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Jeudi J’aime: rencontre inspirante avec Marie Darsigny, auteure montréalaise
Crédit: Émilie Deshaies

Marie Darsigny est une fille complexe, dans le meilleur et le plus spectaculaire des sens. Pas complexe dans le sens compliquée. Marie est une personne consistante. Il y a de la matière dans cette fille. Plusieurs galaxies, plusieurs univers qui se touchent et s'imbriquent à divers degrés. Elle est poète.

Comment décrirais-tu ton processus créatif ?
Agoniser en pensant à des souvenirs, relire des conversations Gmail Chat, écrire en association d'idées, réviser en buvant du thé.

 
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Je suis quelqu'un de super mélancolique, qui vit beaucoup dans ma tête. Je travaille donc beaucoup à partir de souvenirs ou de mini drames quotidiens. Disons que je suis familière avec les expressions: gratter le bobo, tourner le fer dans la plaie, se faire du mauvais sang. J'essaye de ne pas me convaincre que la seule possibilité pour créer, c'est d'adhérer au mythe de l'artiste torturé, sauf qu'en même temps, je pense qu'il faut aller au fond des choses. "Vider un sujet" avant de passer à autre chose. Si mon sujet de prédilection est la mélancolie, so beat it, je me donne le droit d'être emo. Je passerai à autre chose quand viendra le temps.

Sur une note plus légère, disons que je suis aussi inspirée par la culture pop en général. Malgré des années d'entrainement académique, mon cerveau semble faire plus de liens entre une citation de New Girl et une toune de Mitsou qu'entre un essai de Proust et une théorie de Foucault. Je suis ok avec ça.  

Quels artistes t’inspirent le plus ?
Je vais juste en name-dropper quelques uns, à la manière d'une section de profil MySpace: Miranda July, David Lynch, Kim Gordon, Kathleen Hannah, Courtney Love, Fiona Apple, Marina Abramovic, Pol Pelletier, Jean Leloup parce que je trippais dessus au secondaire, Angelina Jolie en 1999, Angelina Jolie tout le temps.

Quel livre?
En littérature, il y a deux genres que je préfère: poésie et non-fiction. Côté poésie, je vénère tout d'Eileen Myles et de Michelle Tea. J'aime la forme, l'urgence de l'abondance de mots, mais aussi les thèmes abordés: amitié ou amour, des classiques rendus originaux par l'expérience personnelle. Une autre oeuvre que j'admire est le recueil Coeur de Lion d'Ariana Reines, un twist contemporain sur la poésie épistolaire. Aussi, j'ai acheté un Bloody Caesar à Ariana Reines dans un bar une fois, je capotais, faut vraiment que je mentionne cette anecdote à chaque fois que je parle d'Ariana Reines. 
Côté non-fiction, je m'intéresse particulièrement aux mémoires ou aux auto-biographies. Au sens plus large, je m'intéresse aussi à tout ce qui est écrit à la première personne du singulier. Dans la création, je suis très «moi moi moi, je je je», par conséquent, ça m'intéresse de comprendre comment les auteurs utilisent l'expérience personnelle comme moteur de création. Des exemples: Joan Didion, Elizabeth Wurtel, ou encore Nelly Arcan. Je suis certaine que je vais aimer le roman de Lena Dunham même si je ne l'ai pas encore lu. Si jamais je la croise, je vais aussi lui payer un Bloody Caesar. 

Que fais-tu quand tu ne trouves pas l'inspiration?
Je passe de vidéos YouTube de poulets qui éternuent à vidéos YouTube d'Angelina Jolie acceptant des Oscars, pour me rendre compte deux heures plus tard que je n'ai toujours rien accompli de bon. Ou bien je me donne un exercice avec des contraintes très strictes. Par exemple: ré-écrire un poème de Dickinson avec les mêmes rimes, mais sur un sujet différent. Genre, ce que j'ai mangé au St-Hubert hier soir. Sans blague: c'est vrai que les barrières me poussent à créer.

Comment gères-tu la critique?
Je ne lis pas les commentaires sur mes articles en ligne. Ok, je les lis parfois. Disons qu'après la publication d'un texte, je ne suis pas collée à mon écran dans l'espoir de trouver des parcelles de sagesse dans la section des commentaires. Par contre, j'apprécie beaucoup avoir la critique de mes pairs: j'ai étudié dans un domaine où les cours-ateliers sont fréquents. Je pense qu'il faut prioriser la critique de gens qui ont une pratique ou une vision de l'art similaire à la nôtre… Le reste, c'est à prendre ou à laisser. Règle générale: essayer de ne pas capoter. 

Le projet de Marie
Je suis super énervée par l'arrivée de mon premier recueil de poésie en anglais, A Little Death Around The Heart, publié par Metatron, une petite maison d'édition montréalaise. Le lancement aura lieu le 21 novembre à la libraire Drawn & Quaterly. Le recueil sera aussi disponible à Expozine, les 15-16 novembre.

 

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