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Le Détesteur: tu peux cracher sur ma barbe, t’en porteras une en 2016

À quasi pareille date l'an dernier, je signais un texte sur le pourquoi il ne fallait pas attendre que Miley Cyrus s'affiche avec la coupe Win Butler pour finalement se décider à l'adopter à notre tour, en 2013, des lustres après que tous ceux qui la portaient se soient tapés les commentaires homophobes et l'étiquette hipster/Plateau qui venaient avec, pendant près d'une décennie. 

C'est un pattern bien connu: les plus conservateurs vont se moquer de ceux qui arborent tout ce qui ne cadre pas dans le modèle mâle-alpha hétéro qui vise à résister à tout changement jusqu'à ce qu'ils se réapproprient le style, 8 ans plus tard, une fois démocratisé et converti en accessoire de vrai de vrai mâle. 

Alors voilà, ma Win But, mon trench coat gris, mes lunettes rondes, mon foulard pis mes army boots m'ont valu, depuis 2009, l'intolérance des prévisibles ignorants qui allaient, inévitablement et tel que prévu, adopter le même look, quelques (voire, plusieurs) années après l'avoir autant freaking traîné dans la boue. 

J'ai opté pour la Win But en 2009 et déjà là, je connaissais un léger retard. Il a fallu que 5 autres années se succèdent pour que celui qui n'ose pas trop se mouiller, puisse ENFIN demander avec beaucoup d'enthousiasme à son barbier de lui patenter cette désuète haircut, sans crainte qu'on lui prête une orientation sexuelle qui n'est pas la sienne. C'est dire à quel point il avait accumulé du retard. 

Bref, tout ceci pour dire que cette année, j'ai cessé de raser mon visage. Je porte la barbe bien garnie. Et toi qui résides probablement à Montréal sais assurément qu'elle n'a rien de bien spécial, en 2014, ma barbe. Tout le monde ici entretient la sienne et on pouvait déjà l'observer dans les lancements Urbania back en 2010. 

I mean, 4 ans. Ça me semble un délai pas pire raisonnable pour te laisser le temps de saisir qu'il s'agit bien là d'une tendance et qu'elle est à seulement quelques mois d'apparaître dans toutes les sphères de ton quotidien et d'être arborée par les plus résistants. 

Mais hey, apparemment, nope, 4 années n'ont pas été suffisantes, à en juger les milliers (je n'exagère même pas) d'injures destinées à la mienne, au courant des 6 derniers mois.

RASE TOÉ, LE POUILLEUX! ON DIRAIT UN ITINÉRANT! ARK, T'ÉTAIS PLUS BEAU SANS. T'AS UNE COPINE TOÉ, AVEC TOUT LE POIL QUE T'AS DANS FACE??? À NOËL J'VAIS T'OFFRIR UN RASOIR! 

Et ce qu'il y a de fascinant avec ces gens, c'est qu'ils sont persuadés d'avoir le monopole du bon goût, comme si vraiment tout le monde était dégoûté par ça, une grosse barbe fournie. 

J'veux dire, évidemment que tu peux ne pas aimer la pilosité faciale, mais il y a un pattern qui se répète ici: t'es fort possiblement en train d'être prévisible, again. Tu passes à côté, comme d'hab, et t'es même pas sur le point de te douter que la barbe, elle est huppée, depuis un bon moment, et on le sait trop bien que d'ici 2016, tes joues en seront de fières propriétaires. 

On te connaît trop bien, brodog. Pour le moment, tu prends plaisir à cracher sur les barbus, et sans surprise, dans une année ou deux, t'auras crissé aux vidanges ton rasoir. Ça s'en vient là, tu vas pouvoir arriver en ville bientôt, le Journal Métro a même concocté un billet spécialement pour les retardataires comme toi, vendredi dernier.

Don't get me wrong, là. On peut très bien lever le nez sur les tendances, mais à mon pas très humble avis, c'est en prenant conscience de l'existence de ces dernières qu'on peut réellement se targuer d'être au-dessus de tout ça. Autrement, t'as pas vraiment de mérite si l'info ne s'est juste jamais rendue à toi: t'es seulement resté pogné sur tes vieux opus d'Avenged Sevenfold pis ta tuque-casquette DC Shoes. 

Je te déteste.