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Les Incompétents: quand le streetwear parisien s’installe à Montréal
Crédit: Ewelina Jozwiak aka Lina Dono

Tu arrives à Montréal, t’es un peu paumé, tu vas à l’université en plus de ton boulot à temps partiel, et tu décides de démarrer ta propre ligne de vêtements. Comment faire pour réussir? Le premier conseil de Stephen Smith et d’Émeline Morellet: «Netflix est l’ennemi numéro un!» Donc, tu bosses, tu «rebosses» et puis tu bosses encore. Je me suis entretenu avec les deux créateurs de la marque Les Incompétents, une dynamique nouvelle collection streetwear, afin de découvrir leur parcours un peu atypique. Un récit qui mélange amour de la mode, esprit DIY, sacrifices et complicité… ma foi, on dirait presque une comédie romantique.
 
Installés à Montréal depuis quelques années déjà, les deux jeunes Français ont d’abord eu la piqûre en se confectionnant quelques morceaux qui leur permettaient de se démarquer du lot. Émeline m’explique: «J'ai fait un peu de stylisme et j'ai quelques bases de couture. Quand on est arrivé ici, on a voulu faire des vêtements pour nous-mêmes et notre entourage nous demandait à chaque fois ce que c'était.» Un peu surpris de l’intérêt soutenu de leurs amis, ils se sont pris à rêver de lancer une collection complète. C’est alors que les sacrifices et la débrouillardise sont entrés en jeu. «Au lieu de sortir pour aller boire des verres, on mettait de l'argent de côté pour acheter du tissu, pour faire faire les patrons. On n'a pas eu de financement externe au départ.»
Stephen Smith et d’Émeline Morellet 
Petit à petit, le couple s’est bâti une pièce dédiée à la couture dans l’appart: machine à coudre, mannequins, patrons. Les deux complices échangent leurs idées à toute heure du jour ou de la nuit: «Le processus créatif part d’un brainstorm, ça peut venir au lit, à 2 heures du matin. C’est l’avantage d’être en couple. (rires) On n’a pas toujours les mêmes idées, les mêmes visions, mais elles sont souvent complémentaires. Le fait d’avoir l’atelier à la maison nous permet de travailler longtemps sur une pièce, jusqu’à ce qu’elle soit exactement comme on la veut.» Bizarement (ou pas), c’est souvent Stephen qui a les idées pour les morceaux féminins et Émeline qui élabore les morceaux masculins. Ils offrent aussi quelques pièces unisexes, leur style étant plutôt épuré et monochrome, donc difficile à catégoriser.
 
Le choix du nom Les Incompétents découle d’une réflexion assez poussée, qu’on ne rencontre pas toujours dans le domaine du streetwear. «Être consciemment incompétent, c’est être conscient de tes faiblesses, de ce sur quoi tu dois travailler, de ce qui peut te nuire dans ton environnement et de ce qui peut t’aider, donc tu ne peux pas vraiment perdre. Tu es toujours en train de te remettre en question, toujours en apprentissage. C’est un système de transformation et d’évolution perpétuel. On s’appelle Les Incompétents parce qu’on avait ce désir de faire une marque de vêtements, sans avoir nécessairement les compétences et les contacts, au départ.» Ce parcours atypique rappelle un peu celui d’Humberto Leon et Carol Lim, fondateurs d’Opening Ceremony, qui sont eux aussi partis de rien pour fonder leur empire. Le couple m’avoue qu’ils représentent pour eux l’exemple à suivre.  
 
Selon eux, avec l’essor des communications et des déplacements faciles, le fait d’être installés à Montréal, plutôt qu’à Paris, ne joue pas vraiment sur leur modèle d’affaires. Les Incompétents est un projet 100% montréalais: «Cette ville nous a beaucoup influencés dans notre démarche, on a à cœur Montréal. La scène est excitante et nous stimule. Le brand est né ici.» Ils magasinent au Off The Hook et au Three Monkeys, bouffent au Suwu, sortent à la soirée En Cachette pour écouter RrKelly, dansent aussi au Blue Dog et aiment Montréal, tout simplement. Restez à l'affût des futures idées de ces deux esprits pétillants en visitant leur site web et leur page Facebook.
Crédit photos: Ewelina Jozwiak aka Lina Dono

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