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Le Détesteur: j’irai vomir dans ta section rose
Crédit: Émilie Deshaies

J'ai commencé, chillaxement, à lécher les vitrines de Noël. Principalement pour me donner une idée de c'qui pourrait plaire à ma nièce qui vient de célébrer son 4ème de naissance.

Je réside à Verdun, donc, pas anormal de me croiser @ Place Alexis-Nihon, c'est tout près. En métro, j'veux dire. Fak, j'y étais, le week-end dernier; j'devais passer chez Adonis, et en même temps, pourquoi pas en profiter pour fouiller les sections jouets des Winners et Target.

J'adore gâter cet adorable humain, anticiper ses réactions et les comparer avec celles que j'aurais eues, à son âge. Budget: limitless. Seule chose, j'ai fait promesse to myself que jamais je ne lui offrirais un freaking jouet rose, encore moins si on l'a stratégiquement inséré dans une section de la même couleur, au préalable.

La section rose
Je l'ai toujours détestée, cette section. Enfant, je les voulais peut-être ces Barbies, who knows?, qui m'apparaissaient seulement comme une version miniature de l'être-humain. 

Mais parce que l'emballage était rose, on me disait non. Pas mes parents, eux, ils étaient OK avec ça, mais les gens chez Zellers, ils voulaient pas, ceux qui s'occupaient du marketing non plus. Les parents de mes amis leur apprenaient à trouver ça bizarre, pis en même temps, ils voulaient pas que leurs enfants soient les bizarres, fak ils leur apprenaient aussi à se moquer des bizarres. 

Mais en tout cas, j'ai gardé ça pour moi, parce que cette section n'était pas la mienne pis les adultes savaient plus ce qu'il faisaient que moi. Pis un jour, un voisin se débarrassait des jouets de sa fille rendue trop vieille pour ça. Mon frère pis moi avons donc hérité de l'univers qui nous était jusqu'à ce jour interdit. Des jouets de fille? Pour la plupart des gens, oui. Mais pour nous, c'étaient des jouets, point, qui se mêlaient à nos figurines de lutte. 

Il ne s'est pourtant rien passé de grave. Notre imagination, en tag-team avec nos petites mains, donnait vie à ces personnages vêtus de rose. Et rien. La zone interdite aux garçons était, plus que jamais, dépourvue de sens à nos yeux. 

C'est à partir de là que ma haine pour la section rose s'est manifestée. J'avais compris qu'au fond, les adultes me voulaient du mal et encourageaient leurs enfants à me vouloir du mal à leurs tours. Mais ça, on ne s'en rend jamais bien compte quand on suit les codes tel que convenu. Pas de Barbie, pas de problèmes. Assez clair. Quand tout le monde respecte ça et ne laisse entrevoir aucune volonté à sortir de la boîte qu'on lui attribue, tout va bien, les méchants sont nos alliés. 

Un jour, j'ai réalisé que si on insiste tant pour que la Barbie ne soit pas destinée au garçon, c'est parce qu'on voit plus grand pour lui. On n'apprend jamais au garçon comment être un garçon, on lui apprend comment ne pas être une fille. Tandis que la fille, on lui dicte comment doit se comporter une fille, on lui montre à devenir ce qu'on appréhende le plus pour notre propre fils. 

C'est c'que symbolise la section rose; un restant de personnalité régurgité par les garçons. Et elle existe encore, en 2015.

Ma nièce, elle vaut plus que les adultes qui n'ont jamais eu raison.

Je te déteste.

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