer la trame de l’histoire dans un monde réel, qu’il s’agisse d’un symbole ou d’une parabole, plutôt que de rester dans un monde imaginaire, avec des gentils gentils et des méchants méchants. Il y plus de zones grises dans lesquelles les personnages peuvent évoluer. »

  
3. Tourner un film d’action est surtout éprouvant pour les acteurs.
« Pour une minute de combat, les acteurs doivent répéter des trucs physiques 12 heures par jour pendant plusieurs jours. Il faut beaucoup s’entraîner, c’est un travail insensé, car ce n’est pas improvisé, un combat. C’est réglé au millimètre près, sinon ils vont se faire mal. Donc en un mot, ils sont fatigués! »
 
4. Celui qui a débuté comme directeur photo pour Luc Besson n’a que de bons mots à l’égard du réalisateur de Léon et Le Cinquième Élément.
« Je n’ai jamais tenté de copier ce que fait Luc, ça n’aurait aucun intérêt. Je ne veux pas faire du sous-Besson. Par contre, t’apprends une rigueur de travail, des méthodes pour aller vite, pour aller dans le bon sens. Car c’est un mec qui bosse beaucoup. »
 
5. Produire un film dans plusieurs villes aux quatre coins du monde relève presque de la magie.
« Tu te rends compte assez rapidement que le langage inhérent à une équipe de tournage est assez international. Cette espèce d’espéranto du cinéma, où que tu sois dans le monde, les équipes de tournage ont, à peu de choses près, les mêmes répartitions des tâches et les mêmes expériences. Tu arrives à Barcelone et tu as des équipes qui tournent des films exactement de la même façon qu’en France, qu’à Montréal, qu’à Los Angeles. Un bûcheron dans le nord du Canada et un bûcheron en Amazonie, ils coupent les mêmes arbres avec les mêmes tronçonneuses. Le travail est le même, à part pour quelques détails culturels. C’est assez magique, en fait. »
 
The Gunman
En salles dès le 20 mars

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