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Xavier Dolan est captivant dans «Elephant Song », un suspense psychologique bien ficelé!
Crédit: Xavier Dolan et Bruce Greenwood (Les Films Séville)

Un suspense d’hiver émouvant. Une berceuse d’éléphants qui gravite dans l’esprit jusqu’après la fin. Un récit qui questionne la dignité humaine, ou comment le besoin inassouvi d’acceptation et d’amour peut mener à une solitude immense, et s’immiscer dans une vie jusqu’à en porter l’éclat de la folie. Réalisé par Charles Binamé, Elephant Song raconte l’histoire de Michael (Xavier Dolan), un jeune homme troublé et manipulateur, passionné par les éléphants. Celui-ci sera questionné par le Dr. Green (Bruce Greenwood) afin d’éclaircir la mystérieuse disparition du Dr. Lawrence. Un amalgame d’échanges déstabilisants et de maux restés à vif malgré le temps passé mènera les personnages vers des quêtes opposées.

Habilement ficelé par une réalisation adroite, le film mène au cœur d’une intrigue psychologique fignolée. Il est à la fois immense de détails qui s’imbriquent dans une subtilité déroutante pour le spectateur et sublimé par la profondeur des personnages. L’image est riche et la coloration bleutée de la mélancolie baigne presque l’ensemble de l’œuvre.

Adapté de la pièce de Nicolas Billon, Binamé soutient que plusieurs changements ont été nécessaires pour porter le récit au grand écran. « J’ai proposé une trame narrative où l’on avançait et on reculait dans le temps », raconte le réalisateur.  Celui qui nous a aussi donné Eldorado, Un homme et son péché et Maurice Richard dit avoir choisi ce scénario car il aime faire des films qui parlent de l’humanité et qui sont menés par les personnages. « Ici, l’écriture est magnifique et propose un jeu qui couvre une réalité dramatique et ludique. Il y avait un intérêt pour moi comme cinéaste de présenter ce caractère ludique au public pour qu’il embarque dans un labyrinthe au sein duquel il ne voit plus très bien les contours. »

Catherine Keener est splendide dans le personnage de Susan Peterson, une infirmière aimante et sincère. Bruce Greenwood, quant à lui, est percutant dans son interprétation du Dr. Green. On le sent disloqué entre ses propres enjeux et la détermination de parvenir à ses fins. Fait intéressant, Greenwood et Dolan ne se sont vus pour la première fois que lors du tournage de la première scène qu’ils partagent dans le film. « L’adrénaline que ça nous a procurée n’était pas inintéressante, raconte Xavier Dolan, mais je pense que ce qui était le plus intéressant, c’est qu’elle a eu des répercussions sur tout le ton de nos échanges. Peut-être que je me fais un film, mais je pense que ça a dû avoir une incidence sur le climat de travail entre lui et moi jusqu’à la fin. »
Les Films Séville
L’interprétation de Dolan est éloquente. Il est à la fois captivant dans sa quête vers un but jalousement gardé tout au long du récit et émouvant dans son désir de dignité. Les failles où coule toute la douceur du personnage semblent choisies et maîtrisées par l’acteur. Les cassures sont assumées, l’emportement dosé et toute la densité de ce personnage complexe, qui se plait au jeu du mensonge, parfaitement habitée par Dolan. L’acteur dit avoir lui-même contacté le producteur pour obtenir le rôle. « C’est un personnage qui est exalté, dit-il. Manipulateur, vicieux, pervers. Le fait est que Michael n’est pas fou; c’est quelqu’un qui aime jouer, qui aime imiter, qui aime mentir. » Le réalisateur Charles Binamé renchérit en soulignant les graves troubles qui affligent le personnage de Michael. « Dans son drame, c’est quelqu’un qui est aux prises avec des démons intérieurs et des carences énormes. »
 
Elephant Song
En salles le 20 février

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