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L’artiste montréalais Sébastian Maltais marie ses deux passions: le hockey et la peinture
Crédit: Sébastian Maltais, "La série du siècle" (2012, Encaustique sur bois)

C’est à la galerie Dominique Bouffard, où se tient l’exposition Jouer la game, que je me suis entretenu avec l’artiste montréalais Sébastian Maltais. Au menu? Peinture et hockey, les deux grandes passions du peintre. 
 
Je ne peux m’empêcher de débuter en interrogeant Maltais sur sa relation envers notre sport national, que dis-je, notre véritable religion: «Avec ce projet, j’ai un peu marié mes deux passions: le hockey et la peinture. J’ai longtemps joué au hockey, plus jeune, jusqu’à 17-18 ans. Je suis fan du Canadien, mais aussi fan du hockey en général.»
 
Historien de formation, Maltais aborde son sujet à travers le prisme de la question identitaire québécoise et de l’imagerie sur laquelle elle repose: «J’ai essayé de cibler progressivement les images qui seraient, en tant que code identitaire, typiquement québécoises. Je pense que les gens, en général, qu’ils aiment ou n’aiment pas le hockey, ont une opinion sur le sujet. Cela fait donc partie de notre culture, profondément.» Les œuvres de l’artiste interpellent la fibre primaire de l’inconscient collectif québécois; il suffit de quelques années au Québec pour être familier avec les scènes illustrées, et ce, de la manière la plus intime qui soit. 
Sébastian Maltais, "Le Rocket" (2013, encaustique sur bois)
Le peintre tisse un lien entre son travail et les toiles célèbres qui dépeignent les images célèbres de la mythologie antique: «L’idée, c’est de prendre une petite vignette, une photo dans un journal, et de lui donner une dimension héroïque, mythologique, de l’amener dans le côté physique de la vie. Ça rappelle, à moindre échelle, les batailles de la Grèce antique et c’est un peu aussi une métaphore de la guerre. À l’époque, c’était les gladiateurs et maintenant ce sont les joueurs de hockey… c’est juste un peu moins sanglant.»
 
Il y a une forme d’analyse, de remise en contexte historique, qui émerge de l’ensemble. Cette démarche que l’on pourrait presque qualifier de pédagogique était chère au cœur de Maltais. «Il y a un côté iconique très fort qui fait partie de ce que l’on est aujourd’hui. Au départ, c’était de bons joueurs de hockey, mais avec le temps et le contexte social, tout s’est mélangé et a fini par créer des personnages hors normes. J’ai donc voulu exprimer cela avec la dimension et la lourdeur du média, qui apporte un côté très ancré dans le physique.”
 
Afin de réaliser ses œuvres, Maltais utilise une technique qui n’est plus très en vogue à notre époque: l’encaustique. Je lui ai donc demandé d’éclairer ma lanterne au sujet d’un procédé avec lequel je n’étais pas accoutumé. «L’encaustique est une des plus vieilles formes de peinture. Elle remonte à l’Antiquité. C’est une technique que j’ai découverte un peu par hasard, il y a environ 15 ans. C’est un procédé difficile parce que c’est de la cire que je me procure en bloc, que je fais fondre, et à laquelle j’ajoute des pigments. Ça devient un peu comme de l’eau et il faut l’appliquer très rapidement. L’avantage de la cire, c’est que tu peux avoir la matière, tu peux avoir l’accumulation, et en jouant avec la densité des pigments, tu peux créer des effets de transparences. C’est donc une succession de couches de cire fondues avec un fer à repasser. Lorsque le tableau commence, c’est très abstrait: un mélange de masses sombres et de masses claires qui, tranquillement, se précisent.»
Sébastian Maltais, "Cerbère II" (2013, encaustique sur bois)
Si l’auteur de l’exposition est fascinant, ses œuvres le sont tout autant. Ayant eu la chance d’être seul dans la galerie, lors de ma visite, je dois avouer que j’ai été immédiatement happé par la virulence des toiles exposées. Bien que familier avec la majorité des images présentes, la technique et la dimension des tableaux dégagent une étrangeté déconcertante. Vous me passerez l’horrible cliché, mais le flou des visages (caractéristique de l’encaustique) donne l’impression d’être face à des figures à la fois légendaires et fantomatiques, surgies tout droit de notre passé collectif. Un pèlerinage obligé pour qui veut honorer les héros mythiques du panthéon québécois.
 
Jouer la game
Galerie Dominique Bouffard
Du 4 octobre au 1er novembre | galeriedominiquebouffard.com

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