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Le mot de la rédactrice: parole.

J’ai décidé de sortir un peu de l’ombre et de prendre la parole sur ce site que je chéris et dont je m’occupe en coulisse depuis bientôt 3 ans. J’ai envie de vous parler chers lecteurs, d’échanger avec vous, de dialoguer sur notre ville et ses enjeux, sur notre monde qui évolue chaque jour et qu’ensemble, on l’améliore. Ça sonne quétaine, je sais. Mais c’est vraiment ce que je veux faire. Et à lire vos commentaires au quotidien, je sais que vous en avez beaucoup à dire aussi. La tribune qu’offre NIGHTLIFE, celle que vous offrez à titre de lecteurs et de dialogueurs, est exceptionnelle.

Chaque vendredi donc, je vous proposerai un mot. Le mot qui, selon moi, résume bien la semaine. Le mot-clé qui aura résonné dans l’actualité ou qui la synthétisera. Vous pourrez me dire si ce mot est porteur de sens pour vous aussi. Ou non. Et si c’est le cas, vous m’expliquerez pourquoi je suis dans le champ!

Toute ma réflexion en ce début d’année a tourné autour de la prise de parole. Comment contribuer et participer à une société meilleure. Comment utiliser mon travail comme force d’action et d’échange encore plus puissante. Mais pour être honnête, à force de commander des articles et de les réviser, je me sentais rouillée et j’avais peur de prendre le stylo. À force de ne pas écrire, on perd la main et peut-être aussi son… assurance.

Et puis, il y a eu le mercredi 7 janvier 2015. Les attentats contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris, tuant 12 personnes, dont deux policiers, l'économiste Bernard Maris et les dessinateurs Cabu, Charb, Tignous et Wolinski.

Impossible de reculer. Impossible de ne plus parler.

En rentrant dans l’ascenseur au bureau, ce matin-là, toujours sonnée par ce qui venait de se produire, je me suis dit: «Imagine si ça arrivait ici?»Tu es en train de te servir ton café en discutant de tes prochains articles avec un collègue et sans crier gare, on te troue le corps. F-I-N-I. Ton histoire vient de se terminer. Qui a le droit de faucher la vie ainsi à 12 individus et au nom de quelle cause? Que l’on soit en accord ou non avec leur travail éditorial, leurs valeurs ou leur vision, rien ne justifie un tel carnage. Une telle barbarie, c’est contre évolutif.

La parole, donc. La prise de parole est un acte courageux. On se met à nu sur la scène publique et on essaie de participer au débat social en défendant des idées qui nous semblent valables et en marquant d’un trait noir ce qui nous dérange. Il y a les jours de gloire, quand on frappe dans le mille. Mais il n’y en a pas que des faciles. Parfois, on passe au «batte», on se fait critiquer. Lyncher. Mais le plus important, c’est de continuer. De participer. C’est en dialoguant, en conciliant, en échangeant avec nos confrères et consœurs que les choses peuvent évoluer. En comprenant l’autre, en s’y intéressant, en faisant tomber les barrières. En mettant un terme à la peur de la différence. Et c’est ce que les gens de Charlie Hebdo, morts aujourd’hui, faisaient de leur quotidien.

Il faut commenter. Dénoncer. Informer. Éduquer. Être solidaire. Il ne faut jamais cesser de parler, de véhiculer les idées, de transmettre, de partager le savoir, les points de vue, les informations. Illuminer l’esprit et l’éveiller.

J’ai envie de terminer sur cette citation du vibrant témoignage de Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, en réponse aux attentats de mercredi : «Il ne faut pas laisser le silence s’installer». 

Alors, parlons ensemble. Soyons moteurs de notre société. Verbomoteurs!
Qu'en dites-vous?