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Victime de la porn: c’est comment tu te sens

Sur une échelle d’un à dix, à combien évaluerais-tu ta vie sexuelle?

Neuf? Quatre? T’as envie de te sacrer en bas de l’échelle?

Ça ne paraît peut-être pas, mais il m’arrive de remettre en doute mes grands principes. Comme cette semaine, je jonglais avec cette hypothèse qui démontre bien toute la précarité de ma santé mentale : peut-être que le sexe n’est pas SI important.

Ouais, je sais. Blasphème total.

En fait, je ne remets pas en doute l’importance du sexe en tant que tel, mais comment on évalue notre vie sexuelle. Trop souvent, on publie des sondages clichés avec la même question redondante : « combien de fois fourrez-vous par semaine? »

Et à partir de ces résultats un peu bidon, on déduit un paquet de trucs plus ou moins ridicules comme « Ouuuh, les Italiens sont des chauds lapins » ou « les couples semblent moins s’aimer après trois-quatre ans ».

S’ils ne baisent qu’une fois aux trois semaines, ça doit être bof. S’ils baisent tous les jours, leur couple doit rocker fort. Pourtant, je suis certain qu’il y a plein de gens qui ont plein de sexe plate. C’est un peu comme évaluer le bonheur d’un célibataire au nombre de fois qu’il se crosse.

Déjà, si on demandait « combien de baises satisfaisantes avez-vous dans une semaine? », ç’aurait plus d’allure. Qui n’a pas connu ce sentiment de vide après une baise? Ces moments où tu te demandes ce que tu fais là. (Et pourquoi t'as les sourcils pleins de sperme.)

La quantité, ça ne raconte pas toujours toute l’histoire.

Nonon, je n’ai pas été kidnappé par une sexologue de Salut, Bonjour! Je n’essaie pas de dénoncer la méchante course à la performance ou de rappeler que l’important, c’est de participer. Je suis encore le gars qui calcule le nombre de baises nécessaires et leur durée réglementaire pour devenir le meilleur baiseur ever. J’aurai toujours besoin de générer une grande quantité d’orgasmes virulents, bruyants et jambe-convulsionnants. VDLP FTW pis toute.

C’est juste qu’il n’y a pas que les stats.

Souvent, c’est un truc qui se passe ou ne se passe pas. Pendant le zignement, ou juste après. Un truc que tu ressens. Dans mon cas, c’est le moment juste après l’orgasme. Ce moment où le plaisir s’apaise et que t’obtiens un court instant de lucidité. À la dernière expiration de la petite mort.

J’ai développé une légère obsession sur ce feeling post-orgasme. C’est presque spirituel. Parfois, tu te sens trop bien. D’autres fois, t’es submergé par un condensé de « qu’est-ce je crisse là? » Ça te pop dans la tête. Comme une Magic 8-Ball que t’as brassé en fourrant et qui t’amène une réponse à la fin.

Il y a les feelings positifs où tu te sens désiré, performant, intéressé, serein. Bien. Il y a même parfois le mot en A. (Non, pas ANAL.) Et à l’autre opposé, il y a tous les feelings qui donnent le goût d’appeler un taxi. Les erreurs explicites. Les regrets instantanés. Les moments où même à deux, tu te sens tout seul.

Dans ces instants-là, les stats n’ont plus tellement d’importance. Ça revient juste à comment tu te sens. (Non, je ne parle pas de A2M.) Ça revient au feeling creux que tu ressens après ou pendant.
Les chiffres et les stats, c’est flashy. Ça impressionne les amis. Mais le but ultime, ce n’est pas de finir premier scoreur de la ligue, c’est de gagner La Coupe.

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