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Victime de la porn : comment survivre aux commentaires?
Crédit: Émilie Deshaies

Est-ce qu'il reste encore quelqu'un qui n'a toujours pas vu la vidéo de cette fille qui marche à New York en se faisant gosser par tous les ginos de trottoir de la ville?

Intense et malaisant.

On aurait dit une fille qui nageait dans une mer de commentaires YouTube. Une place où tout le monde se permet beaucoup trop ouvertement de s’exprimer. Tout le monde se vide. Personne ne prend la peine de se demander comment vivra la personne qui reçoit tout ça.

D’ailleurs, donner de l’attention aux commentaires sur le web, c’est une excellente façon de se plonger en dépression. C’est l’humain à son plus laid. Avec la vidéo de la marcheuse, on ne comptait plus le nombre de freaks. Les grandes catégories :

1. Les machistes
Les gens qui voient les filles comme des putes bénévoles qui ne cherchent qu’à leur plaire. Dans leur tête, la fille est là pour se faire aborder. Si elle est belle, elle l’a cherché. Si elle est bien habillée, elle l’a cherché. Si elle est habillée sexy, elle l’a cherché. En fait, peu importe le contexte, ces gars-là sont capables de se convaincre que n’importe quelle fille s’est levée ce matin dans l’unique but d’aller manger leur pénis.

(Et évidemment, si la fille n’est pas willing pour le plan pénis : c’est une salope.)

Ces gars-là sont juste dangereux.

2. Les candides
Les gars dont la seule chose qu’ils ont retenue de la vidéo, c’est combien les filles sont chanceuses. Ils s'imaginent un monde où ils peuvent quitter leur day-job et aller fourrer toute la journée un paquet de ginettes aux pick-up lines douteuses.

Ces gars-là ne sont pas méchants (et même plutôt marrants) du moment qu'ils possèdent assez d'empathie pour passer à l’étape suivante : ce n’est pas parce que toi t’aimerais ça que tout le monde aimerait ça.

3. Les crinqués
Les gens qui pensent que du gars qui dit « wassup » au gars qui a une pensée cochonne en croisant une fille sur la rue sont tous des violeurs sales qu’on devrait faire enfermer. En fait, dans un monde idéal, tous les piétons marcheraient en fixant le trottoir.

Ces gens-là sont souvent en réaction aux épais de la première catégorie et sont rendus à croire qu’à peu près tous les gars sont comme ça. (Et ça vient souvent en combo avec un autre préjugé : les filles qui apprécient de se faire complimenter sur la rue sont forcément des connes désespérées.)

4. Les gens qui donnent de l'espoir
Par chance, en marge de tout ça et en bien trop petite quantité, il y a encore des gens avec un peu de tête, d’empathie et de bonne foi. Le monde qui s’est dit :

« Oh shit, c’est intense… Pis les gars qui la suivent, c’est vraiment creepy! »

Le gars qui n’avait jamais réalisé qu’il était peut-être le 224e de l’après-midi à s’essayer avec sa ligne cheesy. Le gars qui ne pensait pas que la fréquence était si pire. La fille qui se demande si c’est parce qu’elle est moche que personne ne lui parle jamais. Et sûrement qu’on était plusieurs à se dire : « Ça doit être différent ici. »

Moi, comme gars qui vient d’Amos en Abitibi qui n’a jamais fait ça de sa vie, je me dis qu’une vidéo tournée là-bas serait sûrement tranquille. Peut-être quelques gars qui se retournent. Un vieux monsieur dont le cœur arrête. Fin.

Et depuis que je suis à Montréal, mes amies ne m’ont jamais raconté que leur quotidien ressemblait à ça. Bien sûr, il y a quelques anecdotes, mais aussi intense que ça? Jamais.

Mais bon, se réconforter en se disant que les épais vivent ailleurs, c'est plus facile quand t'as pas internet. Récemment, sur un site de porn/streaming, je suis tombé sur la vidéo d’un stalker qui a filmé la craque de boules d’une fille dans le métro. Je ne comprends pas trop le trip de ce type de vidéo et je ne les remarque plus vraiment, mais cette fois-là, c’était clairement dans le métro de Montréal. (Tough de me convaincre que c'est un touriste.)

Le gars lui a filmé le rack pendant genre 40 secondes! Il ne réalise pas que c’est creepy? Ou bien il s’en torche? Je ne sais pas si je veux le savoir.

C'est comme ces histoires qui sortent depuis l’été de ces sportifs qui crissent des volées à leur blonde. Au début, j’arrivais à me convaincre que les commentaires stupides et machistes venaient d’autres pays. Jusqu’à ce que je lise les commentaires sur RDS et TVA Sports…

  • « C’est toutes des folles! »
  • ​« Elle fait ça juste pour l’argent! »
  • « Pourquoi elle serait restée avec le gars s’il la bat depuis 10 ans, hein? »

Un concentré d'ignorance, mais ce sont des commentaires avec plein de likes. Il y a même des filles dans le lot. Et même quand on finit par publier la vidéo de l’athlète en train de tabasser la fille, plusieurs ont le réflexe de planter la fille. C’est elle la folle qui a couru après ou la bitch à l’argent qui a tout manigancé. Sans compter le tata qui chiale qu’on ne devrait pas jaser de tout ça sur un site de sport.

« Allez saigner ailleurs, je veux checker mon football! »

Et le pire, c’est que tout ça se dit sur Facebook où les gens ont leur vrai nom, leur vraie face et souvent le reste de leur famille dans leur photo de profil. Zéro honte. Et c'est impressionnant de voir le nombre de parents là-dedans. Est-ce qu’on peut arrêter de se reproduire avec les épais, svp? (Rappelons-le : fourrer, c’est voter.)

Bon, je sais que je suis un peu lourd qu'à l'habitude cette semaine, mais je vous laisse avec ces deux initiatives beaucoup plus ludiques :

  1. Ce compte Twitter qui fait des montages hilarants de commentaires retrouvés sous les vidéos de porn. (Le choix des photos est parfait!)
  2. Cette hilarante vidéo avec l’adorable Sasha Grey où l’on met en scène des discussions Tinder avec tout le bon goût que ça implique. (J’ai vraiment ri fort.)

Ce sont des approches plus subtiles et légères, mais peut-être que ça aidera tout le monde à avoir un peu plus de cœur.

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