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L’«électro-porn» saisissant de Dear Criminals

Fort du succès d’estime considérable de ses deux derniers EPs parus l’an dernier, le trio montréalais Dear Criminals revient à la maison, le temps d’un spectacle au National. Entrevue avec Frannie Holder et Vincent Legault.
 
Tout juste de retour d’une tournée de 21 spectacles en Europe avec leur autre groupe Random Recipe, les deux musiciens semblent heureux, mais épuisés, à quelques jours de leur rentrée montréalaise. «Ce n'était pas notre premier passage en France, donc on avait la chance d'avoir un public rassurant qui nous aimait déjà d'avance dans plusieurs villes», relate la chanteuse Frannie Holder.

«Il y a également eu des festivals de gros party sale comme les Rockomotives de Vendôme. Là-bas, tu bois de l'alcool qui s'appelle La Goutte à Pépé et tu oublies ta vie, ton nom jusqu’à finir la soirée en frenchant des nains aviateurs dans les buissons de la Loire.»
 
Si la musique de Random Recipe est effectivement prompte à ce genre de débauche insolite, on ne peut pas en dire autant de celle des Dear Criminals, qui se rapproche plus d’une perspective minimaliste, parfois sensuelle, proche des incandescences électros épurées de The xx.

«Le plus beau terme utilisé jusqu’à maintenant pour décrire notre musique, c’est «electro-porn», mais bon ça dit pas grand-chose… Disons que nous faisons de la chanson accompagnée par une instrumentation électro toujours assez dépouillée et sombre», précise Vincent Legault, multi-instrumentiste de ce trio complété par Charles Lavoie (de b.e.t.a.l.o.v.e.r.s.).

Trip créatif audacieux
 
Cet univers sonore minimaliste prend de tout autres résonances sur WOMAN, un EP de six reprises pop très connues (comme Like A Virgin et Blurred Lines) paru l’an dernier. Enregistrées live durant un spectacle multidisciplinaire, en collaboration avec l’actrice et metteure en scène Monia Chokri, ces relectures sont saisissantes.
«Le but était de sortir ces chansons de leur contexte souvent hyper chargé et dansant afin de les redécouvrir dans un univers dépouillé, où les textes en venaient à prendre une place beaucoup plus importante», explique Holder. «Aucun ton moraliste, aucune réponse, pas même un discours féministe arrêté, simplement l’objectif avoué de faire réfléchir sur la position de la femme dans la musique aujourd’hui.»

 
Malgré l’engouement général dont Dear Criminals bénéficie actuellement grâce à son côté créatif bouillonnant, pas question de laisser de côté Random Recipe, qui continue d’ailleurs d’obtenir du succès. Par-dessus tout, une seule volonté générale : celle de ne pas stagner et de constamment repousser ses limites créatives.

«C'est facile de continuer à faire quelque chose parce que le changement impose inévitablement un deuil», soutient la chanteuse. «Mais quand la base de ta relation/job, c'est la création, tu dois absolument vouloir être là, sinon l'inspiration manque et les sacrifices sur la vie personnelle qu'exige ce métier perdent tout leur sens.»

Le 5 mars au National