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Victime de la porn: les malaises post-relationnels

« HEY…! Content de te revoir… Presque. »

J’envie ces gens qui peuvent retomber sur leurs anciennes conquêtes sans que ce soit malaisant. Je ne sais pas si c’est une question d’être mature, extraverti ou juste inconscient.

Idéalement, on se ferait des high-fives et on se rappellerait de cette fameuse fois où on y était allé très fort sur le hood du char, mais peut-être aussi que ce serait plus simple si on ne se revoyait plus jamais.

Je ne sais pas d’où vient ce malaise. C’est de la honte? La personne te connaît pourtant dans ton intimité et à un certain moment, vous fittiez plutôt bien. Mais là, ça ne va plus. C’est différent. Une genre de pudeur décalée. C'est un peu comme un inconnu qui aurait eu accès à ton porn stash ou tout ce qu’il y a dans ta cache. Quelqu’un à qui t’a texté ton prépuce. Qui a vu ta cum face. Qui a recueilli tes confidences de lit. Ça amène une certaine vulnérabilité.

Et les souvenirs ne sont pas toujours si extra.
« Ah oui, la conquête avec qui j’étais poilu que le criss. »
« Ah oui, la fois où j’avais besoin de quelqu’un et qui restait juste toi. »

De toute façon, ce n’est plus comme avant. L’idiot beau est toujours aussi beau (et idiot), mais tu ne peux plus tâter ses abdos. La personne à qui t’as pathétiquement texté à 4h du mat’ a beau faire semblant de rien, tout demeure bien présent dans le non-dit et les rires jaunes.

Même en étant (relativement) un bon gars avec des trips (plutôt) conventionnels, je me pose plein de questions inutiles. Peut-être qu’elle m’a trouvé ordinaire, décevant. Peut-être que j’aurais pu faire mieux. Être un peu plus hot, plus cut, plus greyé. Peut-être que j’ai été trop mean ou pire, trop candide.

Je n’imagine pas les gens qui ont des fantasmes fuckés. 'Mettons que t’es le genre à triper qu’on te fasse caca sur l’estomac, comment tu fais pour gérer l’après-relation? Tu quittes le pays pour toujours? Tu te pars un nouveau compte Facebook? Tu vires mafieux avec un gun silencieux et un accent russe menaçant?

« Il en sait trop. » * tssouh tssouh*

J’envie quand même ces gens pour qui c’est zéro un big deal. Ils peuvent se recroiser sans problème avec un sourire franc. Comme des vrais adultes en mode « on s’appelle pas pis on déjeune chacun de notre bord. »

J'ai l'impression que les gens qui sont à l’aise pour les après sont les mêmes qui sont à l’aise pour la cruise du début. Voici un super graphique de ma théorie.


Si t’es le genre à être gêné au début, tu vas être gêné après. Si t’es du genre à être l’aise et d’avoir l’intimité facile (la ligne pointillée), ce ne sera jamais vraiment un problème.

Ces pas-gênés sont bénis des dieux, parce que t’as beau vivre dans une métropole 74 millions d’habitants, c’est certain que tu vas constamment retomber sur chaque personne que tu cherches à éviter. L’univers est fait comme ça. Une genre d’enculade de Murphy. (Pas lui, l’autre.)

Peut-être qu’idéalement, on oublierait toutes nos vieilles histoires. Peut-être pas TOUT oublier, mais au moins la face. Et son nom. On garderait seulement les souvenirs sans malaise. On éviterait les risques de rappel et on se dirait juste « Ah oui, cette machine orgasmique! » Et là, on aurait quelques images de cul qui rebondi et puis notre cerveau finirait par passer à autre chose.

Ça semble plus simple pour ces fuckers sur Tinder qui se sacrent complètement de ce qu’ils projettent. Le gars qui peut être gentleman une seconde et t’envoyer chier à la suivante.

Peut-être que c’est de savoir qu’on va finir par se revoir qui nous garde honnête. C’est ça qui fait qu’on se traite comme du monde. On ménage nos futurs malaises.

C’est chiant d’être une bonne personne.